Le département



Electrification de l'Aube


Aujourd’hui, un clic et nous avons la lumière. Mais ce n’était pas le cas, il n’y a pas si longtemps : 95 ans.     

 

         C’est au conseiller général M. Victor Lesaché (voir le chapitre), que nous devons la charte de l’électrification de l’Aube.

 

         Voici un résumé de la délibération du Conseil général de l’Aube lors de la séance du 20 Mai 1925, à qui il donne le compte-rendu de son rapport de la commission d’Electricité, qu’il a présidée.

 

         « L’électrification des campagnes est un des problèmes les plus complexes et les plus difficiles à résoudre par le nombre de questions techniques, financières ou administratives qu’elle pose…

 

         Plus d’un département, parmi ceux qui nous ont devancés dans  cette voie, a commis des erreurs onéreuses et se débat parfois avec de grosses difficultés, et, si nous pouvons aujourd’hui entreprendre la réalisation de cette importante amélioration rurale avec infiniment moins de chances d’erreurs, nous le devons à l’expérience qu’on a chèrement payée ailleurs, expérience qui nous permet d’éviter des écueils et d’aborder le problème avec des données précises qui manquaient à nos devanciers.

 

         Dès 1923, nous avons pris une décision de principe sur les subventions que nous nous proposions d’accorder aux communes, et si, depuis lors, tout est demeuré en suspens, c’est que les litiges que le département avait avec la Société des Chemins de fer électriques de Champagne, et indirectement avec la Société Lyonnaise des Eaux et de l’Eclairage, ne nous permettaient pas d’engager avec cette dernière Société des pourparlers pour la fourniture du courant. Nous devons bénir  ces circonstances, car les évènements qui se sont produits depuis 1923 rendent complètement inapplicable le programme que nous avions alors adopté et il est fort heureux que son exécution ait été ajournée…

 

         Il nous a paru utile de rappeler sommairement cet historique pour répondre par avance à ceux qui penseraient que, dans l’Aube, on a été moins vigilants et moins actifs qu’ailleurs. La vérité est, au contraire, que pas une minute n’a été perdue dès que la mise sur pied d’une œuvre sérieuse, documentée et réfléchie, a été possible.

 

         En 1923, M. L’Ingénieur en Chef a évalué les dépenses d’électrification du département de l’Aube, à 14 millions de francs, dont moitié pour la haute tension et moitié pour la basse tension.

 

         Mais depuis, les données du problème se sont profondément modifiées. Nous avons demandé cet hiver un plan détaillé des futures lignes électriques et un programme précis, avec évaluation de la dépense, commune par commune. M. l’Ingénieur en Chef a alors donné un chiffre bien supérieur, de 30 millions. Les municipalités se refusent à mettre en commun les dépenses de la haute tension, elles acceptent uniquement celles qui concernent la distribution du courant dans l’intérieur de la commune.

 

         L’expérience a révélé que, s’il est aisé, au moyen des syndicats de communes, de répartir équitablement entre les diverses communes, par tête d’habitant, les dépenses de haute et moyenne tension, c’est-à-dire, celles qui profitent à toute une région, en revanche, les municipalités se refusent à mettre en commun les dépenses de la basse tension, c’est-à-dire celles qui concernent la distribution du courant dans l’intérieur de la commune. Chacun, en ce cas, ne veut payer que pour soi.

 

         D’où une inégalité surprenante dans les charges. Certaines communes à population ramassée, ayant par conséquent un faible développement de lignes seront peu grevées. D’autres, dont les habitations sont disséminées ou qui sont composées de hameaux seront littéralement écrasées.

 

         Un exemple : Bérulles, 402 habitants, ayant plusieurs hameaux éloignés les uns des autres, aurait pour 4.500 mètres de lignes basses tension, avec 5 postes de transformation, une dépense de 132.400 francs, soit 329 francs par tête d’habitant, non compris sa part dans les lignes de haute tension.

