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Simon de Troyes


Edouard-Thomas Simon, dit « Simon de Troyes », naquit à Troyes le 16 octobre 1740. Son père y exerçait une charge de notaire royal. Il eut le malheur de le perdre, n’ayant encore que 4 ans, mais son éducation n’en souffrit pas. Sa mère, restée veuve à 22 ans, se dévoua entièrement à son fils unique, et, quoique peu fortunée, ne négligea rien pour tirer tout le parti possible des heureuses dispositions qu’il montrait. Elle le plaça au collège de Troyes, dirigé par les Prêtres de l’Oratoire. En 1749, il est en 6°. « Il ne dut qu’à sa faute d’être compté parmi mes élèves médiocres. Il était d’une intelligence égale à sa paresse. Il doubla sa 3°, se traîna péniblement jusqu’à la fin de sa rhétorique, sans rapporter jamais aucun prix. A 16 ans, Simon sortit du collège. Il fallait choisir une carrière. La profession paternelle était tout indiquée : Simon fut donc placé chez un notaire à Troyes. Au bout de 2 ans, il quittait tout et annonçait son intention de se livrer à la médecine. A cette époque vivait à Paris un célèbre chirurgien, le frère Cosme. Simon alla étudier près de lui  à l’hôpital de la Charité pendant 3 ans. A la fin du cours de 1765, il prononça un discours dans l’Ecole de Chirurgie de cet hôpital, puis il revint se fixer à Troyes. Il y fut reçu maître en chirurgie en février 1760, et se maria en août suivant, à la Chapelle-Saint-Luc, avec Jeanne-Françoise Gauthier, et eut 3 enfants.

 

Ce fut pendant son séjour à Paris que Simon débuta dans les lettres : sa véritable vocation était la littérature. A 22 ans, il était déjà connu dans le monde littéraire par plusieurs légères, genre alors très en vogue. En 1765, il publia son premier ouvrage marquant : « L’Hermaphrodite ou Lettre de Grandjean à Françoise Lambert, sa femme », suivie « d’Anne de Bouleyn à Henry VIII, roi d’Angleterre, son époux », héroïde nouvelle, et de « Deux idylles ». Ces 2 héroïdes, écrites en vers alexandrins élégants, montraient déjà la facilité d’exécution de l’auteur. Simon a traduit à la suite, 2 poésies de Théocrite : « L’Amant malheureux et vengé » et « Le Raccommodement ». Cette même année 1765, il publie l’« Histoire des malheurs de la famille de Calas », précédée de « Marc-Antoine Calas, le suicidé, à l’univers héroïde », puis une « Epître à M.C.D.V.D.S.J. (M. Courtalon Delaistre, vicaire de Saint-Jean de Troyes), sur « Le respect dû aux grands hommes », satire où « il est question d’un P.B.C. Il s’agit du P. Bertin, capucin, auteur de la chanson des « Petits trous ». Suit aussi « Epître d’Héloïse à Abélard », traduction.

 

En 1771, Simon compose, pour les chirurgiens de Troyes, à propos de la création d’une salle  pour leurs démonstrations et leurs assemblées une inscription. Aimant passionnément son pays et fier d’accorder à son nom celui de Troyes, sa ville natale, Simon avait en 1773, de concert avec Courtalon-Delaistre, curé de Sainte-Savine, et dom Maréchal, religieux bénédictin, formé me projet de publier une « Histoire ecclésiastique, civile, politique, physique et littéraire du diocèse de Troyes », aussi complète que possible, pour chaque paroisse. Il en résulta la « Topographie historique de la ville et du diocèse de Troyes », de Courtalon, histoire la plus complète qui eût paru jusque là. En 1774, ce sont des « Couplets faits au nom de la Compagnie des Chevaliers de l’Arquebuse de Troyes au prix général tiré à Saint-Quentin ». En 1775, une ode : « Les Beaux-Arts rappelés à Troyes par la reconnaissance », qui célèbre la création, par M. Brunneval, de l’Ecole royale gratuite de dessin. De 1776 à 1786, il se partagea la rédaction de l’ « Almanach de la ville de Troyes et du diocèse de Troyes » avec Courtalon-Delaistre, et, à la mort de ce dernier, en poursuivit seul la publication jusqu’en 1788. On y trouve la « Topographie historique du diocèse de Troyes », les « Annales troyennes », « Mémoire sur la vie et les ouvrages de Chrétien de Troyes », « Mémoire sur la vie d’Edmond Auger, jésuite, confesseur de Henri III, prédicateur célèbre », « Supplément au mémoire sur la construction de la cathédrale », « Mémoire sur la vie et les ouvrages de Pierre de Larivey, champenois », « Notice sur la vie et les ouvrages de M. Grosley »… Une autre fois, il célèbre la nomination du nouveau maire, M. Berthelin, et aussi des « Couplets patriotiques chantés à Troyes à une fête publique pour le mariage de 6 filles que le corps municipal avaient dotées » (en 1780). Le 1er janvier 1782, parurent les « Annonces, Affiches et Avis divers de la ville de Troyes, capitale de la Champagne », paraissant tous les mercredis de chaque semaine, qui s’est appelé aussi « Journal de Troyes et de la Champagne méridionale ». Simon en fut le principal rédacteur jusqu’en 1789. Il y insérait des poésies, fables, épigrammes, madrigaux, charades… de sa composition. Tout cela n’empêche pas Simon d’exercer avec distinction l’art médical, et comme praticien et comme professeur d’anatomie à l’Ecole de chirurgie de Troyes, puis de prendre en 1783 sa licence en droit et le titre d’avocat au Parlement de Paris, et en 1785 le « bonnet de docteur en médecine ».

