La Révolution



Réaction Thermidorienne à Troyes de novembre 1794 à mars 1795


Ces Ephémérides du témoin J-B. Comparot de Longsol, premier président de l'élection de Troyes, reproduites textuellement, peignent au naturel la vie intime de la société bourgeoise de Troyes pendant la première période de la réaction contre le système de la Terreur. Au moment où il commence ses Ephémérides, la Révolution à Troyes sortait progressivement de sa période la plus violente et s’inspirait d’un certain esprit de conciliation.

 

         « 21 novembre 1794 : discours sur « la Vertu et les Mœurs dans une république » par le citoyen Houdbert, dans le sein de la Société populaire de Troyes.

 

27 novembre : le citoyen et la citoyenne Pierre Milley, horloger, ont leur liberté définitive, ainsi que Mlle de Villebertin et Mme de la Rouère.

 

28 novembre : brouillard épais. Je réclame la levée des scellés posés sur les meubles de mon château de Longsol.

 

30 novembre : beau soleil, gelée blanche. François Victor Gachez, ancien maître d’école de la Vacherie, le seul maire sans-culotte qu’ait eu la ville de Troyes (24-10/23-12-1793), homme sans valeur intellectuelle et morale est exposé au poteau, il n’était pas d’origine troyenne. Bourdon, ci-devant curé de Luyères, précédemment prieur de Châtillon-sur-Seine, qui s’était marié avec sa servante, fort jolie, dit-on et intelligente, et vit à Montsuzain, propose à la Société populaire de nommer une commission de 12 membres pour examiner le conduite des détenus afin d’envoyer les plus criminels au tribunal révolutionnaire.

 

1er décembre : victoire complète remportée les 27 et 29 brumaire sur les Espagnols est annoncée par le « Courrier républicain ». Le citoyen Antoine Simon, cordonnier, jacobin, de Troyes, instituteur du fils de Capet, ayant été guillotiné, est remplacé par 3 commissaires, hommes probes, chargés de veiller à l’éducation et à l’instruction de l’orphelin. Le député Bailly, ex oratorien de Troyes, marié depuis la suppression des Ordres religieux, accompagné de sa femme, vient à Troyes et dit qu’il avait 10.000 incarcérés à mettre en liberté. La Convention l’a nommé son secrétaire et l’a admis dans le « Comité de sûreté général ».

 

2 décembre : brouillard. On envoie à Paris une liste de 72 dénonciateurs. Nous dînons, ma femme, ma fille et moi, chez M. de Beaujeu avec mesdames de Mauroy (son époux est maréchal de camp et officier d’artillerie) et de la Huproye et le chevalier de Beurville.

 

3 décembre : le citoyen Doublet curé de Saint-Martin-ès-Vignes, le citoyen Ferranville, génovétain (congrégation qui observe la règle de saint Augustin, dont le nom vient de sainte Geneviève), prieur curé de Viâpres, l’abbé Damoiseau de Chaource, Omellan curé de la Loge, Jean-Baptiste Collinot curé de Chesley, Jean-Edme Devillard, chanoine de Saint-Etienne, reçoivent leur élargissement et sortent de prison.

 

4 décembre : je passe la soirée chez Mme de Riancey avec Mme de la Huproye, Mme Romain, Mme Camusat-Noël, Mme Berthelin… Le représentant Bô a été très mal accueilli et harangué fort peu agréablement, par un sans-culotte qui lui a reproché de manger la farine pendant qu’il faisait manger du son, d’embêter le peuple, d’être un scélérat, de s’être logé au Moulinet pour faire bonne chair, l’a emmené souper avec des sans-culottes pour lui faire manger du pain d’orge et de sarrasin.

 

5 décembre : beau temps. Le citoyen Rondot fils, dessinateur et orfèvre, est incarcéré en la maison d’arrêt du département de l’Aube, comme dilapidateur et destructeur des beaux-arts à la collégiale de Saint-Etienne, à l’abbaye de Saint-Loup, à la cathédrale… en 1789, avoir fondu les métaux (les cendres et un lingot en sont la preuve). On lui reproche également d’avoir détourné de la Société populaire les dons patriotiques, pour les faire passer à la Convention, d’avoir, comme président du Comité révolutionnaire, aidé ses dignes collègues à dévorer, dans l’espace de 14 mois, 52.000 francs en dépenses qui auraient pu passer pour secrètes, d’avoir dans ses orgies signé des mandats d’arrêt contre ses concitoyens qui osaient douter de son patriotisme, ou réprouver que ses satellites armés arrachaient leur argenterie aux citoyens paisibles, d’avoir fait dresser l’échafaud et la guillotine permanente sur la place du temple de la raison (la cathédrale), d’avoir fait retirer du temple tous les objets du culte catholique qui s’y trouvaient, et transporter le tout à la maison commune, pour l’envoyer à la Convention nationale… Je vais à 6 heures, à la maison commune, où j’assiste à la séance publique du Conseil général.

