Le Département



La Maison de Villiers-lès-Verrières


Ce fut seulement en 1209, presque un siècle après la fondation de leur ordre, que les Templiers s’établirent à Villers-lès-Verrières (arrondissement de Troyes, canton de Lusigny).

 C’est Helvis Chasnel qui, du vivant même de son second mari, voulut entrer en religion comme soeur du Temple, en apportant sa dote aux Templiers, avec l’accord de ses 2 fils.

 

                  Dans les pièces du procès des Templiers, en 1307, 7 frères servants sont mentionnés comme se rattachant à la maison de Villers-lès-Verrières : P. de Verrières, Etienne de Verrières, Etienne de Villers, Jacques de Troyes, Nicolas de Serres, Chrétien de Bicey, et Jean d’Annonia.

 

                  P. de Verrières fut un des 545 Templiers réunis à Paris en mars 1310, pour prendre la défense de l’Ordre. Etienne de Verrières et Etienne de Villers, sont nommés comme témoins dans le procès.

 

                 Jean d’Annonia fit profession en 1293, dans la chapelle du Temple de Villers-les-Verrières. Il fut emprisonné en avril 1310 à l’abbaye de Sainte-Geneviève de Paris (aujourd’hui, lycée Henri IV) et défendit l’Ordre.

 

                 Les Hospitaliers ou Chevaliers de Malte (voir ce chapitre) furent les successeurs des Templiers.

 

               En 1406, la maison de Villers-lès-Verrières était dans un triste état et resta ainsi pendant 30 ans. Elle avait 2 sources de revenus : les moulins et le gagnage (pâturage).

 

               Les Hospitaliers gardèrent la régie de leurs 2 moulins à blé de Villers jusqu’en 1451. Ils furent donnés ensuite à bail à plusieurs preneurs, jusqu’en 1637, date à laquelle ils tombèrent en ruine.

 

            Ils furent cédés en 1649, pour 27 ans, pour que l’on construise 2 moulins et « deux moulages » à blé.

 

              Détruits en 1656, à peine reconstruits, les moulins furent incendiés dans la nuit de la Saint-Luc, le 18 octobre 1689. Restaurés une fois de plus, ils furent à nouveau loués en 1690, 1694, 1698, 1705, 1710, 1714.

 

             En 1716, le commandeur de la Commanderie de Payns, Claude de Louviers, demanda l’autorisation de démolir les moulins de Savières et de Verrières, qui, construits sur un sable mouvant, n’offraient aucune sécurité et exigeaient de continuelles réparations.

 

                Celui de Verrières n’était loué que 100 livres, et il fallait dépenser 5 fois plus pour le réparer. Le Commandeur demanda en 1718 une contre-enquête. Le chapitre envoya alors à Malte un mémoire par lequel il suppliait la « Vénérable Langue » de décider en dernier ressort (la langue hospitalière, est une organisation administrative de l’Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem). En mars 1719, la « Vénérable Langue » nomma commissaires, avec pleins pouvoirs, 2 commandeurs et un procureur. Ils ne se montrèrent pas partisans de la démolition, mais plutôt d’un bail à longue échéance, permettant au meunier de rentrer dans les frais qu’il serait obligé de faire en prenant possession. La règle de l’Ordre interdisait les baux à long terme, et voulait que la mort d’un commandeur entraînât de plein droit, l’éviction de tous ses fermiers, de sorte que ceux-ci n’étaient jamais assurés du lendemain.

 

             Le gagnage : c’est aussi en 1451, comme pour les moulins, que les Hospitaliers cessèrent d’exploiter par eux-mêmes le gagnage de Villers pour le donner à ferme (offrir en location).

 

              En 1530, le locataire, fermier du gagnage et des moulins de Verrières Jean Chenu est le donataire d’un très beau vitrail de l’église de Rouilly-Saint-Loup, qui était alors succursale de Verrières. Au bas de la verrière on lit : « Honorable discrète personne Jean Chenu et Madeleine sa femme ont donné cette verrière. Priez Dieu pour eux ».