 

Il adresse souvent et sur les sujets les plus divers, des communications au « Journal de Paris ». En 1778, il écrit une tragédie en 5 actes : « Achille », jouée à Troyes, en 1779, une comédie en 2 actes en vers : « L’avantageux ».

 

         En 1784, Simon perd sa femme, et résolut d’abandonner l’exercice de la médecine pour se livrer entièrement à la littérature, et se fixe en 1787 à Paris. Cette année-là, il publie « Galanterie Française, hommages de famille, d’amitié et de société ». Il collabore à la « Bibliothèque choisie de contes, facéties, bons mots »… Même au sein de la Capitale, Simon était toujours rédacteur de l’ « Almanach » et du « Journal de Troyes ». A la mort de M. Grosley, il publia une « Notice sur la vie et les ouvrages de M. Grosley » qu’il admirait.

 

         La réputation de Simon s’étendait. En 1788, on applaudit, à une assemblée publique du Musée de Paris, dont il était secrétaire-adjoint, « Les Brochures, dialogue en vers entre un provincial et un libraire ». Cette même année, le théâtre de la Montansier représente une pièce de sa composition : « L’A-propos de la nature ou le Dédit confirmé ».

 

Il fut nommé membre de l’Académie des Arcades de Rome. Les principaux ouvrages périodiques littéraires auxquels il collaborait alors, en dehors du « Journal de Troyes », étaient : « Les Etrennes du Parnasse », Les Etrennes lyriques », « L’Almanach des Grâces », « L’Almanach des Muses », « Les Muses provinciales »…

 

         Arrive la Révolution. Zélé partisan des doctrines philosophiques sur la bonté native de l’homme, l’égalité absolue, le progrès indéfini, Simon appelait la Révolution de tous ses vœux. Son esprit enthousiaste y voyait un retour à l’âge d’or et ne pouvait en prévoir les erreurs et les funestes conséquences. Les premiers effets qu’il en ressentit furent des atteintes à sa fortune : des placements faits en argent lui furent remboursés en assignats, et il dut suppléer par son travail à ces ressources ainsi enlevées. En 1790, il fut nommé secrétaire général du Conseil de salubrité, et successivement de ceux de mendicité et de secours publics pendant les différentes assemblées nationales. Les loisirs que lui laissaient ses fonctions, il les employa à la publication des « Contes moraux à l’usage de la jeunesse, traduits de l’italien de Francesco Soave ». Puis il fit connaître dans notre langue l’ « Essai politique sur les révolutions inévitables des sociétés civiles, par Antoine de Giuliani ». Il dédia cet essai à Son Altesse Royale François II, grand duc de Toscane. D’autres ouvrages politiques de Simon furent une adresse « Aux Français sur le paiement des contributions », une brochure : « Il est temps de fondre la cloche, projet patriotique pour remédier sur le champ à la rareté du numéraire », « Coup d’œil d’un républicain sur les tableaux de l’Europe (1795), « La clémence royale ou Précis historique d’un soulèvement populaire arrivé en Angleterre sous le règne de Richard II au XIV° siècle », « Correspondance de l’armée française en Egypte interceptée par l’escadre de Nelson »…

 

         En l’an VI de la République, Simon contracte un second mariage : « Des revers de fortune qui furent la suite de cette seconde alliance, les malheurs de son fils, officier général, longtemps proscrit par Bonaparte, la perte de son gendre, mort à Saint-Domingue, celle de sa fille qui, en mourant, laissa 3 orphelins à sa charge, influencèrent sensiblement sur son humeur douce et enjouée, sans cependant ralentir son ardeur infatigable pour le travail ». La suppression du tribunat (l'une des quatre assemblées, avec le Conseil d'Etat, le Corps législatif et le Sénat conservateur  instituées par la Constitution de l'an VIII) en 1807, le priva encore de son emploi de Conservateur de la Bibliothèque qu’il avait fondée. Il obtint l’emploi de censeur des études au lycée de Nancy. En 1810, Simon fut envoyé à Besançon comme professeur d’éloquence latine à la Faculté des lettres. Il se consola de cet exil en se plongeant dans des travaux ayant Troyes son pays natal : « Mémoires historiques et critiques pour l’histoire de Troyes », « Notice sur la vie de Grosley », « Ephémérides de Grosley », « Anecdote relative au grand Bossuet », « Anecdote relative au duc d’Orléans, Régent », « Mémoire de l’entreprise faite par plusieurs habitants de Troyes du parti du Roi, bannis de leur ville par les Ligueurs, pour la surprendre et en chasser les Rebelles, au mois de septembre de l’année 1590 ». En 1810, il célébra en vers latins « Le mariage de Bonaparte avec une princesse d’Autriche ». Il fit représenter de nombreuses pièces composées dans ses moments de loisirs : « Les défauts supposés », « L’heureuse indulgence »… La restauration des Bourbons donna encore à Simon l’idée du poème de « Saint Louis » ou « La Sainte Couronne reconquise ».

 

         La fin approchait, sa dernière lettre, datée du 21 juin 1817 est triste, il se sent oublié, même à Troyes : « Qui sait encore chez vous que j’y ai vu la lumière en 1740 ? ». Il s’éteignit doucement le 4 avril 1818, âgé de 78 ans.

 

         Le nombre des œuvres de notre compatriote restées manuscrites est considérable.

 

         « … M. Simon ne rêvait que la gloire et la prospérité de sa patrie et l’union de tous les cœurs… Ennemi des dissensions, il eut toujours une estime profonde pour ceux mêmes qui ne partageaient pas ses principes, lorsqu’il reconnaissait en eux de la droiture et des qualités sociales… ».

 

Il fut un admirateur passionné de Voltaire.

 


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