Aubois très célèbres



Charles Tanret



Y a-t-il un seul Troyen qui ait entendu parler de Charles Tanret ? Et pourtant…

        

En 1948, est inaugurée sur la façade de la pharmacie Guéler, 6 rue Général de Gaulle, une plaque ainsi libellée : " Le célèbre chimiste Charles Tanret fit dans cette pharmacie ses premiers travaux de chimie végétale en 1875 ".

 

Né en 1847, Charles fait des études très sérieuses au petit séminaire de Langres. Un pharmacien l’invite à venir travailler chez lui à Joinville. Il étudie dans les champs, herborise avec son maître. Lorsqu’il voit des champs de céréales infestées de l’ergot de seigle, il n’a qu’une pensée : étudier ce champignon dont la consommation accidentelle cause des ravages depuis des siècles. La maladie qu’elle provoque, l’ergotisme, était appelée au Moyen Age, selon les régions, " feu sacré ", " feu de Saint-Antoine " ou encore " mal des ardents ". 

Son stage terminé, il va à Paris, continuer ses études de pharmacie. En 1868, il est interne des hôpitaux, en 1870, il est lauréat de l’école de pharmacie, en 1872, il présente une thèse intitulée "De l’Albumine", qui a pour couronnement la naissance d’un réactif, qui sera connu sous son nom.

 

En octobre 1872, Tanret s’établit à Troyes et installe son laboratoire dans la pharmacie de la rue Thiers. " La clientèle, assez clairsemée au début, laisse quelques loisirs au jeune pharmacien, qu’il met à profit pour lire la Collection des Comptes-rendus et des Annales de chimie qui lui sont aimablement prêtés par la riche bibliothèque de la ville ". Il se marie et a une fille Lucie.

 

1875 est une grande année de découvertes. Charles fait à Nantes, au congrès de l’Association française pour l’avancement des sciences, une communication très remarquée sur la Digitaline cristallisée. Il découvre ensuite l’Ergotinine, d’un intérêt considérable pour les obstétriciens. Sa communication en 1877 à l’Académie de médecine, offre pour les Troyens un intérêt particulier. En effet, le docteur Molé, médecin à Troyes, y est cité pour avoir été le premier à avoir reconnu à l’ergotinine cristalline, l’action de l’ergot sur les hémorragies utérines. L’ergotinine est la découverte maîtresse de Charles Tanret. Le Journal de Pharmacie et de Chimie en fait une grande publication en 1885. En 1911, paraît " Sur l’ergotinine cristallisée " par Tanret, dans le Bulletin des sciences pharmaceutiques.

        

Dans une lettre à sa femme, Charles s’inquiète de ne pouvoir faire arriver l’eau dans son laboratoire de Troyes, et cela, pour une simple question d’argent.

En 1877, il collabore avec Antoine Villiers, professeur au Collège de France, sur l’inosite tirée de l’extrait de feuilles de noyer.

Après une courte maladie, sa fille Lucie décède à l’âge de 2 ans, en 1877.

Un second enfant, Georges, naît à Troyes en 1878. Il deviendra lui aussi un chimiste de valeur.

Cette même année, il découvre la pelletiérine. On note à ce sujet, une pittoresque anecdote dans Treize ans de pharmacie de Tanret : " Curieuse observation recueille dans les archives de médecine navale, à l’hôpital de Kayes (Sénégal) : expulsion simultanée, par une dose de pelletiérine, de 23 ténias, pesant 950 grammes, et mesurant 108,35 mètres. Joli record, pour des vers dits… solitaires ! ".

En 1879, l’Académie des sciences décerne le prix Barbier à Tanret.

Cette même année, il s’installe à Paris, et en 1880, il achète une pharmacie Boulevard de la Madeleine. De Troyes, lui viennent des échos, des amis, des clients le regrettent.

Principaux travaux élaborés par Tanret de 1881 à 1885 : sur la caféine, c’est lui qui réussit à solubiliser cet alcaloïde. Sur la petite ciguë, le savant a eu le courage d’absorber une dose correspondant à 40 gr de cette plante fraîche pour prouver son innocuité. Trochisques médicamenteux : utilisation de clous fumants comme supports de matières antiputrides et désinfectantes, pour la prophylaxie des maladies infectieuses. Au cours de cette présentation à l’Académie de médecine, une longue discussion eut lieu sur l’épidémie de fièvre typhoïde qui sévissait à Paris et dans la région parisienne. " Troyes, y est-il indiqué, sillonnée de canaux véhicule des immondices qui constituent de graves foyers d’infection. Assainir la ville est un devoir qui s’impose…". Il était fait allusion au fameux ru aux Cailles, avec les taudis présentant des surplombs aménagés en toilettes, au moyen d’un simple trou pratiqué dans le plancher.

Nombreux sont ses travaux publiés, sa renommée de chimiste étant mise à contribution : il analyse les poires cuites de son alimentation et… les sables de ses urines, il trouve une prescription pour le cuir chevelu…

Charles Tanret connaît enfin la gloire. Il vivra encore 30 ans. Il ne fait plus de pharmacie d’officine, il peut enfin se consacrer uniquement à ses recherches scientifiques.

En 1889, Tanret isole de l’ergot de seigle un nouveau principe immédiat, l’ergostérine (dont on tirera plus tard par irradiation aux ultra-violets, la vitamine D2 ou calciférol).

En 1899, il découvre avec son fils Georges, le rhamninose.

Son épouse décède en 1890, c’est un grand malheur qui le frappe.

En 1902, sortent ses études sur la manne, sur le stachyose des crosnes du Japon…

En 1905, sa fille Gabrielle passe par Troyes. Charles lui écrit à cette occasion : " Tu auras revu la pharmacie où nous avons trimé avec ta maman et où ton frangin a débarqué en ce monde. Mélange de bonheur et de peines ".

En 1916, il a un œdème du poumon. Trois jours avant de décéder, il expose ses projets sur une soupape qui eût rendu le port du masque à gaz moins pénible. Et il écrit à son petit fils Pierre, alors âgé de 8 ans : " Tu as bien de la chance d’aller te promener à Troyes et de visiter les églises ! As-tu vu Saint-Rémy où ton papa a été baptisé et Sainte-Madeleine où il y a un si beau jubé ? Si tu vas à Troyes un jour de pluie, allez donc au Musée, et dans le jardin regardez bien le dolmen qui s’y trouve. Il porte une rainure produite par l’usure des sabres qu’on y appointissait. Or, dans cette rainure, il y avait comme du sang les jours de pluie quand j’habitais Troyes, et cette apparence de sang était due à ces cocci… ".

Il décède en juillet 1917

Son frère Lucien tenait un commerce de lingerie à Méry-sur-Seine.

Il est nommé membre honoraire du Collège de pharmacie de Philadelphie. Il était chevalier de la Légion d’honneur. 

Le 18 avril 1983, le Conseil Municipal donne son à un square. 

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