 

6 décembre : beau temps. Le chanoine Lambert et le prêtre Desjardins, incarcérés dans les bâtiments Saint-Loup sont élargis. 25 hussards sont envoyés à Arcis-sur-Aube pour réquisition de grains.

 

7 décembre : beau temps. Beaucoup de monde autour de la ville : on dit que le club s’épure et rejette, l’un après l’autre, les 24 membres.

 

8 décembre : brouillard le matin, pluie ensuite. Le citoyen Collinot a eu une querelle avec la municipalité : il réclame inutilement du gros sel pour la valeur de 50 francs qui lui ont été pris par les commissaires, et qui lui sont remis en assignats. Je vais à 8 heures retrouver ma femme chez Mme de la Huproye. On donne la liste des nouveaux administrateurs du département.

 

9 décembre : Un prêtre, ci-devant religieux Mathurin, a acheté le domaine de Sacey (Rouilly), anciennement village avec château-fort, il a un train de campagne considérable, il veut épouser Emilie et lui a déjà fait cadeau d’une montre en or.

 

10 décembre : la carte civique m’est accordée unanimement.

 

11 décembre : le Comité républicain abroge toutes les lois précédentes concernant le civisme des citoyens. Les 79 députés proscrits et enchaînés si longtemps sont rappelés à leurs fonctions. Vers quatre heures et demie du soir, je me rends sur la place d’armes pour monter ma garde. Je fais, depuis 7 heures jusqu’à 8 heures, une faction dans la cour de l’Hôtel de Ville contre les canons, puis une faction sur le perron, une patrouille jusqu’à la porte de Saint-Jacques Je suis resté le moins que j’ai pu dans le corps de garde, à cause de la fumée qui me fatiguait la vue.

 

12 décembre : 120 hommes du 18° régiment de cavalerie arrivent à cheval et 50 à pied. Ils viennent de la Vendée, resteront quelques temps, puis passeront par Brienne où ils séjourneront aussi et iront à Strasbourg. Ils disent que les habitants de la Vendée font la guerre comme des brigands, ont des fusils à leur portée en faisant leurs travaux des champs, tuent tous les patriotes qu’ils trouvent isolés, se volent les uns les autres et s’égorgent même entre eux.

 

13 décembre : il me tombe sous la main un imprimé concernant un mouvement des ouvriers de Paris qui se rassemblent sous prétexte qu’ils ne sont pas suffisamment payés.

 

14 décembre : la Convention montre de l’indulgence pour les officiers de marine et les invite à rentrer en France.

 

16 décembre : 2 fâcheuses nouvelles se répandent : la première, que nous avons été battus avec perte considérable devant Mayence, la deuxième, que notre armée de Sambre-et-Meuse a déserté pour la majeure partie. Lecture au club du jugement qui condamne, pour faux, le vertueux Gachez, ancien maire de Troyes, au pilori et à 8 années de fers ou galères.

 

17 décembre : commencement des gelées. On voit Rousselin arrêté.

 

         18 décembre : belle gelée sèche et beau soleil. Tous les militaires qui ont obtenu des congés retourneront dans leur corps respectif. L’abbé Suard et le chevalier de Saint-Georges ont reçu leur liberté. Les communes voisines de Larrivour annoncent qu’il y a beaucoup de loups dans les bois du voisinage. Tous les chasseurs doivent se réunir dimanche en grand nombre pour traquer ces animaux.

 

19 décembre : belle et forte gelée. Carrier, le trop fameux conventionnel qui donna libre carrière à ses instincts féroces a été guillotiné sur la place de Grève.

 

         21 décembre : la Société populaire fait lecture de la liste de ses membres et celle de ceux qu’elle vient de rejeter avec les reproches qu’on leur fait.

 

         25 décembre : la neige est tombée toute la nuit et toute la matinée. Les sections s’assemblent relativement aux grains qui manquent et à la famine.

 

         26 décembre : temps doux. Il est convenu d’une souscription pour faire acheter du grain. Pendant un certain laps de temps, on est réduit à une demi-livre de mauvais pain par personne.

 

         27 décembre : neige abondante.

 

         6 janvier 1795 : temps noir, givre et brouillard. Une lettre a été envoyée à Paris pour obtenir de la Convention des secours. La ville de Troyes reçoit 40.000 livres.

