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Victor Lesaché


Victor Lesaché, né à Abbeville le 18 décembre 1860 et décédé à Troyes le 27 mai 1938, est une grande figure auboise.

 

         Il fait des études de droit à Paris, et se dirige vers une carrière juridique. C’est le rachat d’une étude d’avoué à Troyes qui l’amène à s’y installer.

 

De 1912 à 1919 il est adjoint au maire de Troyes, de 1922 à 1938 conseiller général de Soulaines, de 1919 à 1924 il est député de l’Aube, de 1924 à 1928 député des Deux Bar, de 1929 à 1938 sénateur de l’Aube.

 

En 1901, il contribue à la création de « La Tribune de l’Aube et de la Haute-Marne », ancêtre de « L’Est-Eclair » (voir le chapitre « Presse »).

 

Il est membre résident de la Société Académique de l’Aube de 1923 à 1938.

 

De 1928 à 1938, il est Président du Conseil d’Administration des établissements « Les Economiques Troyens ».

 

On le trouve également comme administrateur de la « Tuilerie » de Saint-Parres-les-Vaudes…

 

Il était propriétaire de vignobles aux Riceys, ayant reçu une médaille d’or au Concours Général Agricole, pour son rosé et à Montgueux.

 

Ces deux villages ont d’ailleurs donné son nom à une rue.                                                                                                                                      

 

          Victor Lesaché a passé sa carrière, à défendre notre département.

 

         Je pense que le plus simple pour moi est tout d’abord de vous laisser lire le texte de Henry Babeau, Président de la Société Académique de l’Aube, lors de la séance du 17 juin 1938, à l’occasion de son décès :

 

« Lorsque le 18 décembre 1923, Victor Lesaché avait été élu membre résidant dans la section des Lettres, ce n’était pas à l’homme politique que la Société Académique accordait ses suffrages. Quels que soient la notoriété, les fonctions, le prestige de l’élu du peuple, ces titres n’ont jamais suffi à ouvrir les portes de notre compagnie : la politique, conformément à nos statuts, ne pénètre pas dans cette enceinte. C’était le juriste, le publiciste à la plume alerte, au style élégant, qui avait exposé tant d’idées dans la presse locale, que nous étions heureux d’accueillir.

 

Victor Lesaché était né à Abbeville, mais fixé à Troyes depuis plus d’un demi-siècle, il avait rapidement acquis droit de cité dans notre ville.

 

Titulaire d’une des plus importantes études d’avoué, il avait conquis au Palais une place éminente, par sa vaste culture juridique, son sens des affaires, sa droiture et sa conscience professionnelle. Il étudiait ses dossiers à fond, pesait les arguments pour et contre, puis, ayant réfléchi, prenait sa décision. Sa facilité de rédaction étonnait : dans les affaires les plus complexes, sa plume courait sur le papier. La lucidité de la pensée se retrouvait dans la précision de l’expression. Il écrivait presque sans rature, d’un style clair, incisif, sans vains ornements, il allait droit au but : convaincre.

 

On retrouvait ses qualités d’écrivain dans les si nombreux articles qu’il fit paraître dans la presse locale. Il a abordé les sujets les plus variés : questions économiques et financières, agricoles ou industrielles, grands problèmes de politique intérieure ou étrangère. Adversaire loyal et convaincu, il combattait les idées, il ne s’abaissait jamais aux personnalités blessantes : la forme était toujours digne de la pensée.

 

Il était admirablement préparé à son rôle de législateur. Il ne m’appartient pas de retracer ici sa vie politique. Il me sera cependant permis de dire que dans toutes les assemblées où la confiance de ses concitoyens l’a envoyé siéger, Conseil municipal, Conseil général, Chambre des Députés et Sénat, il s’est toujours imposé par sa force de travail, la puissance de son intelligence, l’autorité que sa formation juridique, sa dialectique serrée et la direction d’une grande firme commerciale donnaient à son argumentation.

 

Il est cependant, dans son action parlementaire, une partie de son œuvre, que notre Société a le droit de retenir : la part prépondérante que Lesaché a prise pour faire disparaître l’exclusion, au mépris de toute vérité historique et économique, de nos vins de la Champagne délimitée. Ceux qui, au service de puissantes influences, avaient fait refuser aux vins de l’Aube le droit à l’appellation Champagne et avaient ensuite arbitrairement inventé une Champagne de deuxième zone, avaient trop facilement oublié et on l’oublie encore trop souvent, même dans l’Aube, que Troyes était la capitale du Comté de Champagne et que les 2 Bars faisaient partie de ce Comté, et ensuite de la province de Champagne, 3 siècles avant que l’évêché de Reims ne lui fut rattaché.

 

Par sa ténacité, par son habileté de juriste, Lesaché a plus que tout autre contribué à la disparition de cette injustice. Il a été l’instigateur de la loi du 6 mai 1919 qui a accordé le droit à l’appellation, à l’origine géographique du produit, ou à des usages locaux et constants. Dès lors, la vérité historique et économique pouvait triompher : nos vins avaient droit à l’appellation Champagne, par droit de naissance d’abord et aussi par droit de conquête, car, depuis des années, ils étaient régulièrement achetés par des maisons de Champagne d’Epernay ou de Reims, pour être mélangés aux vins de la Marne.

