Pendant les guerres...



Faits divers sous l'Occupation à Troyes


Vous trouverez ci-dessous quelques documents de faits qui se sont déroulés dans le département de l’Aube sous l’occupation allemande. Je les ai vécus et ne fais que vous les relater, en témoignage.

 

         Aviateurs alliés : le 6 septembre 1943, 9 forteresses s’écrasent dans le département : 15 aviateurs alliés périssent, 15 sont fait prisonniers, quelques uns s’échappent. Nous en hébergeons 1 chez mes parents, à l’angle de la rue Hennequin et du Quai des Comtes de Champagne, pendant quelques jours, puis je l’emmène au nez des allemands se faire faire une photo d’identité pour de nouveaux faux papiers, aux Magasins Réunis qui avaient un Photomaton. La Résistance lui fait une nouvelle carte d’identité et il peut repartir avec mes camarades résistants, vêtu de mes habits et de ceux de mon père.

 

         Quand les Troyens peignaient des « V » : Lettre du Colonel et Commandant Sachsse à Monsieur le Préfet de l’Aube : « Troyes, le 31 mars 1941. Sur toute l’étendue du territoire occupé de la France, également à Troyes, on a peint, sur l’invitation du poste d’émission gaulliste en Angleterre, sur de nombreuses maisons la lettre V abréviation pour victoire et ci et là également la croix de Lorraine. L’autorité occupante considère ce signe comme une provocation systématique qui ne peut être tolérée. Aussi, j’exige de prendre les dispositions à ce que ce signe provocateur disparaisse jusqu’à demain mardi soir. En plus, il y a lieu à informer la population que chaque propriétaire de maison, ou en son absence l’administrateur de la maison, où l’on trouverait des signes provocateurs quels qu’ils soient, sera puni. Les mêmes dispositions et mesures s’appliquent également à toutes les autres villes du département ». (Un peu inconscients, avec quelques scouts, sans le dire à nos parents, nous mettions à la craie des V et des croix de Lorraine sur des maisons habitées par des collaborateurs, et sur nos tableaux au lycée !).

 

         Le S.T.O. (Service du Travail Obligatoire) : On sait que les Allemands ayant besoin de main d’œuvre en Allemagne pour remplacer leurs soldats mobilisés firent venir des travailleurs de l’étranger. Leur propagande annonçait sous le titre de « Relève » que la venue en Allemagne de travailleurs français entraînerait le retour de prisonniers. 600.000 travailleurs partirent, 40.000 prisonniers seulement furent libérés.  D’où cette lettre du Feldkommandant V. Mayer, en date du 26 mars 1943, à Monsieur le Préfet de l’Aube : « Objet : Main-d’œuvre à puiser dans les classes 1920-1922. En l’espèce : mesures en vue de la fourniture du contingent fixé. Contre toute attente et à l’opposé de ce qui se passe dans d’autres départements, la fourniture de main-d’œuvre puisée dans les classes 1920-1922 s’effectue dans le département de l’Aube avec une extrême lenteur. Sur les 800 ouvriers désignés par la commission mixte, pas même la moitié n’a pu être effectivement utilisée comme main d’œuvre, en particulier, la fourniture d’ouvriers pour l’organisation TODT doit être considérée comme nettement insuffisante. Sur un contingent total de 200 ouvriers à fournir, seuls 23 ont effectivement pris le départ. Cet état de chose est inadmissible et je ne le tolèrerai pas plus longtemps… ». (J’étais de la classe 1924, et le docteur chirurgien Mérat m’avait pris dans sa clinique avec lui comme assistant pour opérer, étant donc indispensable à ce service, lorsque ce serait le tour de ma classe !).

 

         Drapeaux blancs : Troyes, le 12 juillet 1944, lettre à Monsieur le Préfet de l’Aube : « Les chauffeurs français ont pris la mauvaise habitude d’arborer des drapeaux blancs aux véhicules automobiles quand ils font des trajets dans l’intérêt français. Ces drapeaux, prétendent-ils les protègent contre les attaques des terroristes et d’aviateurs volant en rase mottes. On sait que ces drapeaux n’empêchent pas les aviateurs ennemis d’ouvrir le feu sur les véhicules qui les portent, il en est de même pour les terroristes.  Du reste, il n’est pas possible que des véhicules français qui sont autorisés à circuler par les autorités allemandes occupantes cherchent à se faire distinguer des véhicules allemands par les aviateurs anglais et les terroristes, en arborant un drapeau blanc. Il est donc défendu d’arborer ce drapeau dans le ressort de la feldkommandantur.

 

                            Le Feldkommandant Schramm, Général major.

 

         Avis du 30 juin 1944 placardé : « Tous les habitants, et en particulier les médecins et autres personnes qualifiées pour donner des soins médicaux, qui soignent des personnes blessées par des armes à feu ou par des engins explosifs sont tenus d’en faire sans retard la déclaration à la Feldkommandantur ou à la Kreiskommandantur allemande la plus proche ou au poste de police le plus proche, en indiquant  le nom du blessé et l’endroit où il se trouve. Celui qui omet de faire cette déclaration encourt des sanctions les plus graves, et, le cas échéant, la peine de mort, conformément à l’ordonnance du 28/12/1942 sur la sauvegarde de l’armée d’occupation ».

 

         Persécution raciale : affiche placardée le 15 juillet 1942 : Objet : Contrôle des orchestres de profession dans l’Aube. Vous êtes priés d’interdire aux musiciens juifs de jouer publiquement dans les orchestres. Vous êtes également priés d’interdire que soient joués des morceaux de musique de compositeurs juifs, anglais ou américains. Un rapport d’exécution devra nous être transmis pour le 15 septembre 1942. Au rapport devront être jointes les déclarations des chefs d’orchestre. La déclaration à signer sera conçue à peu près dans les termes suivants : « Je déclare n’occuper dans mon orchestre que des musiciens de race aryenne et de ne jouer aucun morceau de compositeurs juifs, anglais ou américains ».      

 


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