Archéologie



Météorites tombées à Saint-Mesmin et à Saint-Aubin


Météorite de St Mesmin
Météorite de St Mesmin

Dans le chapitre « Musée des Beaux-Arts et d’archéologie et Muséum d’Histoire naturelle », j’ai écrit : « Le musée d’Histoire Naturelle de Troyes, unique en Champagne-Ardenne, se place parmi les premiers en France, et un rare du monde, pour ses météorites ».

            Pourquoi ?

 

            Vous allez le comprendre dans la relation des faits qui vont suivre, d’intérêt local, mais qui ont une importance scientifique internationale, en raison de la rareté de ce phénomène.

 

            Il faudrait un gros livre pour enregistrer tous les écrits publiés sur les pierres tombées du ciel. Il en est question dans Moïse et dans Josué, plusieurs chutes sont citées dans les auteurs de l’antiquité : dans César, dans Tite-Live, dans Valère-Maxime, dans Pline l’Ancien, dans Dion Cassins, dans Ammien-Marcellin, dans Julius Obsequens. L’histoire grecque en fournit aussi des exemples, comme on peut le voir en parcourant Anaxagore, Plutarque, Photins et les autres. Les Chinois ont également leur catalogue raisonné de chutes d’« Etoiles de feu ». Leurs observations remontent à l’année 644 avant Jésus-Christ, date de la première chute mentionnée.

           

Météorite de St Aubin
Météorite de St Aubin

 Et dans l’Aube ?  

 

            « Le 30 mai 1866, à 3 h ½ du matin, par un temps calme, sans pluie, et par un faible vent du sud-ouest, le ciel n’étant assombri que par de légers nuages, on aperçut, entre Méry-sur-Seine et Payns, un globe lumineux qui traversait l’espace avec une extrême rapidité, en répandant au loin une vive lumière figurant un éclair rougeâtre.

 

            Bientôt après l’apparition de cette lumière, une détonation des plus violentes avait lieu dans les airs. Cette détonation, que l’on a comparée à une décharge d’artillerie, fut suivie d’autres détonations moins fortes qui se succédèrent à une seconde d’intervalle. Ces détonations furent accompagnées d’autres, plus faibles, semblables à des feux de peloton, se succédant rapidement. C’était une masse météorique enflammée qui éclatait dans l’atmosphère au-dessus de Saint-Mesmin. Peu après, à la suite de ces détonations, on vit une traînée enflammée se précipiter vers la terre, et, presqu’en même temps, on entendit, près de Saint-Memsin, des sifflements produits par les éclats du bolide, qui fendaient l’air, et qui s’enfonçaient dans le sol. La direction de la trajectoire décrite par le bolide était du nord-ouest au sud-est. Ce bolide semblait donc se diriger de Paris vers Troyes.

 

            Au-dessous de Saint-Mesmin, la lumière a été observée à Montereau, à Nangis, à Maison-Rouge, à Bray-sur-Seine, à Flamboin, à Nogent-sur-Seine, et sur la rivière de l’Aube par des mariniers, entre Viâpres-le-Petit et Plancy. Le bolide offrait aux spectateurs l’aspect d’un bloc de feu, se mouvant avec une très grande rapidité, laissant derrière lui une longue traînée lumineuse, et lançant des étincelles.

 

            Au-dessus de Saint-Mesmin, la lumière a été vue à Payns, à Saint-Benoît-sur-Seine, à Saint-Lyé, mais non au-dessus de la Chapelle-Saint-Luc.

 

            Les détonations ont également été observées au-dessous de Saint-Mesmin. Elles ont été perçues jusqu’à Montereau et à Maison-Rouge. Au-dessus de Saint-Mesmin, on ne nous a pas dit qu’elles eussent été entendues plus loin que la Chapelle-Saint-Luc. Les uns ont comparé les détonations à des explosions de mines, d’autres à des coups de canon, d’autres encore, à des feux de deux rangs. Plusieurs personnes qui étaient couchées se sont relevées précipitamment, croyant que l’on frappait à leurs portes cochères, ou pensant que c’était leurs portes de granges qui roulaient sur leurs gonds. Ces expressions, uniformément répétées, ont été employées par plusieurs habitants de Saint-Mesmin et d’autres pays environnants.

 

            Bientôt, soit le jour même, soit plusieurs jours après, on put constater la chute de 5 météorites :

 

            M. Hippolyte Carré, employé de la ligne de l’Est, a ramassé une météorite sur le déblai de la voie ferrée, entre le pont du chemin de fer et la station de Saint-Mesmin, dans la contrée du « Haut de la Garenne ». Se trouvant sur la voie même au moment de l’évènement, M. Carré fut témoin des circonstances racontées plus haut. Le sifflement produit par la chute fut tellement vif que M. Carré, quoiqu’éloigné de plus de 60 mètres, en a été fort impressionné, et qu’à 6 heures du matin il ressentait encore un bourdonnement dans les oreilles. Aussitôt après ce sifflement, il entendit un bruit sourd, semblable à celui d’un corps pesant qui se serait enfoncé dans le sol. Le jour même, en recherchant l’endroit où avait eu lieu cette chute, il trouva la pierre météorite dont le sifflement l’avait tant effrayé. Elle s’était enfouie dans le sol un peu consistant, composé d’un gravier assez compact, et avait formé un trou de 25 centimètres de profondeur. Son poids était de 4 kilos 520 grammes.

