Pendant les guerres



Pillage de l'église de Montiéramey par les Reitres en 1570


Les bourgeois de Troyes n’avaient été que médiocrement atteints dans leur fortune par le grand incendie de 1524 (voir ce chapitre), car ils étaient tous riches et possédaient à la campagne de nombreux domaines.

 

Cédant à une noble émulation, ils surent employer les artistes qu’ils avaient sous la main à la décoration de leurs nouvelles maisons de pierre ou de bois et plus tard à celles de leurs églises paroissiales et des églises de leurs domaines.

 

Les nombreuses œuvres d’art exécutées à cette époque, jointes à celles qu’elles renfermaient déjà, firent de nos églises de vrais musées où se côtoyaient les produits de l’art gothique et ceux de la Renaissance.

 

Ces richesses artistiques ne devaient pas venir intégralement jusqu’à nous, car les guerres de religion leur furent des plus funestes.

 

Les différentes armées huguenotes qui envahirent notre territoire s’efforcèrent de terroriser les populations en brûlant les villages et en saccageant les églises.

 

C’est ainsi qu’en 1562, le prince de Porcien, à la tête d’un corps de cavalerie, dévasta les environs de Troyes et se présenta même à l’improviste devant les murs de la ville dont il se serait emparé sans l’énergie du bailli, M. de Saint-Falle.

 

Plus tard, en 1567, les troupes du prince de Condé et de l’amiral de Coligny pillèrent un grand nombre d’églises aux environs de Chaource et de Bar-sur-Seine.

 

En 1570, l’église de Montiéramey eut à subir une dévastation de ce genre.

 

L’armée des Huguenots était alors campée aux Riceys, et l’un de ses détachements, composé de reitres placés sous les ordres de Wolrad de Manfeld, occupait les environs de Troyes. Chaque jours ces cavaliers faisaient des incursions de toutes parts et ils s’avançaient même jusqu’aux portes de la ville, pillant et dévastant tout sur leur passage.

 

Leur chef inspirait le plus grand effroi aux populations des campagnes qui lui avaient donné le surnom de « Mâchefer » parce que les soldats pour le rendre plus terrible aux yeux des villageois racontaient entre autres, que chaque matin à son déjeuner, il mangeait pour se mettre en appétit quelques douzaines de clous de charrette.

 

En août 1570, les forces troyennes allaient marcher contre ces reitres pour les réduire, lorsque la reine Catherine de Médicis conclut la paix avec l’amiral de Coligny, le 8 août.

 

Cela n’empêcha pas les reitres de continuer leurs brigandages et de piller la riche abbaye de Montiéramey.

 

Voici des extraits du procès-verbal des Huguenots dans l’église et les lieux réguliers de Montiéramey, fait par Guillaume Renard, lieutenant en la terre, justice et seigneurie de Montiéramey pour Révérendissime et Illustrissime Charles, cardinal de Bourbon, abbé et sieur de Montiéramey :

 

« Me transporter en l’église et l’abbaye afin de visiter les démolissions, romptures d’images, chaires, chasses, orgues, armoires, bans, coffres, chandeliers et piliers de cuivre, le 25 août 1570, par une compagnie de 7 cornettes de Huguenots du régiment de monseigneur de Saint-Jehan, en présence de Nicolas Marchand procureur, Pierre Oudinot greffier et desdits religieux :

 

Image du Crucifix brisé et rompu et jeté par terre avec l’image de Notre-Dame et de saint Jehan, et une autre image de saint Jehan Baptiste… en la chapelle de Saint-Gengou, brisé l’image de pierre… grosse perte et dommage aux orgues rompus et brisés en pièces… dans les différentes chapelles, brisé l’image Saint-Blaise, celle de saint Martin, celle de Saint-Nicolas, une image de Notre-Dame avec un tabernacle, la chasse de saint Maurice, la chasse de Monseigneur saint Victor… ont rompu 13 chandeliers, plusieurs coffres où étaient les ornements de l’église, brisé la sculpture du chevalier fondateur de l’église en pierre avec 4 lions, la table d’autel de saint Jean l’évangéliste… rompu les livres en parchemin, 3 calices, la bannière de damas violet, les nappes d’autel, tapisseries, habits d’église : chapes, chasubles, tuniques… détruit les verrières… pris tous les grains, et les vins, n’ayant laissé aucune provision aux religieux, dont ils brisèrent toutes les chambres et les dortoirs, enlevé les meubles… …

 

Le tout certifions être vrai, témoins Guillaume Trenard, lieutenant en la prévôté de Montiéramey, Nicolas Marchand procureur de Monseigneur le Révérendissime cardinal de Bourbon, Pierre Oudinot greffier, d’honorable homme Pierre de Bourbon, sieur de la Rothelle et mayeur de Montiéramey, maître Marcellin Magnier, curé de Marolle, Jehan et Nicolas les Pescheurs, marchands, demeurant au dit Montiéramey… ».

 


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