La vie à Troyes



Anciennes maisons de Troyes


Comment étaient les maisons du moyen-âge à Troyes ?

         Lorsqu’elle sont en bois, elles présentent un aspect irrégulier.

Tout y fait saillie.  Au rez-de-chaussée,  les escaliers envahissent la rue, de grosses bornes s’adossent aux soubassements, les trappes de caves s’ouvrent sur la voie publique. 

Le premier étage surplombe le rez-de-chaussée, il s’appuie sur une pièce de charpente que l’on appelle, le lignot. Il est souvent décoré d’arabesques ou de moulures et s’appuie sur des poutres dont les extrémités peuvent être ornées de figures sculptées. 

Le second étage fait saillie sur le premier. Le troisième, s’il existe, sur le second.

Le pignon triangulaire est abrité par le toit, qui s’avance tellement que dans les rues les plus étroites, il rejoint presque celui de la maison qui lui fait face. Ça et là, sur les façades ressortent des tourelles rondes ou carrées, se dressant à partir du sol ou en encorbellement, des auvents, des avant-toits, des appentis, des porches, des galeries situées au rez-de-chaussée ou aux étages supérieurs, sans parler des enseignes suspendues à l’extrémité des potences de bois ou de fer forgé, et des statues pieuses sur des supports ou dans des niches. Rien de plus irrégulier, de plus imprévu, de plus pittoresque, que l’aspect de ces habitations mal alignées, construites sans souci de la règle, mais qui avaient leur caractère propre et leur relief accoutumé par le jeu de l’ombre sur les parties saillantes ou rentrantes.

         Beaucoup d’habitations du moyen-âge avaient des galeries ou des portiques au rez-de-chaussée. On en trouve dans les cours des palais mérovingiens et carolingiens, comme dans les cloîtres des monastères. A Troyes, les dernières galeries qui portaient le nom d’« allours » ont disparu. Un certain nombre de maisons situées au nord de la place de l’Hôtel de Ville reposaient sur des piliers de bois. Les allours que formaient ces piliers furent démolis en 1731. D’autres, situés en face de la cour de la Rencontre, furent abattus en 1754, pour faciliter le passage des voitures dans la rue Champeaux. Il s’en conserva jusqu’en 1880, dans la rue de la Corterie.

La galerie avait sa raison d’être à une époque où la boutique, qui portait aussi le nom d’ouvroir, n’était pas séparée de la rue par un vitrage, mais communiquait avec elle par une large baie, que fermaient des volets. Dans beaucoup de cas, la partie supérieure de ces volets se relevait et formait auvent. La partie inférieure se rabaissait horizontalement, et devenait une tablette sur laquelle on étalait les marchandises. C’était pour ainsi dire un étal. Généralement, le marchand se tenait à l’intérieur de la boutique, et le client dans la rue. L’auvent, et au besoin la galerie, étaient utiles pour protéger la marchandise et l’acheteur contre les intempéries. Il y avait au XVI° siècle un grand nombre d’auvents, que l’on appelait aussi « ostevents », dans les rues de Troyes.

Lors de l’entrée de Charles IX, il fut ordonné « à tous manants et habitants de cette ville de incessamment et en toute diligence, en faire abattre et avaler les ostevents de devant leurs maisons et demourances dès et depuis la porte du Beffroi, jusques à l’église Monsieur Saint-Pierre ».

En 1510, à l’entrée de Louis XII, on prescrivit aux « voyers du roi et de la ville de faire démolir les vieilles galeries, saillies, bancs et avant-toits sortant sur rue », qui menaçaient ruine.

On a détruit les galeries couvertes ou porches du rez-de-chaussée « depuis que l’usage du parapluie est devenu tout à fait populaire ».

Les Allours avaient l’inconvénient d’enlever le jour aux boutiques déjà obscures par elles-mêmes, et, comme on gagnait du logement en les supprimant, ils ont été remplacés par des murs ou des fenêtres les intervalles laissés entre les piliers.

         Les galeries étaient parfois placées au-dessus de hangars ou de bûchers. On en voyait une de ce genre dans une maison que possédait, en 1644, Gilles Gouault dans la rue de la Trinité. Cette maison formait 2 corps de logis, avec « hallier pour le bois et galerie au-dessus aussi en appentis. Un puits et une étable du côté de la ruelle ».

Ces galeries supérieures furent parfois garnies de vitrages. Elles ne servaient pas seulement de communication entre 2 corps de logis, elles s’étendaient aussi le long des façades inférieures, servant de dégagement aux différentes pièces au-devant desquelles elles étaient placées. C’était une sorte de corridor en plein air, qui rendait les chambres indépendantes les unes des autres. Des galeries de ce genre existaient souvent dans des cours d’auberges ou d’hôtels. On peut en citer à Troyes un spécimen bien conservé, dans une maison de la rue du Petit-Cloître-Saint-Pierre.

         Vous voyez en images, la vue de la maison des Planchottes, ainsi que celle de la façade méridionale de la construction désignée sous le nom de petit Château du Labourat.

         Lorsqu'en 1965, on démolit les vieilles maisons du Lycée Saint-Bernard pour en reconstruire un neuf, mon ami et collègue maire-adjoint André Beury, journaliste à l'Est-Eclair et moi, en visite à la démolition du chantier avons été horrifiés, en voyant une magnifique maison  moyenâgeuse qui allait être détruite. Nous avons été voir le maire Henri Terré, qui est venu lui aussi constater  le sacrilège qui allait être fait. Nous avons vu le promoteur, toutes les poutres ont été numérotées, et cette magnifique façade a été remontée à l'angle de la rue Turenne et de la place Jean-Jaurès. Pour qu'elle soit vue de loin, l'architecte a mis le rez-de-chaussée en 1er étage !  Bien entendu aucun visiteur, et même aucun Troyen ne peut supposer que cette maison n'était pas là depuis son origine !    

 

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