 

         9 janvier : brouillard et givre le matin. On assemble le bataillon pour lire un nouveau règlement de la municipalité pour la garde nationale.

 

11 janvier : soleil, mais violente gelée avec un givre épais. La citoyenne Chanut doit épouser le fameux comte de La Motte à Bar-sur-Aube.

 

12 janvier : givre, temps sombre. Le comte de La Motte et la femme divorcée du citoyen Chanut se présentent à la municipalité pour contracter mariage. On trouve que ses papiers ne sont pas en règle, qu’elle a encore besoin d’un délai de 5 mois. Elle a divorcé, non pour cause d’émigration, ni comme femme abandonnée, mais pour incompatibilité de caractère, et, dans ce cas, pour se remarier, il faut un délai de 10 mois avant de contracter un nouveau mariage. Elle prie, supplie, déclare qu’elle est grosse de 6 mois. L’officier persiste à lui refuser l’état-civil demandé.

 

13 janvier : des ordres de la Convention, pour faire fermer toutes les églises de campagne, arrivent au district. On lit au club, une proclamation de la municipalité pour annoncer, qu’à dater du 1er février, les boulangers cuiront, qu’on ira prendre le pain chez eux avec une carte donnée à cet effet, à tous les citoyens qui seront dans le cadre d’en avoir, que le pain sera payé, par les gens aisés 7 sols ½ la livre, 6 sols pour les indigents. On invite les citoyens à ne pas perdre leur carte, parce que, s’ils la perdaient, on ne leur en donnerait pas une autre. Il est question du mariage de la comtesse Charles de Loménie de Brienne, avec le citoyen Pavée-Villeneuve, frère du citoyen Pavée de Vendeuvre. Le citoyen Arnould Godinot, marchand, a acheté le château de Villemoyenne.

 

14 janvier : froid vigoureux. La Convention décrète que ses membres seront payés sur le prix de 36 francs par jour au lieu de 18 francs, avec effet rétroactif jusqu’au 1er vendémiaire (21 septembre 1794).

 

15 janvier : toujours un des plus rigoureux hivers. La fille de Mme de Nogent, on la dit d’une beauté rare, a fait connaissance de M. Bouchut, fils d’un maître de forges. Il demande, pour se marier, le consentement de ses parents, et se marie sans. Après son mariage, elle a écrit à son père Edme-Paul de Nogent, qui renvoya la lettre sans l’ouvrir. M. Bouchut père, est un homme de probité et de talent, possédant bien la science de son industrie : c’est lui qui a fait l’article des « Forges », dans l’« Encyclopédie ». Il avait été élevé chez un chanoine de Langres dans sa jeunesse. Il avait pour beau-frère le baron de Montbel, descendait d’un premier président du Parlement de Dijon, et avait épousé Françoise-Sophie-Pauline de Nogent, fille de l’unique seigneur d’Eclance.

 

16 janvier : les bois du clocher de Saint-Pierre sont portés à Saint-Loup pour chauffer les prêtres qui y sont enfermés et qui manquent de tout.

 

17 janvier : neige. Mon voisin et deux autres (ci-devant écorcheurs) sont depuis 3 mois, instituteurs publics des écoles nationales avec 900 francs d’appointement.

 

18 janvier : neige. Meusnier qui a été arrêté pour dégradations commises au château de Villebertin est arrêté.

 

19 janvier : le thermomètre dépasse – 20°. On dit que dans 1 mois, 40.000 hommes, venant de la Vendée, passeront par Troyes. Un certain nombre de prisonniers arrivent, on les loge aux Jacobins. Le particulier mis aux Cordeliers, ces jours passés, pour avoir crié qu’il fallait du pain et un roi, y est mort de froid dans un cachot.

 

20 janvier : le pain, l’eau et le vin gèlent dans le buffet de la salle à manger. Il y a très peu de pain dans les sections. On annonce la fête au son du tambour.

 

21 janvier : gelée moins forte. Le « Courrier républicain » annonce un décret portant la mise en liberté de tous les individus condamnés par le tribunal révolutionnaire à la déportation, parce qu’il n’y avait pas de motifs suffisants pour les condamner à mort. Les tambours annoncent la promenade civique, ils battent le rassemblement dans quelques rues où ils sont insultés. Ils cessent de battre et vont faire leur rapport à la municipalité. La municipalité elle-même est insultée par un nombre considérable de femmes, près le Palais. On transporte le char dans les faux-fossés.

 

22 janvier : il neige. La citoyenne Huproye et son fils partent pour Paris, après dîner, en poste.

