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Abbaye de Montiéramey



" …Il n’est pas exagéré d’affirmer que toute la région doit sa vie actuelle à l’ancienne abbaye médiévale… dont l’activité a imprimé une marque tenace sur chaque champ, chaque chemin, chaque coutume du pays… ".

Cet établissement monastique, en même temps qu’un des plus anciens, fut un des plus considérables du diocèse de Troyes.

Un prêtre du diocèse, nommé Arremar, fonde un monastère bénédictin en 837, sur un terrain que lui donne le comte Aleran, fidèle serviteur de l’empereur.

Il s’appelle d’abord " la Nouvelle Celle " pour le distinguer de " l’Ancienne Celle " (Montier-la-Celle).

Charles le Chauve en 854 (c’est le plus ancien acte que possèdent les Archives de l’Aube), puis en 864 et en 871, lui accorde d’importants droits et domaines. Le pape Jean VIII en 878, le roi Carloman en 883, le roi Eudes en 892, Charles le Simple (898-923) confirment ses possessions.

L’abbaye devient riche et puissante. De pauvres gens, que cette prospérité attire, viennent se donner à l’abbaye et travailler pour elle, en échange de l’aide et de la protection des moines. C’est ainsi que naissent les villages voisins, Le Mesnilot, Montreuil, le Mesnil-Saint-Père.

Montiéramey a des sujets, tous serfs, astreints à des redevances, dont la plus importante est la taille, et qui sont soumis à la juridiction de l’abbaye.

L’abbaye se recrute surtout dans la population, d’humble condition serve, des villages voisins : 3 abbés sont originaires de Montiéramey même.

Au XII° siècle, le monastère prend le nom de son fondateur et est appelé longtemps Moustier Arramé (1182-1594), Monstierarramey (1353), puis, par contraction, Moutieramey (1472) et enfin Montiéramey (1619), comme aujourd’hui, auquel, avec son nom, le village doit son existence même.

Les comtes de Troyes, comtes de Champagne, se font les alliés du pape Grégoire VII dans sa lutte contre l‘empire des laïcs sur l’Eglise. Le monastère connaît la plus belle période de son histoire. Les puissances, autant temporelles que spirituelles rivalisent à son égard d’une générosité inépuisable : le comte Hugues, les grands féodaux de la province, les évêques de Besançon et de Langres.

A la tête de richesses immenses, l’abbaye de Montiéramey voit sa situation florissante.

Son magnifique temporel marche de pair avec une grande prospérité spirituelle. 9 prieurés sur les 13 que possède le monastère, se fondent alors. Les moines sont nombreux, le sceau des abbés fait autorité. L’un d’eux, Gui III, fait de Montiéramey un centre religieux réputé. Pieux, intelligent, c’est un des personnages en vue de son temps. La sympathie des papes lui est acquise, ainsi que celle d’évêques et autres abbés. Il correspond avec saint Bernard et donne un terrain pour la fondation de Larivour. La translation solennelle des reliques de saint Victor, l’ermite de Plancy, donne un regain de ferveur à la vie mystique de la maison. Matériellement prospère, foyer de vie intérieure, l’abbaye est aussi un centre d’humanisme : le fameux Nicolas de Clairvaux se forme à Montiéramey.

Au XIII° siècle commencent les vraies difficultés.

La Champagne rattachée à la couronne de France, l’abbaye de Montiéramey en subit les conséquences. Les officiers royaux surveillent jalousement les droits du prince. Les ressources s’amenuisent. L’abbaye s’engage dans de coûteux procès contre les seigneuries voisines. Elle doit emprunter, puis ce sont les ventes et affermages de biens. Longtemps bourguignon, le village est alors aux avant-postes des possessions royales. L’abbaye se mue en place forte.

En 1437 et 1438 des inondations mettent le comble aux dévastations et aux pillages. La peste sévit.

L’abbé Pierre de Reynel, énergique, plus homme de guerre que d’oraison, essaie de redresser la situation sur tous les plans : une foire annuelle s’établit à Montiéramey, un fossé complète les fortifications de l’abbaye, un cloître s’élève doté d’une belle fontaine, on fonde la confrérie de saint Victor, des miracles sont opérés par ce saint…

La mort de Charles VII ramène gens d’armes et batailles. L’abbaye, restée fidèle au roi de France, le village est incendié et l’église n’est épargnée que contre rançon.

Bientôt naissent et se développent les abus et les tendances qui, s’affirmant ont conduit à sa ruine l’ordre monastique au soir de l’ancien régime. On y voit les moines s’éloigner de l’ancien ascétisme, reconstituer à leur profit le droit de propriété auquel leur vocation leur faisait un devoir de renoncer, de s’approprier ce qui n’avait été donné que pour le service de Dieu et le soulagement des pauvres. Le ralentissement de la ferveur, l’organisation des pouvoirs laïcs bouleversent au XIII° siècle l’économie de l’abbaye. La guerre de cent ans et les troubles du XIV° siècle en accélèrent la ruine.

L’abbaye de Montiéramey devient un grand corps sans âme, dont les dernières richesses tentent les évêques de Troyes.

Une des premières de Champagne, l’abbaye de Montiéramey tombe en commende au bénéfice de Jacques Raguier, évêque de Troyes (1483-1518).

En 1550, l’abbaye a des possessions dans 66 communes du département !

 

En 1791, l’administration départementale fait preuve de ménagements à l’égard des religieux de Montiéramey et leur permet d’emporter leur mobilier personnel.

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