C'est notre histoire



Gustave Flaubert et l'Aube


Flaubert s’orthographiait primitivement Frobert, dérivant de Frobert, ce saint né à Troyes, et qui y possède sa rue (voir ce chapitre).

 

Qui n’a pas lu du Gustave Flaubert, l’un des écrivains français les plus importants du XIX° siècle ? L'auteur de Madame Bovary, Salammbô, L’Éducation sentimentale

 

Mais savez-vous que nous devons placer le père du roman moderne dans un cadre qui nous est familier : l’Aube, le Nogentais… ?

 

Le 15 novembre 1784, c’est le baptême à Maizières-la-Grande-Paroisse d’Achille-Cléophas Flaubert, né le jour précédent, de Nicolas Flaubert « artiste vétérinaire ». Ce Nicolas est vétérinaire, comme tous ses ascendants depuis le XVII° siècle, et le grand-père de Gustave.

 

Achille-Cléophas avait pour sœur une fillette de 20 mois, Edmée Filalie Flaubert, qui, en 1810, épousera l’orfèvre François Parain de Nogent-sur-Seine. C’est dans cette ville que Nicolas se fixe, en pleine fermentation révolutionnaire. Farouche royaliste, il échappe par miracle à la guillotine.

 

Le jeune Achille, fils de Nicolas, futur chirurgien à l’Hôtel-Dieu de Rouen, futur père de Gustave Flaubert, grandit près de l’église Saint-Laurent.

 

Plus tard, Nogent marquera Gustave, et celui-ci portera  son nom à travers le monde. La place d’Armes, les rives de la Seine, sont devenues familières aux lecteurs de Londres, de Rome ou de New-York.

 

Achille-Cléophas est à Paris, où il étudie la médecine. Il y brille, il s’y couvre de gloire, de diplômes. Le premier Consul ordonne que l’on rembourse au père, Nicolas, les sommes qu’il a, en se privant beaucoup, engagées pour financer ces études.

 

Bientôt Achille travaille sous la haute autorité du célèbre Guillaume Dupuytren, premier chirurgien du roi, sous Charles X et Louis-Philippe.

 

Il est nommé « prévôt d’anatomie » à l’Hôtel-Dieu de Rouen, dont Jean-Baptiste Laumonier était alors chirurgien en chef. Ce dernier le prend vite en estime.

 

Achille épouse en 1812, Mlle Fleuriot d’Argentan.

 

Laumonier meurt, et Achille, à 43 ans, se voit confier la direction de l’Hôtel Dieu. Trois ans plus tard, après la venue d’un premier garçon, prénommé également Achille, nait, le 12 décembre 1821, Gustave Flaubert, puis en 1824, ce sera Caroline.

 

Le 1er octobre 1856, « Madame Bovary » paraît dans la « Revue de Paris ». Le 31 janvier 1857, Flaubert est traîné en correctionnelle, sous l’inculpation (qui nous semble aujourd’hui ahurissante), d’avoir fait une œuvre immorale.

 

Le 17 novembre 1869, « L’éducation sentimentale » sort des presses de l’imprimeur.

 

Environ tous les 2 ans, la famille Flaubert se rend à Nogent-sur-Seine. Caroline Commanville, nièce de Gustave, notera dans ses « Souvenirs intimes » : « C’était un vrai voyage qu’on faisait en chaise de postes à petites journées, comme au bon vieux temps. Cela avait laissé d’amusants souvenirs à mon oncle Gustave… ».

 

Gustave était très attaché à son oncle François Parain, chez qui il passait la plus grande partie de ses vacances nogentaises. Lorsque ce dernier décède en septembre 1853, un peu de Gustave meurt avec lui. Entre 2 chapitres  de « Madame Bovary », il pleure ainsi son cher compagnon :    « Nous avons dit adieu au Père Parain, son gendre est venu le chercher…Il m’aimait d’une façon canine et exclusive. Si jamais j’ai quelque succès, je le regretterai bien. Un article de journal l’aurait suffoqué ».