 

23 janvier : gelée très forte. La café se vend 55 sols, la cassonade le même prix en argent, le sucre 8 francs en argent et 10 francs en papier, le riz 20 sols en argent. Je me décide à acheter 3 livres de café noir, une livre de riz, dans la crainte de la famine, les moulins ne pouvant plus moudre.

 

24 janvier : le vin gèle dans les caves, beaucoup de puits sont gelés.

 

25 janvier : le thermomètre marque – 22 °. Dans l’après-midi, les coqs des clochers de Saint-Remi et de Saint-Loup paraissent au sud-ouest et au nord-est, ce qui annonce un changement de temps prochain. C’est aujourd’hui le 40 ième jour de gelée continuelle.

 

26 janvier : il neige. Le soir, verglas considérable.

 

27 janvier : la neige fond sur les toits et envahit les cuisines et les caves.

 

28 janvier : le dégel continue, les plafonds détrempés tombent dans la chambre de ma femme, l’eau coule le long des murs et des lambris dans toutes les chambres. Je fais casser la glace devant ma porte. Les nouvelles publiques arrivées aujourd’hui annoncent la conquête de toute la Hollande et que les Français sont à Amsterdam. Grande alarme dans le Quartier-Bas. Les maisons situées entre l’hôpital et le pont sont menacées d’être renversées par les glaces. On apprend que dans la nuit du 5 au 6 pluviôse (24 au 25 janvier), le feu a pris dans la diligence de Dijon. Les 4 roues seules ont échappé aux flammes. On soupçonne que quelques charbons du couvet d’une voyageuse en sont la cause. C’est la même voiture dont le dernier roi s’était servi pour se sauver et dans laquelle il a été arrêté à Varennes. La débâcle cause les plus violentes alarmes du côté des blanchisseries, à la Vacherie et à Fouchy. On bat la générale à 1 heure du matin. On fait relever tout le monde. Vers 6 h 30, on bat de nouveau la générale. On a conduit quelques hommes du côté des moulins à papier et de la chaussée des Blanchisseurs. Ils sont revenus sans avoir rien fait.

 

29 janvier : la gelée reprend. Une motion est faite au club pour dresser la liste des terroristes. On applaudit et il est demandé qu’on y mette tous ceux qui se sont rendus coupables de crimes et de forfaits. Il est proposé déjà une liste de 100 personnes.

 

31 janvier : le vent tourne à la pluie. Le représentant Albert, député du Haut-Rhin, envoyé à Troyes par la Convention, est arrivé hier soir.    

 

2 février : le représentant Albert vient au club, annonçant qu’il ne partira pas tant que la ville soit bien approvisionnée.

 

3 février : neige puis gelée. Je vais le matin présenter une pétition au représentant Albert, qui est un homme d’une fort belle physionomie et fort honnête. On joue la comédie pour le représentant. Il a été à l’abbaye de Saint-Loup, pour annoncer aux prêtres renfermés qu’ils auront incessamment leur liberté.

 

4 février : neige abondante. On annonce le mariage de M. Doé avec Mlle de Loynes de la Forge.

 

5 février : petite gelée, puis pluie abondante. M. Doé père vient me faire part du mariage de son fils. Le représentant Albert rend avec honnêteté  la justice la plus scrupuleuse. Il a fait venir Duguet, maître de poste des Grès, lui a reproché de faire payer les chevaux un prix excessif, de souffrir que ses postillons exigeassent 6 francs pour leur course, ou bien refusaient de donner des chevaux passé 4 heures du soir, pour forcer les étrangers à rester chez lui pour coucher, et qu’il profitait de leur séjour forcé pour leur vendre ses denrées le prix qu’il voulait. Le représentant Albert a exigé que, pour réparer ses torts, il fit venir 20 boisseaux pour les indigents de la ville.

 

6 février : pluie abondante. Le représentant Albert va rendre la liberté à tous les prêtres enfermés à Saint-Loup. M. Loynes vient me faire part du mariage de sa fille.

 

7 février : renouvellement des autorités constituées par Albert. On assure que la foire sera placée dans l’église Saint-Pierre. Lors de sa séance, la Société populaire de Troyes a esquissé le tableau dont le commissaire civil national s’est rendu coupable, qui a fait dresser une guillotine sur la place de la Liberté (place Saint-Pierre), « il n’y a pas de monstre qui ait accumulé plus d’horreurs et de forfaits à Troyes ».

 

8 février : renouvellement de la garde nationale par Albert. Avec ma section, j’assure le représentant que nous ne désirons que la République une et indivisible, et le félicitons sur sa mission… A la comédie, Albert fut acclamé, une personne qui figurait une déesse, descendant du ciel, posa une couronne civique sur la tête du citoyen Albert.

