Troyes et l'Aube précurseurs



Invention Urate calcaire


Une fois de plus, les Troyens et les Aubois ont été des précurseurs.

 

         En 1820, la Compagnie Donat ouvre un « Entrepôt Principal d’Urate de Calcaire ».

 

         Cet engrais ne risquerait pas d’être interdit à la vente en 2019, et aurait droit, en raison de ses qualités naturelles, à la mention «  bio » !

 

         L’urate était un engrais nouveau, actif, puissant, peu dispendieux, facile à transporter, plus facile encore à répandre. Il conserve sans détérioration toutes les matières animales, les sels, les alcalis contenus dans les urines.

 

         Cet engrais à base de calcaire améliore le sol pour plusieurs années, il se répand en moindre quantité qu’aucun des engrais connus.

 

         Un setier ou 150 kilogrammes (6 boisseaux) suffit généralement pour l’arpent de 100 perches (ancienne mesure de longueur) de 22 pieds (32 cm) chaque, ce qui répond à 3 hectolitres par hectare, chaque hectolitre pesant environ 100 kilogrammes (4 boisseaux).

 

         L’urate se dissout aisément dans l’eau, son action est d’autant plus prompte que la pluie survient plus tôt après qu’il a été répandu sur terre.

 

         L’époque de son emploi est indiquée par la nature des terres et le mode de culture. Cependant les terres légères et sablonneuses paraissent mieux lui convenir. Sur les terres qui ne retiennent pas l’eau, il convient de le répandre aux semailles d’automne. La fraîcheur de la terre et les pluies ordinaires dans cette saison hâtent sa dissolution, et le grain acquiert plus de vigueur pour résister aux rigueurs de l’hiver.

 

         Néanmoins, si les semailles ont lieu très peu de temps avant les fortes gelées, il convient mieux de ne faire emploi de l’urate qu’au retour du printemps. L’expérience a prouvé que le grain traité de  cette manière avait donné des produits bien supérieurs à ceux qui n’avaient pas reçu cet engrais.

 

         Les essais, multipliés pendant les années 1819 et 1820, ont été couronnés des plus heureux succès, sur blé, avoine, seigle, maïs, pommes de terre, navets, betteraves, sarrasin, chanvre, vigne, trèfle, luzerne, sainfoin, prairies naturelles, arbustes, fleurs et légumes.

 

         Les blés sont devenus plus forts, ont mieux épié et mûri plus tôt, et le grain en a été plus gros et mieux nourri. Les avoines ont produit le double et un grain très lourd. Les orges ont présenté les mêmes résultats. Le sarrasin a produit du double au triple. Les pommes de terre ont fourni 2 fois plus de bulbes et beaucoup plus grosses, très farineuses et d’un goût exquis. Pour urater cette plante, on prend gros comme une pomme d’api d’urate en poudre, que l’on mélange avec de la terre meuble que l’on met autour des bulbes en les plantant. Les navets ont, par la vigueur de leur végétation, résisté aux ravages des tiquets (ou tiques, insectes qui rongent les premières feuilles des navets pendant la sécheresse). Leur développement a été remarquable, le goût plus fin et la chair plus ferme, la feuille est devenue bien plus volumineuse.

 

         Les betteraves ont porté jusqu’à 28 pouces de circonférence, elles étaient saines, pleines et sucrées. On a été obligé d’en arracher plus de moitié pour faire place aux autres. Les feuilles ont atteint une grandeur extraordinaire.

 

         L’urate a été heureusement employé pour toutes les cultures potagères. Les légumes sont devenus plus beaux, plus savoureux, et d’une végétation plus remarquable. Le mode d’emploi qui a le mieux réussi, a été la dissolution dans l’eau, dans la proportion d’un kilo ou 2 livres pour 16 litres. Un seul arrosement a eu lieu, les autres ont été faits avec de l’eau ordinaire.

 

         Les essais sur la vigne ont également réussi. Deux années consécutives les succès ont été remarquables. La végétation a été plus active, la maturité avancée de 15 jours, la saveur du fruit plus agréable, le fruit mieux nourri, le vin qui en est provenu de beaucoup supérieur à celui des vignes voisines non uratées. Cet engrais est d’autant plus précieux pour la vigne, qu’en général on redoute l’application de tout engrais sur ce végétal, à cause de la détérioration du vin pour plusieurs années.

 

         L’arrosement du pied des arbres fruitiers et forestiers avec cet engrais, a été très utile, tant pour les fruits que pour la force de la végétation.

 

         Il faut remarquer que les engrais ordinaires amènent beaucoup de mauvaises graines sur les champs sur lesquels on les répand. Celui-ci n’a point cet inconvénient, il a de plus l’avantage d’agir sur le même terrain au moins pendant 2 ans, ce qui a été prouvé par les expériences faites en 1819.

 

         La Société royale et centrale d’agriculture a prononcé d’une manière très avantageuse sur cet engrais, dès le 5 janvier 1820, elle a décerné une médaille d’or à son inventeur.



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