Ordonnances, lois...



Les jours de fermeture obligatoire des boutiques de coiffeurs à Troyes, sous Louis XV


            C'est le 1er janvier1769, vers la fin du règne de Louis XV, que parait avoir été publiée la première liste des Barbiers, Perruquiers, Baigneurs et Etuvistes de la ville, faubourgs et banlieue de Troyes, établie suivant la date de réception de ces praticiens dans leurs corporations.

 

                      Un demi-siècle auparavant, celle-ci comprenait également les chirurgiens. On pouvait alors se dire « maître barbier-chirurgien » et exercer concurremment les deux professions, la première plus habituellement même que la seconde.

 

                       Les médecins n’avaient jamais admis d’être confondus avec les chirurgiens et leurs puissantes compagnies avaient réussi partout à obliger ces derniers à se joindre aux barbiers et aux baigneurs pour avoir un statut.

 

                       Peu à peu cependant les chirurgiens des grandes villes avaient formé un groupement distinct, dont les lettres patentes obtenues du roi Louis XV, par son Premier chirurgien, en 1723, consacrèrent l’établissement, par la mesure de police suivante :

 

                       « Voulant que les Barbiers, Perruquiers, Baigneurs-Etuvistes aient des marques visibles de leur art, pour la propreté et ornement du corps humain, nous leur enjoignons d’avoir des boutiques peintes en bleu, fermées de châssis à grands carreaux de verre, sans aucune ressemblance aux montres (aux vitrines) des Maîtres Chirurgiens, et de mettre à leurs enseignes des bassins blancs pour marque de leur profession et pour faire différence avec des Maîtres Chirurgiens qui en ont de jaunes avec cette inscription : « Barbier-Perruquier, Baigneur-Etuviste : Céans on fait le poil et on tient bains et étuves ».

 

                      Défendons aux Maîtres Chirurgiens de faire peindre leurs boutiques en bleu, ou d’avoir de semblables châssis à ceux des Barbiers, et aux Barbiers d’avoir des montres semblables à celles des chirurgiens, à peine de 20 livres d’amende et de 100 livres de dommages et intérêts contre chacun des contrevenants ».

 

                       Il y eut longtemps des récalcitrants dans l’un et l’autre camp. Certains perruquiers ne voulurent pas, par exemple, sacrifier leur réputation de « rebouteux » et beaucoup de chirurgiens ne consentirent pas à abandonner les profits dominicaux du rasoir.

 

                       De là, notamment, la lettre officiellement adressée le 1er octobre 1756 par messire Pichault de la Martinière à messieurs les maîtres en chirurgie de Troyes, par laquelle ledit sieur, Premier Chirurgien du Roi, les exhortait encore, pour l’honneur de leur art, à renoncer à la Barberie (boutique de barbier), à tout commerce, à tout trafic…

 

                       Au siècle précédent, du temps de Molière, la situation était bien différente : les Barbiers la dominaient, c’est par eux qu’était tenu le sceptre de la Chirurgie. Ils le tenaient d’ailleurs fort mal et d’une manière très dangereuse, n’ayant pour tout bagage scientifique qu’un simple titre obtenu sans aucune garantie.

 

                       C’est donc par des « artistes » plus habiles à manier les ciseaux que la lancette (petit instrument de chirurgie qui était utilisé pour la saignée, la vaccination et l’incision de petits abcès), que fut prise à Troyes, sous Louis XIV, la décision suivante :

 

                       « L’an 1665, le 20 mai, à l’assemblée tenue par Nicolas Vivien, Lieutenant du Premier Barbier du Roi en la Ville de Troyes, et la Communauté des Maîtres Chirurgiens de la dite Ville, avons de notre pleine et entière volonté, accordé et signé ce qui suit : Savoir, que pour bien et dûment servir Dieu et pour observer les ordonnances de nos Rois, qui nous défendent d’ouvrir nos boutiques et de travailler les bons jours.

 

                       Nous avons résolu d’y obéir, et pour cet effet demeurons d’accord que nos boutiques soient fermées, et de ne pouvoir y travailler : les fêtes des 5 Notre-Dame, Pâques, l’Ascension, la Pentecôte, la Fête Dieu, la Toussaint, Noël, la Circoncision, les Rois, le jour de Saint-Côme et Saint Damien. Et afin que l’on n’y contrevienne, il sera fait visite les dits jours dans les boutiques des dits Maîtres, tant à la Ville que dans les Faubourgs, et ce à la diligence des Premiers Maîtres et du Syndic, lesquels seront obligés de faire payer, à chacun des contrevenants, la somme de 3 livres, avec confiscation des instruments, servant à la Barberie et d’en faire un bon et fidèle rapport à la Communauté ».

 

                       En somme c’était donc, par année, 14 jours seulement de repos assurés aux « Figaros » de ce temps.

 

                       Depuis lors, ont été établies pour eux d’abord, la règle du repos semi-dominical et ensuite la règle légitime du repos hebdomadaire d’une journée complète.          

 


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