Guerres et occupations...



Un sabotage à Troyes



Tout d’abord, un rappel des destructions subies dans le département de 1939 à 1945 : guerre 1939-1940 : 3.785 immeubles totalement détruits, 12.132 partiellement endommagés. Destruction de la Libération de 1941 à 1944 : 2.386 destruction totale, 7.643 destructions partielles.

        

Petite histoire d’un sabotage à Troyes.

 

En 1938, l’usine Vachette commence à fabriquer de l’armement.

La débâcle de 1940 y met un terme.

Bientôt les Allemands exigent la fabrication de gaines d’obus.

A 3 reprises, l’usine de la rue de la Paix va être sabotée.

 

Le 20 octobre 1943, 7 résistants se présentent au Directeur et disent qu’ils viennent faire sauter le four, et lui demande de ne pas prévenir la police avant 1 heure. Le Directeur fait ouvrir les fenêtres des ateliers, pour limiter les dégâts. Il y a quand même 1.500 carreaux de cassés, la toiture au-dessus du four est effondrée, mais pas beaucoup de mal à ce dernier. Il y aura quand même 2 mois de réparations. Le Directeur demande à son fournisseur de ne pas se presser pour leur fournir les éléments nécessaires à la réparation. Un mois après, les Allemands se chargent eux-mêmes d’aller chercher les pièces détachées.

 

Le 26 décembre, 2 résistants reviennent, coupent les fils téléphoniques et déposent leurs explosifs dans le four. Mais le crayon d’allumage ayant été écrasé, l’explosion ne peut se faire.

 

Le 2 janvier, 4 résistants placent une bombe à l’intérieur du four qui sert à recuire les gaines d’obus. Le commissariat central prévenu fait un rapport : " Four complètement effondré, inutilisable pendant un certain temps. A part le four, dégâts matériels peu importants, Pas de victimes ".

 

Le 12 janvier 1944, le Directeur de la Sûreté allemande reproche au Commissaire des Renseignements Généraux les retards dans la transmission des messages provenant de la police ou de la gendarmerie française : " Il regrette, écrit-il, que les relations entre la Préfecture et les services de la police allemande qui, jusqu’ici donnaient lieu à toute satisfaction, risquent de ce fait de s’aggraver. La police allemande pourrait être amenée à supposer que certaines informations ne lui sont pas transmises volontairement, ce qui pourrait indiquer que les autorités françaises rechercheraient à soustraire aux autorités allemandes certains renseignements et qu’il se verrait dans l’obligation de faire un rapport circonstancié à son chef à Châlons, pour lui signaler ces manquements ".

Il s’indigne de ce que les messages concernant les meurtres et les actes de sabotage lui parviennent avec un retard de 24 à 48 heures, et constate qu’il est absolument inutile d’alerter la police allemande, 48 h après un forfait, car toutes les traces pourraient disparaître et les recherches s’avérer presque impossibles. Ainsi, à la fin du mois de décembre, ses services ont reçu de la gendarmerie un lot de messages datés des 5, 6 décembre. Il exige d’être informé immédiatement et par téléphone. Il rappelle qu’au deuxième attentat de l’usine Vachette, il s’est produit " un incident fâcheux. En effet, dit-il, lorsque la sûreté allemande s’est rendue sur les lieux, il a aperçu une bombe non explosée qu’il a dû enlever lui-même. Or, plusieurs agents de la police française se trouvaient là bien avant lui, et ils auraient dû comme c’est leur devoir, enlever l’explosif eux-mêmes. Il est inadmissible que pour des raisons de lâcheté ou de passivité les agents de police français se contentent du rôle de spectateurs et laissent effectuer le travail dangereux par les policiers allemands. Le rôle de la police est de veiller à la sécurité publique… ".

 

Dès lors, les allemands écœurés vont se désintéresser du four, et il faudra longtemps pour le remettre en route.

 

Les sabotages de l’usine Vachette sont à mettre au compte des F.T.P., et 3 des hommes qui ont participé à ces opérations mourront fusillés par les allemands.

 

Ces sabotages illustrent également la résistance passive de l’administration (police, gendarmerie, préfecture) et celle des usines, dont les dirigeants comme les ouvriers n’avaient pas le cœur de produire des obus pour l’occupant.

        

 


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