Les crimes



La veuve ardente séduisait ses très jeunes invités pour en faire ses amants d’un soir.


Commencé le lundi matin 12 mai 1975,  le procès de Gilles Livet en arrive au point crucial de la fin de cette soirée du dimanche 20 janvier 1974, où il fut l’invité de l’ardente Mme Veuve Dricot. Antoine Lefin devant la barre : « La première chose que nous avons remarquée, c’est le chambardement qui régnait dans la pièce. Tous les meubles étaient renversés, les tentures arrachées, le réfrigérateur était dans un fauteuil. Le sol était jonché de morceaux de verre, de vaisselle brisée ou d’objets hétéroclites. Et puis, au milieu des tessons de bouteilles et de débris, nous avons vu le corps de Mme Dricot, couvert de sang. Elle gisait la jupe relevée jusqu’au nombril, le slip descendu aux chevilles, les jambes écartelées. J’ai demandé à Livet ce qui s’était passé. Il m’a répondu : <<Je ne sais pas, je me suis battu avec quelqu’un mais je ne sais pas qui…>> ». En se rongeant les ongles, Gilbert Livet vient d’écouter attentivement l’homme qui se tient à la barre. Son regard, derrière ses grosses lunettes devient attentif pour voir Gérard Vangeel arriver à la barre. « Il était environ 2 h du matin quand nous sommes revenus de Copainville, explique ce témoin. Nous avons décidé d’aller boire un dernier verre chez Verstraet. Dans l’escalier, nous avons été intrigués par les taches de sang. Il y en avait partout. Nous sommes allés frapper chez Mme Dricot, la logeuse de Verstraet, que nous avions laissée en compagnie de Gilles Livet. C’est lui qui est venu nous ouvrir, il avait le visage et les vêtements maculés de sang ». « Depuis le matin ; j’avais bu pas mal, reconnait Gilles Livet, du vin blanc et de l’apéritif. En fin d’après-midi, j’ai retrouvé des copains dont Gérard Vangeel. Nous avons trinqué ensemble, puis ils sont partis de leur côté. Plus tard, vers 21 h, j’ai voulu les rejoindre chez Verstraet…». Verstraet est locataire d’un studio, 29 rue Alexandre Israël, que lui loue Mme Veuve Dricot, qui occupe un appartement situé à l’étage en dessous. « Comme je ne connaissais pas la maison, reprend Livet, j’ai d’abord frappé chez Mme Dricot, qui m’a conduit à la chambre de Verstraet. Ils étaient déjà 5 dans la pièce. Il y avait 2 couples allongés sur le lit, derrière un rideau ». « Que faisaient-ils sur le lit ? », lui demande le président. « Eh bien, ils flirtaient, ils se caressaient, mais on ne voyait pas très bien ce qui se passait. Nous avons décidé de danser. Mme Dricot dit qu’elle allait chercher son tourne-disque ». « Quand elle est revenue un peu plus tard, dira Chantal Richard, une des jeunes filles présentes, Mme Dricot s’était changée. Elle s’était remise en beauté ». « J’ai dansé avec Mme Dricot, raconte Livet, je l’ai embrassée dans le cou ». « Vous n’avez pas été plus loin ? », demande le président. « Je ne me souviens pas ». « Ils ont flirté ensemble, précisera Gérard Vangeel. Gilles lui caressait la poitrine, les reins et elle répondait à ses avances. Elle gloussait de plaisir..., elle nous a proposé de descendre chez elle, il y avait plus de place… Vers 22 h nous avons décidé d’aller danser à Copainville ». Cette femme de 56 ans semblait être à la recherche de ce genre de rencontres faciles avec des hommes beaucoup plus jeunes qu’elle. Gilles Livet n’a que 31 ans, mais il est loin d’être le premier auquel elle fait des avances… Plusieurs témoins viennent à la barre parler de la vie dissolue de Mme Dricot. M. Jean Biais : « Je louais un appartement dans son immeuble. Elle recevait nombre de jeunes peu recommandables et buvait avec… Elle a vécu en concubinage avec plusieurs individus… Elle buvait beaucoup… Elle aimait et recherchait les plaisirs sexuels… Un autre locataire, M. Zani : « Elle invitait des jeunes gens chez elle et leur faisait nombre d’avances… Pour ma part, si j’avais voulu, j’aurais pu avoir des rapports avec elle… ». « S’il a bu, affirme Mme Géhin sœur de l’accusé, c’est à cause de sa femme, elle avait beaucoup d’amants et il n’avait le droit de ne rien dire… ». Pas plus que ses parents, les amis de Gilles n’imaginent que l’homme soit capable de violence.

 

Coup de théâtre, le lendemain mardi 13 mai, Gilles Livet retrouve la mémoire sur la circonstance de la lutte : « Je dormais dans un fauteuil, quand 3 hommes masqués sont arrivés. Ils ont dit à Mme Dricot :<<On sait que tu as touché un million. Dis-nous où tu l’as caché !>>. Alors, je me suis battu avec eux, ils m’ont porté des coups et je me suis évanoui ». Le Président : « Pourquoi ne l’avez-vous pas dit au juge d’instruction ? ». « Je craignais qu’on me remette en liberté, réplique Livet. Les mecs m’avaient fait peur. Ils m’avaient dit <<Si tu parles, on t’enverra au boulevard des allongés !>> ». Il est alors confirmé que Mme Dricot a vendu un immeuble peu avant les faits, et qu’elle avait reçu une forte somme, et en avait parlé à certains jeunes. « N’y a-t-il pas eu une tentative de cambriolage au domicile de la victime 8 jours après le meurtre ? », demande mon ami l’excellent avocat Me René Vigo. Défenseur de Livet. « C’est exact, mais l’enquête n’a rien donné », répond l’inspecteur.  Une dernière fois avant de clore, les débats, le président donne la parole à Gilles Livet : « Ce n’est pas moi qui ai tué Mme Dricot, s’écrie-t-il, je le jure sur la tête de mes enfants ! ». Après la suspension d’audience, le président donne la parole à l’Avocat général : « Lorsqu’il a été arrêté, Livet avait plus de 2 gr d’alcool dans le sang. C’est parce qu’il était ivre qu’il est devenu violent et qu’il l’a tué… Gilles Livet est ici pour répondre d’attentat à la pudeur et de meurtre. Je vous demande de le condamner à 20 ans de réclusion criminelle…». Pour la défense, Me Vigo : « Quand on réclame 20 ans de condamnation, on apporte au moins l’arme du crime. Or, il n’y a pas d’arme du crime, on ne l’a pas trouvée parce que quelqu’un l’a emportée. Quant à l’intervention des individus masqués, comment savoir ? Ce n’est pas une idée absurde, et Livet ne peut pas être aujourd’hui la victime d’une erreur judiciaire ». S’adressant aux jurés : « … Le sort de Livet vous appartient.. Souvenez-vous qu’au bénéfice du doute, on ne condamne jamais, on acquitte ! ».

 

Après 50 minutes de délibération, le président lit le verdict : « Gilles Livet est condamné à 12 ans de réclusion criminelle ».   

 

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