 

            Un autre aérolithe est tombé, au même moment, entre les Grès, commune de Fontaines-Saint-Georges, et Saint-Mesmin, dans le lieu dit « le Bas-de-Brun ». Il a été trouvé le 31 mai, par M. Fromonnot, gendarme aux Grès. M. Fromonnot, ayant remarqué sur le chemin un endroit défoncé, alla chercher M. Némons, chef de station à Saint-Mesmin, pour l’aider dans ses investigations. La pierre météorique fut sortie du trou avec soin, elle pesait 2 kilos 910 grammes, et avait pénétré de près de 30 centimètres un sol de terre végétale. Dès le lendemain, M. Fromonot et M. Némons, avec l’empressement le plus généreux, faisaient déposer le précieux fragment au Musée de Troyes.

 

            M. Laurent Prota, cultivateur au hameau de Courlanges, commune de Saint-Mesmin, a ramassé une troisième météorite, sur le chemin vicinal qui sort au couchant de Saint-Mesmin, dans la contrée dite « la Haute-Borne », de l’autre côté de la route impériale. Avant M. Protat, le berger de M. Piffre, de Saint-Mesmin, ayant remarqué cette météorite, après l’avoir sortie du trou où elle s’était très peu enfoncé, et après l’avoir examinée, il l’avait jetée sur le chemin, et c’est là que M. Protat l’a trouvée. Cette masse pesait 1 kilo 870 grammes.

 

            Peu de temps après ces 3 découvertes, un moissonneur a trouvé, dans un champ de la contrée du « Boucherville », sur le finage de Saint-Mesmin, et de l’autre côté de la route impériale, un autre débris météorique et l’a rejeté dans un sillon. C’est là que M. Gobet Sibylle, cultivateur au hameau de Courlanges, l’a ramassé.  Son poids était de 760 grammes.

 

            Enfin, à la même époque, M. Constant Paulin cultivateur à Courlanges, a encore rapporté une météorite, qu’il avait trouvée dans la contrée des « Ronces », de l’autre côté de la route impériale. Son poids était de 438 grammes.

 

            Le 13 juin 1866, le journal « L’Aube » relatait ces trouvailles, et ses notes ont été aussitôt reproduites par plusieurs journaux.

 

            Ainsi avertis, M. Daubrée, membre de l’Institut, professeur au Muséum de Paris, M. le marquis de Vibraye, correspondant de l’Institut, M. Saemann, membre de la Société géologique de France, et d’autres savants, sont arrivés aussitôt à Troyes, pour prendre des renseignements, et dès le 18 juin, M. Daubrée communiquait à l’Académie des sciences une notice sur les météorites tombées le 30 mai 1866 dans l’Aube.

 

            Ces pierres météoriques, de couleur grises, renferment des grains de fer et de pyrite. Elles sont magnétiques.

 

            M. Hoernes, Directeur du Cabinet impérial de minéralogie de Vienne, après avoir examiné et comparé les météorites de Saint-Mesmin, leur a trouvé la plus grande ressemblance ave 2 météorites connues : celle d’Heredia (San José, Costa-Rica, Amérique centrale), tombée le 1er avril 1857, et celle de Dhurmsala (Punjab, Inde), tombée le 14 juillet 1860.

 

            En 1968, plusieurs fragments de météorite ont été découverts dans le sol de Saint-Aubin, près de Nogent-sur-Seine, dont un de 177 kilos.

 

            Le 3 octobre 2018, 4 membres de la Société astronomique de France, à l’aide d’un dispositif expérimental de détection et d’une prospection par drone, sur 10 hectares, ont mis à jour, dans un champ de Saint-Aubin, 123 météorites dont une énorme de 477 kilos qui serait issue d’un corps céleste qui pouvait atteindre 7 tonnes. Elles dormaient à un mètre sous terre depuis plus de 55 000 ans ! Cette dernière serait donc la plus grosse météorite lunaire, formée il y a 4,5 milliards d’année, retrouvée sur le sol français. Cette octaédrite était composée principalement d’un alliage de fer et de nickel, cobalt et phosphore.

 

            A l’occasion du 50° anniversaire de la mission Apollo 11 et du premier pas de l’homme sur la lune, la météorite de 157 kilos de Saint-Aubin a été vendue aux enchères à Paris, à l’Hôtel Drouot, le 21 octobre 2019. Elle était estimée 30.000 euros, son prix de vente est resté confidentiel. 


 

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