 

9 février : les glaces de la rue fondent. La Moline, la Vacherie, les Tauxelles, sont encore inondées.

 

10 février : j’apprends que M. de Chambaut est mort de froid pendant les excessives gelées.

 

11 février : la neige et la glace ont entièrement disparu de nos cours. Il y a une affiche à la porte du club qui dénonce le représentant Albert comme aristocrate. On découvre que l’auteur est le ci-devant prêtre Bavoillot. Il est conduit aux Cordeliers, les scellés sont mis sur ses papiers.

 

12 février : vent et pluie violents. J’apprends que l’abbé Bavoillot, prêtre de la façon de l’évêque Sibille, a une sœur qui sans doute est jolie, mais libertine connue, puisqu’il est à la connaissance de toute la ville qu’elle était maîtresse du crapuleux Gachez, maire, qui lui a rapporté de Paris, pour 2.000 écus de bijoux et d’ajustements.

 

13 février : Bavoillot a affiché une deuxième fois, mais a été pris sur le fait et conduit au Comité révolutionnaire. On dit que le citoyen et la citoyenne Thezenas-Delaporte, négociant ancien officier municipal seront incessamment aux Cordeliers.

 

14 février : grand vent de bise. Madame Despence a été à une vente qui se faisait à l’église, elle avait un chapeau noir et un ruban noir. Quelque sans-culotte a crié que c’était un chapeau contre-révolutionnaire, parce qu’il portait une cocarde noire sans la cocarde nationale. On s’est amassé autour d’elle, on l’a conduite au Comité révolutionnaire, qui l’a condamnée à 10 jours de prison et a décerné un mandat contre elle. Son mari, averti de cette condamnation, est arrivé. Il a démontré que, si sa femme n’avait pas de cocarde, c’était un oubli. Enfin, on lui a rendu sa femme.

 

15 février : gelée forte. La Huproye est enfin en liberté.

 

16 février : on parle de la fille Véchot qui, vint annoncer dernièrement à son père qu’elle allait se marier. Le père lui a rappelé sa conduite passée et lui a déclaré que sa porte ne lui serait jamais ouverte que quand elle se comporterait d’une façon plus décente. Le représentant Albert a donné au citoyen Nicolas Véchiot une gratification de 1.200 francs, pour le dédommager de sa captivité et des frais dans lesquels sa captivité et son voyage au tribunal révolutionnaire l’ont entraîné. En outre, le représentant veut que Véchiot soit employé.

 

17 février : l’abbé Bottot de Villemoiron est élargi. On lit dans le « Courrier républicain » du 27 pluviôse (15 février), à l’article « Nouvelles de Paris » : la femme d’un membre du Comité révolutionnaire avait l’imagination tellement frappée par les discours de son anthropophage d’époux et par le spectacle habituel des victimes traînées à l’échafaud, qu’elle vient d’accoucher d’un monstre dont les mains étaient attachées derrière le dos, comme s’il allait être guillotiné. Le monstre est mort.

 

18 février : vent violent et forte gelée. On assemble les bataillons sur leur place d’armes pour la nomination de l’Etat-major, des officiers et des sous-officiers, depuis 1 heure jusqu’à 5 heures.

 

19 février : gelée très forte. On assemble encore les bataillons, qui se rendent à la maison commune, puis à la place Saint-Pierre pour y prêter le serment. Cette cérémonie se fait au bruit du canon.

 

20 février : neige. Le citoyen Lemuet, arrêté le 27 avril 1792, est enfin de retour.

 

21 février : on crie et l’on vend par les rues la sentence qui condamne Gachez à 8 années de fers.

 

22 février : il a plu, ce qui fait du verglas. Le « Courrier républicain », organe des Comités de sûreté générale et des finances informe que la permanence des conseils généraux des districts est supprimée, que les administrateurs du département sont réduits à 5, qu’à compter du 1er germinal il n’y aura plus de comités révolutionnaires dans les chefs-lieux de districts, ni dans les communes dont la population n’atteint pas 50.000 âmes.

 

23 février : ce qui restait des poissons dans les canaux de mon château de Longsol a entièrement péri, parce que la glace avait pénétré jusqu’au fond, d’autant plus aisément qu’il y avait beaucoup de bourbe et d’herbages. Lemuet constate qu’il a échappé miraculeusement à la guillotine. Robespierre, quelques jours avant sa mort, avait commencé à faire vider Bicêtre sous prétexte de révolte. 2 voitures de déportés étaient déjà parties, Lemuet serait parti par la 3ème ».  

 


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