C'est notre histoire



Entrevue de Clovis et de Clotilde


Après que Clovis (né en 466), eut défait, près de Soissons, le patrice Siagrus, gouverneur pour les Romains de la dernière province des Gaules, reconnaissant encore le pouvoir de ces anciens maîtres du monde, la cité des Tricasses, qui, depuis cinq siècles, avait, comme plusieurs autres, courbé sa tête humiliée sous le joug étranger des Césars, s’en vit tout-à-coup et pour toujours affranchie pour passer sous la domination naissante de ce jeune roi des Francs et s’incarner avec elle.

 

Le peuple de la ville de Troyes, dans cet âge d’or de son église où ses évêques ne savaient être que des saints, toujours guidés par le flambeau de la vraie foi que faisait briller à ses yeux saint Camélien, le successeur immédiat de saint Loup, et rassuré qu’il était par son catholique pasteur qui sut comprendre les garanties que Clovis offrait à la foi romaine, n’eut rien à redouter, pour l’orthodoxie de sa croyance, de la part de son nouveau maître, tout idolâtre qu’il était, comme les nations de la Germanie. Ce prince païen et à demi barbare se convertit à la religion catholique. Une simple femme opéra cette merveille, et Clovis reçut des mains de saint Remi, à Reims, l’eau sainte du baptême qui le fit chrétien.

 

Clotilde, jeune orpheline (née entre 465 et 474), cruellement éprouvée par le malheur (fille de l’infortuné Chilpéric, égorgé par son frère Gondebaud, fils de Gondioc roi des Burgondes, qui noya la femme de Chilpéric en lui attachant une pierre au cou), « apporta sur le territoire des Tricasses l’aurore d’un beau jour dont la lumière bienfaisante rejaillira sur tous les siècles ».

 

La ville de Troyes, la première de toutes les cités des états du fils de Childéric, aura l’honneur de posséder dans son enceinte, cette princesse accompagnée de son auguste époux. Cette fille courageuse avait su, dans sa captivité, au sein d’un pays infesté de l’hérésie arienne, sous la main de son oncle Gondebaud, arien lui-même et l’auteur de tous ses maux, faire sa consolation de l’étude et de la pratique de la religion de l’église romaine. Personne n’était plus propre que cette jeune princesse, d’une piété si éclairée et d’un esprit si distingué, à servir les desseins secrets de la Providence avait sur la maison de Clovis et le puissant empire des Francs qu’il voulait affermir et faire marcher à la tête des nations catholiques. Ce jeune héros, malgré sa valeur, sentait le besoin de se choisir une compagne pour partager avec elle le diadème qu’il venait de ceindre, et transmettre dans sa famille, avec son sceptre, les états soumis à sa puissance. Touché de la beauté, de l’esprit et des malheurs de Clotilde, Clovis jeta les yeux sur elle pour la faire asseoir sur son trône. En politique adroit, il chercha à se ménager l’alliance et l’amitié de Gondebaud roi des Burgondes et oncle de celle qu’il ambitionnait pour épouse.

 

Aurélius, illustre gaulois, fut l’homme qu’il choisit pour le députer à ce prince, en l’année 493, et lui demander sa nièce en mariage. Cet ambassadeur, avec sa suite, offrit les présents de Clovis, et obtint la princesse. Clotilde ne consentit à épouser Clovis qu’à la condition qu’elle serait libre dans la profession de la foi de l’église romaine, qui était sa religion, que les enfants qui naîtraient de leur union seraient baptisés et élevés dans la foi catholique, enfin que Clovis lui-même se ferait instruire et embrasserait la croyance de son épouse. « Ces 3 clauses reçurent leur exécution ».

 

Aurélius la fiança au nom de son maître, en lui donnant, suivant l’ancienne coutume (depuis un temps immémorial) des Francs, un sol d’or et un denier d’argent pour prix de sa liberté. Il lui demanda ensuite la permission de la conduire au lieu où Clovis était convenu de venir la recevoir. Gondebaud, craignant d’irriter un prince si valeureux, accorda tout ce qu’on demandait de lui, et fit préparer de suite le trousseau et tout ce que réclamaient les noces d’une telle princesse. Elle monta dans une basterne qu’on lui avait apprêtée : c’était une espèce de char couvert tiré par des boeufs, selon l’usage des Romains, pour les grandes dames, et Aurélius l’emmena sans différer, suivi de son monde et de plusieurs chariots chargés des effets de la reine des Francs. En chemin, Clotilde, apprend que l’ambassadeur de son oncle est de retour, et envoie des cavaliers à sa poursuite. Elle quitte la voiture et s’enfuit sur un cheval avec Aurélien, vers la frontière des Etats de Clovis. Arrivée, elle s’écrie : « Je te rends grâce, Dieu tout puissant, de voir le commencement de la vengeance que je devais à mes parents et à mes frères ! ».

 

Clovis s’était avancé de Soissons par Troyes, pour aller au-devant de sa fiancée et l’attendre à 16 kilomètres, « dans un lieu nommé Villery, du canton de Bouilly ». C’est là que se fit leur première entrevue.

 

Ce village servait les desseins de Clovis, car appuyé « sur les derrières par la ville de Troyes, fortifiée par les Romains, et, à sa droite, du côté du couchant, par la forteresse de Mont-Aigu, cette antique sentinelle de la cité des Tricasses » qui la couvrait alors du côté des Burgondes, et qui devait être largement pourvue de soldats de la part du roi des Francs, pour tenir en respect ce pays nouvellement conquis et porter la crainte dans les états de Gondebaud.

 

C’est en 498 que Clovis reçoit le baptême de la part de l’évêque Rémi à Reims, et il devient le premier roi chrétien. Près de trois mille guerriers francs reçoivent aussi ce baptême.

 

En 508, Clovis quitte Soissons pour Paris et en fait sa capitale. Il s’installe dans un palais situé dans l’île de la Cité. Seul maître des Francs, son royaume s’étend du Rhin jusqu’aux Pyrénées.

 

Pour affirmer sa foi chrétienne récente, Clovis, à la demande de la reine Clotilde, fait construire une basilique sur une colline proche de Paris. Il est enterré dans la crypte avec Clotilde. Un peu plus tard on y dépose les reliques de Sainte-Geneviève et la basilique prend son nom. A cet emplacement Louis XV fera construire le Panthéon.

 

De Clotilde, Clovis aura quatre enfants : Ingomer qui meurt très jeune, Clodomir en 495, Childebert aux alentours de 497, Clotaire en 500.

 

Clovis décède en 511.

 

Clotilde, retirée à Tours, auprès du tombeau de saint Martin, où elle paraissait entièrement oublier qu’elle avait été reine, et que ses enfants étaient assis sur le trône, ses pensées n’étant que pour le ciel, meurt le 3 juin 545, « vivement regrettée des peuples et du clergé romain qui perdait en elle sa plus constante protectrice ».

Juste avant la guerre 1939/1944, avec les scouts de la 2° Troyes, conduits par Celso Silvério, nous avons posé une pancarte rappelant ce fait à Villery !

 

 

 

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