 

On retrouve dans l’« Education sentimentale », tous les liens qui existèrent entre Flaubert et l’Aube. Cela lui coûta plusieurs années d’un travail incessant. Si bien que la meilleure vérité historique sur la révolution de 1848, c’est dans ce roman qu’on la rencontre, de même que la meilleure description de Nogent-sur-Seine, de son charme, de ses mœurs, cela se glissant entre deux aventures parisiennes du jeune Frédéric Moreau : la route de Villenauxe à pied, la promenade d’un bout à l’autre des ponts qui s’appuient sur l’île étroite formée par le canal et la rivière

 

Nombreuses fois Frédéric retournera passer quelques semaines à Nogent-sur-Seine. Il sera même fiancé à une jeune fille du pays, Louise Roque, qui le trahira pour épouser son meilleur ami. Enfin, le livre se termine sur une ultime évocation de la Seine, des remparts, des ruelles de la petite ville…

 

Au cours de son voyage en Orient, Gustave peint. Pour ce vieil amoureux du passé, les paysages bibliques se succèdent comme autant de merveilles. Ainsi vont naître ces phrases, admirablement cadencées, les plus ignorées sans doute, mais aussi les plus surprenantes que Flaubert ait écrites. Il est vrai que Parain a droit à la reconnaissance de Gustave : « J’ai une grande nouvelle à vous annoncer, mon cher oncle. Je pars au mois d’octobre prochain, avec Ducamp, pour l’Egypte, la Syrie, la Perse. C’est à vous autres que je recommande ma pauvre mère pendant mon absence qui durera  de 15 à 18 mois. Ma mère a l’intention de passer une bonne partie de son temps à Nogent… Il nous faut un gars solide, au moral comme au physique, habitué à la fatigue, sachant manier un fusil, intelligent et vif. J’ai songé au jeune Leclerc… Croyez-vous que le choix soit bon ?  Occupez-vous de cela, je vous en prie… ». Ce jeune Leclerc est originaire de « Courtavant », sur la route de Villenauxe à Pont-sur-Seine. En effet, le père de Gustave, qui était né dans l'Aube, avait fait l'acquisition d'un domaine de sept hectares : « La Courmaraille », situé à Courtavant. Il avait par ailleurs, des terres un peu partout autour de ce village, « La Ferme de l'Ile », et près du « Pont de la Vente ».

 

Flaubert a connu une foule souvent d'étranges personnages des cercles artistiques de cette époque. Dès 1582, Gustave inaugure la camaraderie sincère, sans éclipses, qu’il vouera jusqu’à sa mort, à Mme Roger des Genettes. Elle a décrit elle-même, à plusieurs reprises, ces réunions littéraires auxquelles elle participa.

 

La dernière correspondance de Flaubert, le dernier message qui précéda sa mort, le 18 avril 1880 fut en effet pour Mme Roger des Genettes : « Je me hâte, je me bouscule pour ne pas perdre une minute, et je me sens las jusqu’aux moelles ». Ces lignes émouvantes arrivèrent  quelques jours après à Villenauxe-la-Grande, en cette demeure bourgeoise qui est devenue le presbytère de la commune.

 

Mme Roger survécut 11 ans à Flaubert, et mourut à Villenauxe le 12 janvier 1891. Elle s’entoura des souvenirs de Flaubert : « Dans cette intimité de 16 ans, je n’ai pas entendu une parole discordante, ses violences étaient superbes, mais son cœur n’a jamais détoné... C’était une tendresse noble et libre où l’on se dit tout comme entre honnêtes gens, et où l’on écoute le cœur chanter de délicieuse musique. Avec son air de gendarme, il avait des délicatesses très féminines, et je l’ai vu se pencher à la fenêtre de ma chambre, à Villenauxe, pour caresser une fleur qu’il ne voulait pas cueillir… ». Flaubert rendait très souvent visite à Mme des Genettes.

 

Le pavillon où logeait Jean-Baptiste Laumonier à Rouen, à partir de 1784 est l'actuel Musée Flaubert et d'histoire de la médecine.

 

Je pense qu’à Bagneux, à Nogent, à Maizières-la-Grande-Paroisse, à Villenauxe… personne n’oubliera l’impérissable « Bovary », ni les « Trois Contes », ni « L’Education sentimentale », du Nogentais Frédéric Moreau.

 


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