Troyes et l'Aube précurseurs



5) Productions locales


Non seulement, autrefois, l’autorité veillait à ce que les livres fussent irréprochables au point de vue du respect de la religion, des mœurs et de la soumission au pouvoir, non seulement elle tenait à ce que  les imprimeurs fussent instruits pour ne pas dénaturer les textes qu’ils reproduisaient, elle voulait encore que l’exécution typographique répondit à la valeur de l’ouvrage et à sa correction. Cela n’empêche pas que chaque numéro fourmille d’irrégularités typographiques et grammaticales.

 

         A côté de cela, il avait été établi un prix maximum des livres classiques, afin que les écoliers et le public pussent se les procurer à bon compte.

 

         Il fallait que l’imprimeur connut son métier, que tout en ayant des ouvriers, il sût travailler par lui-même, pour diriger l’exécution des labeurs à lui confiés, et c’était la raison d’être de l’examen imposé aux aspirants.

 

         De plus, les matières qu’il employait devaient être de bonne qualité. Les premières règlementations de la profession l’ordonnent expressément. Le règlement de 1649 et les arrêts de 1665, 1696 et 1723, disent que les livres seront imprimés « en beaux caractères, sur de bons papiers et bien corrects ».

 

         Ces lois, malheureusement, ne donnaient pas tous les résultats que l’on pouvait en attendre. Le relâchement de la surveillance, la multiplicité des ateliers, l’exemple et la concurrence des nations voisines, la nécessité de sacrifier au bon marché, sont autant de causes qui entraînèrent la décadence de la typographie.

 

         « Espaces à la troyenne » : « on désigne par cette expression proverbiale, le défaut de certains compositeurs d’« almanachs » ou de « livres bleus », qui se servent de papier mâché pour remplir leurs lignes, quand il y a du vide qui obligerait de le remanier ».

 

         Impressions remarquables : nous allons passer succinctement en revue les diverses productions de l’imprimerie locale. En première ligne, il faut inscrire les nombreux livres liturgiques (Heures, Bréviaires, Rituels…) qui occupèrent presque exclusivement les presses de nos ancêtres du XV° et du XVI° siècle. Ce fut là certainement la plus belle période de la typographie locale, ouvrages savamment composés, illustrés avec profusion et imprimés avec goût.

 

         Quelques autres impressions remarquables : la grande édition de la géographie de Danity, les Mémoires de Castelnau, la première traduction française de Fra Paolo, les Mémoires de d’Aubigné, les premières éditions des traductions de Tacite, de la Retraite des 10.000…

 

         Au frontispice, on lit en petits caractères : « A Troyes et se vend ». 

 

         Almanachs : voir ce chapitre.

 

         Bibliothèque bleue : voir ce chapitre.

 

         Danses macabres : parmi les ouvrages proposés par les presses troyennes se font aussi remarquer les « Danses macabres ».

 

         Qu’étaient-ce ces « Danses de Morts », si goûtées au moyen âge ? C’était « la mise en scène du drame moral et chrétien que l’on trouve dès le XII° siècle dans les sermons populaires des prédicateurs et des scholastiques et dont le fond est une sorte de prosopopée (figure de style qui consiste à faire parler un mort) dans laquelle la « Mort », personnifiée, s’adresse aux gens de toutes les conditions ».

 

         Les principales éditions étaient de Guillaume Le Rouge (1491), Nicolas Le Rouge (1496 à 1631), Nicolas III Oudot (1641 et 1680), Pierre Garnier (1728), la veuve Jacques II Oudot et Jean IV Oudot (1729), Jean-Antoine Garnier (1777), la veuve Garnier en 1820.

 

         Affiches : l’affiche fut une des premières applications de la typographie : affiches d’excommunication ou annonçant « Le cours des foires de la ville de Troyes », monitoires (lettre émanent d'un responsable dans la religion chrétienne qui oblige le destinataire à révéler ce qu'il sait à propos d'une affaire que l'on cherche à éclaircir, sous peine de sanctions ecclésiastiques), lois, arrêts, sentences et autres actes officiels… Le texte de l’affiche était alors surmonté d’un écusson aux armes de la juridiction dont elle émanait. Les affiches de pardons ou d’indulgences étaient très fréquentes au XVII° siècle. Les Pères de l’Oratoire faisaient aussi, avant 1659, imprimer en affiches le programme des exercices de leur collège et les thèses qui y étaient développées.

 

         Les particuliers ne se sont servis qu’au XVIII° siècle, de l’affichage pour les ventes d’immeubles. A partir du XVIII° siècle, les affiches étaient soumises au visa des officiers de police.

 

         Gazettes et Journaux : Troyes aurait possédé une gazette (rédigée en vers) 5 ans avant que Théophraste Renaudot ne fit paraître la sienne. C’était « La gazette française pour le temps présent », Troyes, 1626.

 

         Un traité, 1687, accorde à notre imprimeur Prévost le droit de reproduire et de vendre à Troyes la Gazette pendant 5 ans.

 

         En 1691, on commença à imprimer à Troyes la « Gazette d’Allemagne ».

 

         Prévost, en 1698, annonçait une sorte de revue littéraire : « Détail universel des Réjouissances faites dans la ville et Faubourgs de Troyes, au sujet de la Paix Générale ».

 

         Le « Recueil troyen, dédié aux beaux esprits…» fut imprimé sur les presses de Pierre Garnier.

 

         En 1740, la veuve de Pierre Michelin publie avec son fils Edme, une « Gazette (journal traitant de la politique du jour) ». Cette feuille hebdomadaire comportait 8 pages, avec majuscules ornées et historiées, et la politique en était le sujet presque exclusif.

 

         En 1782 parut les « Annonces, affiches et avis divers de la ville de Troyes, capitale de la Champagne », publié par Jacques Sainton libraire. On le connait encore sous le nom de « Journal de Troyes et de la Champagne méridionale » dont le dernier numéro est de novembre 1795. Il avait eu des concurrents en 1790 : le « Patriote français Cadet » et le « Patriote troyen », qui eurent chacun 7 numéros.

 

         Lettres de faire part : une des occupations des presses troyennes au XVIII° siècle était la confection des lettres de faire-part de mariages, et surtout de ces immenses invitations aux obsèques. Certains de ces billets sont remarquables par la grandeur de leur format et la variété des ornements funèbres dont ils sont chargés. Sous l’ancien régime, les billets étaient ordinairement distribués en ville part les jurés-crieurs de vin et d’enterrements.

 



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