Les Foires de Champagne



A Troyes, le début des Foires, remonte à la plus haute antiquité, c’est-à-dire aux temps antérieurs à l’établissement des Francs dans les Gaules .

Les Foires de Champagne établies en la Ville de Troyes,   sont plus anciennes que la fondation de la Monarchie. Il suffit de se reporter à la lettre de l’évêque Sidoine Appolinaire à Saint Loup, évêque de Troyes,  en 427, qui parle de celles qui se tiennent à Troyes.

Le comte Thibaud II, en 1137, attire toute l’Europe aux foires de Troyes, en instituant le conduit des foires : " ceux qui attaqueraient les marchands allant aux foires ou en revenant, auraient affaire au comte de Champagne  ". De plus, il construit des équipements, offre des halles, des bascules et des poids et mesures étroitement surveillés. Le roi s’en mêle aussi, ce qui est pour beaucoup dans le rayonnement international de ces foires. Philippe Auguste accorde lui aussi un conduit royal aux marchands qui vont en Champagne : " du moment où ils pénètrent dans le royaume jusqu’au moment où ils en sortent, les voici sous la protection du roi de France. S’en prendre à un marchand fréquentant les foires de Champagne frôle le crime de lèse-majesté " .

Il y a la Foire chaude de la Saint Jean et la Foire froide de la Saint Remy.

Cet extraordinaire rassemblement de marchands aux origines et aux intérêts divers font jouir ces grandes foires d’une "immense ferveur " dans toute l’Europe commerçante.  Il est difficile de se représenter cette cohue de Flamands, d’Italiens, d‘Espagnols et de Provençaux qui venaient alors en caravanes à Troyes pour y vendre et pour y acheter des marchandises qui remplissaient des halles, dans lesquelles s'entassent les produits du monde, et font de Troyes l'entrepôt de leur commerce jusqu'au XIV° siécle..." Le commerce de Troyes était si considérable qu'elle devint une des principales et des plus riches du royaume, ce qui fit dire ‘’Bourses de Troyes’’ et répandit ce dicton dans toute l'Europe. 

 Un nombre important de villes envoient à Troyes leurs draps et leurs étoffes, et le débit devient si considérable que de nombreux étrangers s’établissent dans notre ville, dont la population augmente au grand profit des comtes.

Il vient des marchands de Suisse, Savoie , Londres, Pampelune, Lérida, Barcelone, Espagne, Portugal  ... Il y a les Flamands, les Brabançons, les commerçants s’approvisionnant aux ports de la Scandinavie, ceux des îles Britanniques, de la Weser, de l’Elbe, de l’Oder, de la Vistule, de Prusse, de Russie. L’Asie et l’Afrique y ont leurs représentants de Saint-Jean-d’Acre, de l’Île de Chypre, de l’Égypte, du royaume de Tunis, de la Grèce…

D’Allemagne, viennent les pelleteries du Nord, les fourrures précieuses, le vair, le gris, l’écureuil ; d’Espagne, le merveilleux cuir cordouan… Les épices de toutes sortes recherchées en cuisine comme en pharmacie (sel, poivre, safran, noix muguettes, muscade, gingembre, girofle, anis, réglisse, girofle, cardamome, rhubarbe, cannelle, cubèbe, kermès…), ou simplement les graines servant pour la teinture des draps fins (alun, pomme de paradis, garance, aloès, azur, aspic, galinga, indigo, espode...), se vendent dans la rue de l’Épicerie. On trouve également cire, blé, fèves, pois, choux, aulx, citrons, amandes, encens, soieries, précieuses étoffes d’Orient..., bœufs, chevaux, juments, ânes, pourceaux, poissons de mer salés, huiles, miel, saindoux, suif, fromages de Brie et de Troyes, gaufres, vins français et étrangers, métaux rares et précieux, pierres fines, fer, acier, planches, charbon, vaisselle, matières textiles de toutes sortes, bourses, gants, chapeaux, chausses, mercerie, tapis, miroirs, parchemins, futailles, cordages, roues, charrettes, coutellerie, orfèvrerie, miroirs, coupes d’or et d’argent... et surtout les draps...

Les échoppes des changeurs groupées autour de Saint Jean, scintillent d'espèces d'or, d'argent, de monnaies de tous les pays.

Les troupes de bateleurs, de baladins, de musiciens, de ménétriers et de danseurs n'y manquent pas.

 

Des fils prodigues achètent des chevaux arabes, des faucons, des chiens de chasse, des lévriers de prix, des femmes enlevées aux Sarrasins, " d‘autres font des emplettes qu‘ils dérobent aux yeux des curieux et ne rougissent point d‘entretenir, par de riches présents, des relations criminelles avec des courtisanes "...  

Les prostituées paraissent aussi et dépouillent les marchands imprudents. Les ménestrels viennent chanter aux foires la chanson de Roland...

On trouve de tout, aux Foires de Champagne, même, si l'on en croit un joli fabliau, " le bon sens qu'une épouse demande à son mari volage de rapporter de la foire de Troyes ". Comme l'on y échange non seulement des marchandises, mais aussi toutes informations nécessaires au commerce, leur fréquentation devient indispensable pour tout marchand sérieux, et se nouent des relations financières, qui survivront jusqu'au XV° siècle. Vient même le jour où, pour signifier le comble de l'ignorance, l'on dit :" ne pas savoir ses Foires de Champagne ".

Ainsi, les itinéraires commerciaux font de Troyes le pivot des échanges internationaux, pour plusieurs siècles.

Le roi Charles IX dit que " Troyes est l'entrepôt des parties les plus commerçantes de l'Europe ". 

Mais, les guerres de religion, ligue, brigandage, interrompent et ruinent les Foires de Troyes qui ont fait sa fortune. 

 

La grande diversité des poids et mesures d’un pays à l’autre exige un strict contrôle et l’adoption d’un étalon unique tels l'aulne et le poids de Troyes, un poids dont le système anglais actuel conserve des survivances.

 

Aujourd'hui, nos Foires de Champagne durent une dizaine de jours et ne sont que le pâle reflet de leurs ancêtres !

 


Sur le bandeau du  bas de chaque page, vous cliquez sur "Plan du site", qui est la table des matières, et vous choisissez le chapitre qui vous intéresse. 

Cliquez sur "Nouveaux chapitres"  vous accédez aux dernières pages mises en ligne.