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Château de Charmont-sous-Barbuise


L’anniversaire d’une amie très cultivée, « Madame la Comtesse de Charmont », approchant, je lui offre en cadeau, ces quelques lignes.

 

Dès 877, j’ai retrouvé des traces de Charmont, appelée alors Colasverdey.

 

Mentionnée à partir de 1233, la maison forte de Colasverdey (aujourd’hui Charmont), est une motte et lieu seigneurial dudit Colasverdey, voulant être « chastel fermé de fossés ».

 

Elle est mise à sac en 1423 par les troupes anglaises du duc de Bedford, régent du royaume.

 

En 1468, Jean de Poitiers, seigneur d’Arcis et chambellan du duc de Bourgogne cède cette motte à Jean Mauroy (voir le chapitre « Famille de Mauroy »), bailli d’Arcis et futur lieutenant général au bailliage de Troyes, qui réunifie en 1475 la seigneurie, avec la fraction détenue par Jacques de Rochetaillée.

 

L’une des fondations de bienfaisance les plus utiles pour la classe pauvre de Troyes est celle de Jean de Mauroy et de sa femme Louise de Pleures. Par testaments, ils demandent que « 12 enfants pauvres orphelins de Colas-Verdey doivent être reçus, entretenus et instruits comme ceux de la ville, dans le collège de jeunes enfants, garçons et filles, orphelins et pauvres, qu’ils ont créé rue de la Trinité et connue sous le nom de maison de l’Aigle (actuellement, Maison de l’Outil et de la Pensée ouvrière) ».

 

En 1534, Michel Mauroy, bourgeois, seigneur de Colasverdey, monnayeur de la monnaie de Troyes (maire de Troyes de 1548 à 1550 et de 1554 à 1556), fait rebâtir le logis seigneurial en ruines, et obtient en 1555, l’autorisation d’y établir un pont-levis. Son fils Jean lui succède, et à sa mort en 1570, la terre de Coverdey, revient à son frère Pierre.

 

Elle passe à François Mauroy en 1591 (échevin de Troyes en 1631), qui en 1592 voit sa maison forte de Colasverdey tomber aux mains du capitaine Thierry, et reçoit une garnison de 12 hommes.

 

Sa fille Antoinette de Mauroy épouse Louis Hennequin, secrétaire du cabinet d’Henri III, puis d’Henri IV, conseiller d’Etat et chef du Conseil du prince de Conti.

 

Le 23 mai 1651 l’armée allemande du général Rozen, troupe de plus de 1.000 hommes, couche à Colas-Verdey et y ravage tout, pillant l’église et les choses les plus sacrées.

 

En 1646, François de Mauroy (décédé en 1648) fait don de la terre de Colaverdey à son petit fils Bénigne Hennequin, capitaine aux gardes françaises, qui fut tué en 1653, devant Sainte-Menehould. Son frère et héritier François Hennequin, conseiller au Grand Conseil, meurt prématurément. Sa veuve Anne Pingré réunifie la seigneurie de Colaverdey. Son fils aîné, Louis-François, en 1668, refait la toiture de son château de Colaverdey, et en 1675, ses fossés.

 

En 1669, il obtient des lettres patentes qui changent le nom de « Colaverdey en celui de Charmont ». Conseiller, puis procureur général en 1671, il est nommé en 1691, par Louis XIV, premier président au Parlement de Normandie.

 

Son fils Joseph-Antoine, dit M. de Charmont, page puis capitaine au régiment du Roi-infanterie, épouse en 1693, Louise-Elisabeth de Marcillac.

 

La famille de La Huproye (voir ce chapitre) a été 2 fois alliée à la famille Hennequin, dont un membre, ancien ambassadeur de France à Venise et procureur général au Grand-Conseil, fut disgracié par Louis XV, en 1720, pour s’être opposé au funeste système Law. C’est lui qui, pendant son exil, fait reconstruire de 1720 à 1725, le château de Charmont, que devait habiter un jour Antoine-Edme de la Huproye.

 

Héritière du domaine en 1747, la veuve Marie-Louise Hennequin, rachète en 1762, les droits attachés à la terre de Charmont, mais en 1764, elle se défait du domaine au profit du troyen Nicolas de Maizière, receveur général, secrétaire du Roi.

 

En 1781, ce dernier lègue sa terre de Charmont à son neveu Pierre de La Huproye, conseiller en l’élection de Troyes.

 

Antoine-Edme de la Hurproye naît à Troyes le 17 juin 1765. Il est confié à son grand oncle maternel, M. de Maizière, d’une probité incorruptible, qui posséde le château de Charmont. A l’une des époques les plus désastreuses du règne de Louis XV, il émit en circulation des billets en son nom, qui trouvèrent partout bon accueil, il alla au secours des troyens menacés par la disette de 1774, contribuant de son propre argent et de ses récoltes à l’approvisionnement de la ville.

 

M. de Maizière décède, laissant à Antoine-Edme de la Hurproye (député de l’Aube en 1815), par testament, la nue propriété de ses terres de Charmont. Ce dernier meurt en 1839. Sa fille Antoinette, qui a épousé Claude-Hippolyte Truchy, fait en 1856, redessiner le parc, suivant la mode anglaise.

 

Elle laisse le domaine à sa nièce madame René Loriot de Rouvray, qui le vend en 1898 à Madame Jolivet de Riencourt de Longpré.

Dans lDans les années 1950, le château appartenait à un original, féru d’astronomie. Il avait installé un rail Decauville qui faisait le tour de la propriété. Il s’installait avec sa lunette sur un wagon plat tracté, et il faisait ainsi, presque chaque nuit, un voyage dans les étoiles, s’arrêtant là où le découvert lui permettait de scruter le ciel.

 

 

Il est abandonné en 1950, et racheté en 2000. Aujourd’hui, il est ouvert pour le patrimoine.

 

Le château lui-même, en 1737, abritait au rez-de-chaussée et à l’étage des pièces meublées dans le goût de l’époque Louis XIV : un grand salon éclairé de 4 fenêtres, tendu de satin, garni d’une grande table à plateau de marbre, d’un tric trac, d’un clavecin et d’un précieux mobilier en bois doré recouvert de damas cramoisi. 18 tableaux ornaient les murs. La chambre du maître de maison, tendue comme les 6 fauteuils de damas cramoisi, avait un trumeau et 2 tableaux, dont l’un était attribué à Rubens. Il y avait plusieurs chambres, dont celle dite de « l’évêque de Troyes », garnie de 4 tapisseries des Flandres et d’un lit impérial tendu de satin rehaussé d’or. A l’étage, se trouvait la chambre de Madame tendue de damas cramoisi, puis 6 autres chambres tendues de tapisseries.

 

Le château est délimité par de grands fossés taillés dans la craie, dont la largeur et la profondeur permettent de juger de l’importance de l’ouvrage fortifié d’origine. A l’intérieur, les volumes ont perdu leurs éléments de décor. Le vestibule d’honneur au centre a un majestueux escalier. La chambre d’honneur a conservé les boiseries Louis XV de son alcôve. Au-dessus d’une cave voûtée en craie existe une longue terrasse. A gauche de la cour d’honneur ont été restaurées 2 pittoresques constructions du XIX° siècle, un colombier monumental et un kiosque de jardin en charpente couvert de tuiles vernissées de l’Aube (voir ce chapitre).

 

(Lire « Gentilhommières de Champagne de Philippe Seydoux).

 

L’édifice est inscrit au titre des monuments historiques en 1988


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