 

              En 1542, le locataire, Frère Etienne Picard était prêtre. Il appartenait à la classe des chapelains de l’Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, qui tenait le milieu entre celle des chevaliers et celle des frères sergents. Pour le récompenser des services qu’il avait rendus à l’Ordre, en prenant à ferme le gagnage de Villers, en juillet 1544, le grand Prieur de France le proposa à l’évêque de Troyes, Louis de Lorraine, pour la cure de la Chapelle-Lasson.              L’année suivante, Etienne Picard fut présenté à l’archevêque de Sens pour la cure plus importante de Coulours. Pour concilier son titre de curé avec celui de fermier, et ne pas enfreindre la règle qui interdit les affaires séculières aux ecclésiastiques, comme incompatibles avec leur sainte vocation, Etienne Picard dut faire administrer sa cure par un vicaire perpétuel, et son gagnage par des sous-fermiers.

 

             En 1579 la maison de Villers-lès-Verrières passe aux mains du prince Henri d’Angoulême (fils naturel du roi de France Henri II avec sa maîtresse Jane Stuart, fille illégitime du roi d’Ecosse James IV).

 

              Henri d’Angoulême mort en duel en 1586, la Commanderie de Troyes est détachée du grand prieuré de France, au nom du prince de Joinville qui en était l’économe.

 

             En 1603, Noël Bruslard de Sillery, ambassadeur à la cour d'Espagne, et à Rome, qui avait renoncé à la vie mondaine pour entrer dans les ordres comme chevalier de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, et distribuer ses biens à des œuvres charitables, en particulier pour établir une mission pour évangéliser les Amérindiens en Nouvelle-France, reprit la gestion de la Maison de Villers-lès-Verrières.

 

         Un de ses successeurs, Jacques de la Mothe-Houdancourt eut à batailler, en 1690, contre les habitants de Verrières pour la conservation des droits de la Commanderie. Par suite d’une rupture à la sortie du finage de Clérey, la Seine, sans abandonner son ancien lit, s’en était formé un nouveau et coulait ainsi en 2 bras ou canaux, qui se réunissaient près du moulin de Villers. Les habitants de Verrières s’imaginèrent avoir droit d’usage et de commune sur les terres, pâtures, graviers, saules et autres arbres se trouvant entre l’ancien et le nouveau bras, et en prirent possession. C’était une usurpation, un empiètement sur le domaine du Commandeur. Il leur intenta une action « en matière de complainte et de trouble ». Les habitants envoyèrent des délégués au Commandeur pour le prier d’arrêter les poursuites.

 

          Le 16 ventôse an II (6 mars 1794), le fermier Jean-François Desrey déclare être dans l’intention d’acheter le gagnage et demande sa mise en vente comme bien national. La municipalité de Verrières, par délibération du 3 Prairial an II (22 mai 1794) se prononce pour la vente en bloc, en un seul lot. Le domaine fut estimé « in globo » 55.000 livres. Jean-François Desrey soumissionna pour cette somme le 4 messidor an II (22 juin 1794). Le domaine fut adjugé pour 187.300 livres à Claude Michelin-Lacroix, marchand, à Troyes. 

 

           Cependant, plusieurs cultivateurs de Verrières ne s’étaient pas inclinés devant la décision de la municipalité. Quelques heures avant l’adjudication ils donnèrent un billet : « Il doit se vendre aujourd’hui la ferme du Temple. Pour le plus grand bien et avantage de la République, il est intéressant que la ferme soit vendue pièce par pièce, et ce faisant, vous exécuterez la loi ». L’adjudication fut déclarée provisoire, on en procéda à une autre, et la première ne deviendrait définitive que si la somme de 187.300 livres était supérieure au produit de la seconde. Le domaine fut divisé en 35 lots. Les enchères eurent lieu le 9 Germinal an III (29 mars 1795), et la vente par lots produisit 211.000 livres de plus, soit 398.300 livres, et fut définitive.

 

    


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