 

Lesaché avait étudié la question viticole. Homme d’action, il passait de la théorie à la pratique ! Le juriste, le publiciste, le parlementaire allait, pour se délasser, exploiter ses vignes. A Montgueux comme aux Riceys, il était devenu propriétaire de vignobles. Il en dirigeait et surveillait lui-même la culture, soucieux d’en améliorer sans cesse le rendement et la qualité. Ainsi donc, il avait pris de plus en plus racine dans notre sol champenois.

 

Lui-même avait demandé à y reposer pour toujours, dans le calme cimetière de ce charmant bourg des Riceys où il passait tous ses étés.

 

 Le 1er janvier 1934, notre collègue écrivait dans ses dernières volontés : « Je tiens à ce qu’aucun discours ne soit prononcé à mes obsèques. L’affection des miens et la sympathie muette des personnes amies est la seule récompense que je désire, si j’ai fait quelque bien ici-bas ».

 

Son vœu a été respecté, mais il ne pouvait être interdit à votre président, à l’ami qui pendant 30 ans a si souvent collaboré avec lui au Palais, dans cette salle où il aimait à prendre place, lorsque ses absorbantes occupations le lui permettaient, d’adresser à sa mémoire, à Madame Lesaché et à ses enfants, l’expression émue de nos regrets attristés.

 

A ses obsèques, quelque chose de plus grand, de plus impressionnant que toutes les paroles, a consacré ses vertus : le cortège innombrable de ses amis, confondus avec ses adversaires, tous unis dans les mêmes sentiments d’estime, de regrets ou de reconnaissance pour l’homme éminent, pour l’infatigable travailleur, pour le bon français qui, loyal et désintéressé, avait toujours voulu mettre au dessus de tout, les intérêts de la Patrie ».

 

Personnellement, je vais ajouter à l’hommage du Président Henry Babeau, une des interventions de Victor Lesaché, très importante, celle de l’affaire Stavisky, qui[] est une crise politico-économique française survenue en janvier 1934, succédant au décès dans des circonstances mystérieuses de l'escroc Alexandre Stavisky, dit « le beau Sacha ». Ce scandale symbolisa la crise d'un régime instable soupçonné de corruption et contribua à la chute du deuxième gouvernement Camille Chautemps et au déclenchement des émeutes antiparlementaires du 6 février 1934.

 

Dès le 20 février 1934, notre Sénateur de l’Aube, Victor Lesaché, intervenait à la Tribune du Sénat pour la réforme nécessaire de la loi du 24 juillet 1867, et il est ainsi le promoteur d’une loi extrêmement importante, qui a sauvé des millions de particuliers. Voici quelques passages de son discours : « J’aborde une question de la plus haute importance, qui est même devenue, par suite de scandales récents, d’une brûlante actualité : l’examen et le vote des mesures à prendre pour protéger les épargnants qui placent leurs  capitaux dans les sociétés par actions… L’épargne est souvent dépouillée par la faute d’administrateurs téméraires et coupables, auxquels les lacunes de la loi de 1867 assurent, contre toute justice, une impunité absolue, grâce à des combinaisons que, dans l’état actuel de la législation, la jurisprudence de la cour de cassation a déclarées licites… Depuis 50 ans, on s’occupe de la question, mais on n’a pas abordé l’aspect économique du problème… ».  

 

Cette loi est aussi le premier texte légal sur les coopératives ouvrières qui s’étaient mises en place depuis une trentaine d’années.

 

Il est très important de se souvenir, et j’insiste une fois de plus, pour que les Aubois n’oublient pas que Victor Lesaché fut l’un des animateurs des manifestations de 1911, qui, au prix de maintes années de combat parlementaire, ont obtenu en 1919 la réintégration de l’Aube dans la Champagne viticole, c’est à dire l’appellation Champagne pour les vins du département.

 

Il fut aussi un grand défenseur du monde rural : création de la notion de « calamités agricoles », de l’électrification rurale, adoption de la motion sur la protection de l’épargne, loi sur les Sociétés anonymes, auteur d’un projet de loi protégeant le droit de réponse dans la Presse 

 

Le 28 janvier 1961, je vote avec le Conseil Municipal de Troyes, une motion qui attribue le nom de Victor Lesaché à une rue de Troyes.

 

Victor Lesaché était le grand-père de mon ami François Le Saché, qui fut en 1985 à L’Est-Eclair et Libération Champagne, prenant la gérance en 1991 lors du départ à la retraite d’André Bruley, puis Président de 1997 à fin 2015, suite à la reprise du Groupe Hersant. Il fut également Directeur Général de Canal 32, ayant aidé en 2011 à la reprise de la société par le rédacteur en chef, aujourd’hui président. Il est toujours Président du Conseil de surveillance.

 

L'actrice Bernadette Le Saché est également la petite fille de Victor.

 


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