C'est notre histoire



Une Jacquerie dans l’Aube


Le département de l’Aube souffre beaucoup de l’occupation étrangère en 1814-1815, sur lequel les troupes vivent.

         Les épizooties déciment le cheptel, le fourrage, l’avoine manquent, consommés par la cavalerie ennemie, les denrées alimentaires sont très chères.

        

Les sous-préfets de Bar-sur-Aube et d’Arcis s’inquiètent de la hausse " qui, disent-ils, risque de se répercuter sur le prix de la vie d’une façon préjudiciable aux ouvriers, dont la condition, par suite du chômage, est déjà peu enviable ".

 

Dans son rapport au préfet de l’Aube, le sous-préfet de Troyes, se montre très pessimiste.

Des ferments de désordre apparaissent en raison du ralentissement de l’activité industrielle, et surtout de l’épuisement des denrées alimentaires et le prix très élevé de celles qui sont encore disponibles.

 

C’est une véritable Jacquerie qui déferle sur les marchés, se répand dans les campagnes, pille les fermes, assiège les villes, ne craint pas de s’attaquer à la force armée et la fait reculer.

 

En 1816, une température froide et pluvieuse, une sorte de déluge, perd toutes les récoltes de blé, de vin, de fourrages, amène la disette et porte au plus haut point la misère du peuple.

En 1817, la crise atteint son plus haut sommet en France et principalement dans l’Aube.

Malgré la taxation des grains et la poursuite des spéculateurs, les esprits ne se calment pas.

Villenauxe voit à plusieurs reprises des émeutes. On tente d’enlever le pain de force le 19 mai. Le 26, 500 individus s’introduisent dans les maisons pour s’emparer des grains, de la farine, du pain. Le 30, le peuple de la campagne se réunit à Villenauxe, taxe le grain et pille de nombreuses maisons.

 

Le 31 mai, jour de marché à Nogent-sur-Seine, les paysans attaquent la ville, en enfonçant les portes et se livrent au pillage des magasins.

 

Rapport du 9 juin adressé au maréchal de camp, commandant le département de l’Aube : " … des bandes parcourent les communes qui avoisinent la forêt d’Othe et y enlèvent les grains qu’ils y trouvent. Le grain enlevé à Saint-Mards est évalué à 90 boisseaux… D’autres bandes se sont portées sur Maray, Ervy, Sommeval, Chamoy, Davrey, Auxon…On parle de 7 à 800 pillards, mais il est certain qu’ils sont plus nombreux ".

 

Rapport sur Troyes : "Une troupe d’insurgés décide d’enlever Troyes et se dirige vers la ville. Elle avance jusqu’à quelques kilomètres du chef-lieu de l’Aube et ce n’est qu’après un combat avec la Garde nationale à cheval de Troyes qu’elle peut être mise en fuite… Le procureur écrit au Garde des Sceaux, le 16 juin, que les événements qui se sont déroulés dans l’Aube les 2, 3, 4 et 5 juin, ont présenté un degré de gravité inconnu jusqu’alors. Le substitut évalue à 3.000 le nombre des individus qui ont pris part aux désordres…".

 

L’Aube est encore longtemps agitée.

 

Il ne semble pas que la politique explique ces émeutes.

Si l’esprit n’est pas fameux dans l’Aube où il y a un grand nombre de partisans de Bonaparte, qui se montrent ennemis jurés du roi, des militaires (fidèles à leur Empereur), des acquéreurs de biens nationaux inquiets, si dans les campagnes, le peuple demeure toujours convaincu que le Roi va rétablir les droits féodaux et des dîmes… c’est la faim qui a poussé à l’émeute.

Les troubles sont l’œuvre d’un peuple qui depuis un an et plus, ne mange pas selon ses besoins, et auquel la brusque hausse des denrées vient arracher tout espoir de prolonger une vie même diminuée, jusqu’à la prochaine récolte.

 

De longs mois s’écouleront avant que l’Aube ait pansé ses plaies. 

  

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