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Docteur Auguste Guichard


" … Comment ? Le docteur Guichard est mort ??? Nous ne pouvons y croire, lui qui était la bonté, le dévouement, la charité personnifiée !!!… ".

         Il est mort lâchement, assassiné, en plein midi, au milieu des siens, par un misérable qui a voulu se venger. " Se venger ! Et de quoi grand Dieu ! D’un témoignage apporté à la justice, qui demandait dans une affaire délicate, à connaître toute la vérité. Mourir de l’accomplissement d’un devoir, n’est-ce pas mourir au champ d’honneur ?…". Ainsi s’exprime le Président de la Société Académique d’Agriculture, des Sciences, Arts et Belles-Lettres de l’Aube le 20 novembre 1874.

Marie-Xavier-Auguste Guichard naît en 1823. Après avoir terminé ses études médicales à la Faculté de Médecine de Paris en 1847, il se rend à Troyes, à l’appel d’un cousin, receveur de finances, " qui veut lui confier le bonheur de sa fille ". " Il lui prodigue tous les trésors de son cœur et de sa belle et riche nature, jusqu’à cette heure déchirante où l’épouse est enlevée au mari, la fille au père ".

 Guichard se consacre alors " avec une sorte de fièvre aux devoirs de sa profession ". Il fait des travaux remarquables : " Notes statistiques sur le mouvement de la population dans la ville de Troyes ", par lesquelles il établit la proportion des décès qui frappent l’enfance jusqu’à 2 ans. En 1867, il écrit " Notes statistiques sur la mortalité des nourrissons nés à Troyes ".

Pour lui, la question de la mortalité des enfants est non seulement une question d’humanité, elle est encore une véritable question d’état. Son travail, utilisé par l’Académie de médecine contient la comparaison de la mortalité infantile des premières époques de la vie, puis la mortalité suivant les sexes, et la mortalité comparée des enfants légitimes et des enfants naturels, et ce qu’il conviendrait de faire pour arrêter la mortalité des enfants qui s’ajoute à la stérilité des mariages, frappe de décroissance la population française.

 Il fait une enquête sérieuse et complète sur la mortalité des nouveaux-nés, il organise une surveillance efficace dans tous les départements, il demande de secourir les mères nécessiteuses, de donner des instructions hygiéniques et de ramener " à des allures honnêtes l’industrie nourricière ". " Perdre le tiers des enfants s’écriait-il avec douleur, avant qu’ils aient dépassé leur première année, c’est une proportion exorbitante et impossible à tolérer dans un siècle qui veut le progrès.

 Il faut réduire ce chiffre, c’est une question d’humanité et de patriotisme… il faut un changement radical dans les idées et les sentiments, il est indispensable de faire comprendre aux masses, que le respect de la vie humaine, quelque chétive qu’elle soit, est une question de conscience. Le sentiment religieux seul peut faire accepter comme un devoir l’obligation de conserver un enfant qui n’est pas désiré et qui est une charge ".

Guichard ne cesse d’élever la voix et de dénoncer ces faits à l’opinion publique et au Gouvernement.

En 1869, il fait paraître " l’Etiologie du goitre et du crétinisme ". Il accomplit un très intéressant travail : "  Un Collège de médecins sous l’ancien régime ". La Compagnie des médecins de la ville de Troyes et du département de l’Aube, dit que le docteur Guichard est un des plus distingués de la corporation, par sa science, par son amour du travail, par l’aménité de son caractère, par son honorabilité dans l’exercice de sa profession, par son dévouement absolu à ses malades pauvres ou riches, à la campagne ou à la ville… ". C’est un bel éloge.

 En 1870, il entreprend à la Société industrielle et commerciale de Troyes, des conférences sur l’hygiène personnelle de l’individu et l’hygiène des agglomérations d’hommes dans les villes, les lieux publics, les camps, les écoles, les hôpitaux, les casernes… Il commence ses conférences par l ‘étude de l’homme, non pas seulement de « cet animal mammifère de l’ordre des primates, caractérisé par une peau à duvet ou à poils rares ", mais de l’homme composé d’un esprit et d’un corps…

 L’animal a des instincts et une certaine intelligence, mais ce qui distingue l’homme, qui a aussi des instincts, c’est surtout l’intelligence ". Il défend l’homme contre la folle théorie d’être un singe perfectionné. De nos jours, comme du temps d’Aristote, il y a plus de 2.000 ans, le singe est une bête et l’homme est un homme.

Après avoir parlé de l'homme, le docteur Guichard fait une esquisse anatomique et physiologique du corps de l’homme, en étudiant successivement sa charpente osseuse et les agents musculaires qui font mouvoir les leviers osseux.

 Il analyse l’appareil de la sanguinification et les sources, où le sang puise les éléments nécessaires à sa reconstitution. Il examine le suprême régulateur de la machine humaine, le système nerveux, les organes des sens, l’œil, l’oreille, la peau, le nez, la langue et, il indique l’hygiène de leurs fonctions précises. Il étudie les âges ou périodes de la vie, l’hérédité en ce que le père et la mère lèguent à leurs enfants des caractères individuels bien positifs et il termine l’esquisse physiologique du corps de l’homme par l’habitude dans l’état de santé et l’habitude dans l’état de maladie. Il s’occupe de tout ce qui peut consoler, protéger, soutenir ceux qui croient qu’on les délaisse…

 Il parcourt sans cesse leurs habitations, il leur prodigue ses soins, il leur apporte ses conseils et des secours. Ce nouveau Vincent de Paul frappe aux portes des riches demeures, afin de trouver les moyens de continuer ses bonnes oeuvres.

 Le jour du crime, il venait d’obtenir le concours d’un grand artiste pour une loterie en faveur des pauvres, qu’il voulait organiser au printemps.

Lors de l’oraison funèbre, la Société Académique dit la stupeur, le deuil de toute la cité, les regrets universels et jusqu’à la colère vengeresse du peuple contre le coupable… " nous ne l’oublierons pas ".

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