 

         A côté de Bérulles, Rigny-le-Ferron, 665 habitants, ayant 2 agglomérations situées sur la ligne moyenne tension, n’aurait que 2.760 mètres de ligne basse tension, avec 2 postes de transformation, soit une dépense de 50.000 francs, ou 75  francs par tête d’habitant, toujours non compris sa part dans les lignes haute tension.

 

         Ainsi, 2 communes voisines, l’une et l’autre agricole, auraient à supporter, pour la basse tension, la première 329 frs, la seconde 75 frs par tête d’habitant !

 

         Un fort courant existe au Parlement pour diminuer encore la participation de l’Etat dans les lignes haute tension, mais pour l’augmenter sérieusement en ce qui concerne les lignes basse tension.

 

         Instruits par les faits, nous devons reconnaître que nous faisions fausse route lorsqu’en 1923, nous portions tous notre effort sur les dépenses de haute tension et que nous refusions de subventionner celles de basse tension. C’est exactement le contraire qu’il faut faire, car notre préoccupation  dominante est de corriger les inégalités entre communes, de nous rapprocher aussi prêt que possible de la justice et particulièrement de secourir les petites localités pour qu’il n’y ait pas de parias dans notre cher département de l’Aube.

 

         Autrefois, avant la guerre, les grandes Compagnies électriques construisaient elles-mêmes, à leurs frais, toutes ces lignes. C’est ce qui s’est produit à Troyes, dans les communes de l’agglomération troyenne, à Bar-sur-Aube, Les Riceys, Mussy, Essoyes et même dans les quelques communes rurales qui étaient éclairées à l’électricité.

 

         Maintenant, depuis la guerre, les grands secteurs se refusent à ces dépenses et prétendent se borner à fournir le courant.

 

         Certes, Romilly et Nogent-sur-Seine ont obtenu que la Société Lyonnaise construise les lignes basses tension nécessaires pour distribuer la force et la lumière à leurs habitants, mais jusqu’ici, Arcis-sur-Aube n’a pas eu la même faveur.

 

         Quant aux communes rurales, la Société Lyonnaise leur donnera le courant, à la condition qu’elles construisent à leurs frais, les lignes de transport. Il faut que les communes aidées par l’Etat et par le département, les construisent et les équipent.

 

         Quant aux lignes de haute tension, ce sont les Compagnies électriques qui font la dépense…

 

         Nous prenons acte de l’engagement de la Société Lyonnaise des Eaux et de l’Eclairage du 18 mai 1925, relatif à la construction de la ligne à haute tension de Romilly-Nogent et à la participation de 60 % dans les frais de la construction de 220 kilomètres de ligne à 33.000 volts dans l’Aube.

 

         Il n’y a pas lieu de statuer sur les travaux de construction des lignes moyenne et basse tension, ces questions ne rentrant pas dans les attributions du Conseil Général qui tient, au contraire, à ne porter aucune atteinte à l’indépendance des communes et des syndicats de communes sur ces points.

 

         Nous décidons de participer aux frais d’électrification du département au moyen de subventions qui consisteront en annuités destinées à aider les communes à faire le service de l’intérêt et de l’amortissement des emprunts qu’elles contracteront, d’après les principes suivants :

 

A)  Une première subvention sera accordée à toutes les communes, en tenant  compte :

 

a)    De la valeur du centime communal,

 

b)    Des centimes pour insuffisance de revenus,

 

c)      Des centimes extraordinaires.

 

Ces subventions étant d’autant plus faibles, que la commune est plus aisée, et d’autant plus élevées, quelle est plus pauvre ou plus obérée.

 

B)   Une subvention complémentaire sera accordée aux communes qui, après application de la subvention de l’Etat et de la première subvention départementale, conserveraient une charge excessive par tête d’habitants.

 

C)  Le total des subventions accordées par le département à l’ensemble des communes ne dépassera, en aucun cas, la moitié des annuités incombant à toutes les communes de l’Aube, après déduction de la subvention de l’Etat ».

 

Mon ami François Le Saché qui fut Président de L’Est-Eclair et Libération Champagne, et également Président de Canal 32, peut, une fois de plus être très fier de son grand-père !

 


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