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Dépenses du roi Charles IX à Troyes


Je vous reproduis ci-dessous, textuellement, l’état des dépenses faites par Charles IX, le 8 avril 1564, lors de son séjour à Troyes (voir ce chapitre), retrouvé sur un parchemin scellé et signé par le maître d’hôtel du roi,

         Ce récit est d’un certain intérêt, il nous fournit, d’abord, le détail du menu de la table royale un jour maigre, et nous permet ensuite de pouvoir comparer approximativement la valeur des objets de consommation de l’année 1564, avec ceux de 1859 (que nous avons par ailleurs). A l’exception cependant du pain et du vin, dont le poids de l’un et la mesure de l’autre ne sont pas indiqués. On verra que, pour un roi de France, la somme de 13 f 92 de vin est on ne peut plus modeste, et encore il est supposable que sa majesté avait une nombreuse compagnie à sa table, témoins les 14 douzaines de pains qui sont affectés à la table royale.

         Par contre, le personnel qui accompagne le roi consomme pour 265 f de vin, somme assez ronde pour une seule journée. Du reste, un personnel qui consomme pour 73 f 94 de pain et 265 f de vin, doit être nombreux, car admettant que chaque personne ait absorbé 1 kg de pain, en le mettant en rapport avec la valeur des autres objets de consommation, nous pourrions admettre que 150 personnes au moins accompagnaient le roi.

Le pain était une des denrées alimentaires la moins chère : les 28 douzaines + 8 pains qui figurent sur l’état, montrent que chaque pain était de 2 livres et aurait coûté environ 22 c le kg. Le pain royal revient à 37 c la douzaine. La table royale ne se compose que de poissons, mais de 9 sortes. Le poisson de mer n’est pas plus cher que celui d’eau douce, ce qui est surprenant, car à cette époque, l’éloignement, le manque de moyens de communications, devaient le rendre rare et cher. Comparativement, le poisson d’eau douce est d’un prix très élevé, et cela dans un pays très poissonneux. A cette époque, le poisson, le sel et le vin étaient du nombre des denrées les plus chères, cependant, la truite de la Laigne, celle de la Haute-Seine, étaient en très grande réputation. 20 années plus tard, nous voyons Henri IV savourer les pâtés de truites qu’il arrosait de ce bon petit vin d’Avirey que lui envoyait le maréchal de Praslin, et qu’il aimait tant. La côte du Val des Riceys, près d’Aviray, fournissait un vin très renommé, qui a figuré longtemps sur les tables royales.

Si de la table royale, nous passons à celle du commun, nous y trouvons 1 brochet à un prix supérieur à celui acheté pour le roi. Chose remarquable, le poisson destiné à la table de Charles IX est infiniment meilleur marché que celui du commun. Le beurre est d’un prix fort élevé, les œufs, les chandelles sont les prix du marché. Un arrêt du Parlement de 1565 fixe à 3 sous tournois la livre de chandelle faite avec du suif de bœuf, à 3 s 6 d celle qui était faite avec du suif de mouton. Or, le premier revenait à 4 f 54 et le second à 4 f 79. Les prix avaient sensiblement changé dans l’espace d’une année. Le boucher vendait les jours maigres, un certain poisson blanc, du beurre et des œufs, comme le fruitier vendait de la cire blanche et jaune, qui servait pour l’éclairage.

En général, tous les objets de consommation détaillés dans cet état de dépenses sont d’un prix aussi élevé que ceux de 300 ans plus tard ! La somme de 154 livres 6 sous 11 deniers, dépensée par le roi et sa suite, formerait un total de 4.567 f 40 de la monnaie 300 ans plus tard, chiffre peu élevé pour la journée d’un roi en voyage et accompagné de plus de 100 personnes.

         Vous trouverez ci-dessous cet état des dépenses, avec en regard, la valeur approximative de la monnaie de 1859.  

 

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