Aubois très célèbres



François Boutard



François Boutard naît à Troyes en novembre 1664.

Fils de marchand, il fait ses études au collège des oratoriens de Troyes, et se signale de bonne heure pour un goût très prononcé pour la littérature antique.

Il entre comme précepteur de M.Villepreux, au château de M. Francine, grand prévôt de l’Isle. Dans ses moments de loisir, son génie poétique se déclare. Il applique son talent à la poésie française, et compose une ode à la gloire de Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon. La maison de cette veuve du poète Scaron est le rendez-vous de tout ce qu’il y a de plus spirituel dans la capitale. Elle se sert de son crédit pour protéger les gens de lettres. Boutard célèbre les charmes et les bienfaits de cette rivale de l’ambitieuse et altière marquise de Montespan.

François Boutard fait connaissance de Mademoiselle Mauléon, aimable et généreuse personne qui élève des pigeons. Tous les ans, elle en envoie à Bossuet, évêque de Meaux. Boutard persuade Mlle Mauléon de les rendre porteurs d’une ode latine à la louange de l’illustre prélat.

Bossuet veut connaître l’auteur des stances cachées sous l’aile d’une colombe. Il accueille Boutard avec une bienveillance toute particulière dans son palais épiscopal et lui octroie une pension royale. Il l’emmène passer quelques jours dans sa délicieuse maison de campagne de Germigny, au bord de la Marne. Boutard en esquisse la description dans une ode latine intitulée : Germiniacum.

Bossuet engage Boutard à travailler à une description de Marly et de Trianon. Dans les descriptions de ces splendides demeures, Boutard se surpasse.

Bossuet se charge de présenter à Louis XIV les odes latines où son poète favori a célébré ces résidences royales.

En 1695, le gouverneur de Marly est tellement ravi de la pièce de poésie où Boutard peint admirablement les beautés de ce domaine confié à sa garde, qu’il ne cesse d’en rappeler le souvenir à Sa Majesté.

Un jour, à force d’entendre parler de ce poète avec éloge, le roi demande s’il est engagé dans l’état ecclésiastique. Bossuet répond que Boutard a toujours témoigné le désir d’entrer dans les ordres sacrés, mais que la médiocrité de ses ressources pécuniaires l’en a empêché. « Eh bien, dit le roi, je lui alloue 1.000 livres pour qu’il aille dans votre séminaire se préparer à la prêtrise, après quoi, j’aurai soin de lui ».

Après une année de noviciat, l’abbé Boutard revient à Paris.

Louis XIV convertit en pension les 1.000 livres qu’il lui avait d’abord accordées à titre de gratification. De plus, il l’investit de l’abbaye de Boisgroland.

Bossuet demande à François Boutard de mettre en latin sa « Relation du Quiétisme », et l’envoie à Rome.

L’évêque de Meaux, immortel auteur de « l’Histoire des Variations », engage Boutard à traduire en latin ce livre, persuadé qu’un pareil travail contribuerait puissamment à l’extension et à l’affermissement du catholicisme, s’il était répandu en Angleterre, en Allemagne et dans tous les pays du Nord où la langue latine est généralement utilisée.

Lors du renouvellement de l’académie des Inscriptions et Belles Lettres, en 1701, Louis XIV le nomme pensionnaire et lui confère le titre de « poète de la famille royale ».

Boutard compose pour Louis XIV la plupart des vers dont sont ornés les monuments et les statues érigés en son honneur.

Durant la dernière crise qui enlève, en 1704, le grand évêque à l’Eglise de France, pontife incomparable, surnommé l’aigle de Meaux, Boutard ne quitte pas le lit de douleur où est couché son illustre et révéré protecteur.

Il retrace de Bossuet un magnifique portrait dans un poème latin qu’il adresse au grand-duc de Toscane, Comte de Médicis. Il désigne son protecteur comme : « l’ornement de l’épiscopat, le flambeau de l’Eglise, la terreur de toutes les sectes, le Père du XVII° siècle. Si l’Afrique se glorifie de son saint Augustin, si Constantinople revendique avec fierté son saint Chrysostome, la Dalmatie, son saint Jérôme, la France n’oubliera jamais son Bossuet, qu’elle vante avec un légitime orgueil ». 

La nuit du 7 au 8 octobre 1700, la foudre tombe sur la cathédrale de Troyes et y met le feu. Il ne reste plus rien, ni du clocher, ni de la charpente ! 

Le 29, l’abbé Boutard se fait l’interprète des regrets de la population troyenne, dans une ode latine qu’il adresse au premier pasteur du diocèse. « Il y déplore éloquemment les suites de l’incendie et ses strophes lugubres, semblent sonner le tocsin ». L’évêque de Troyes, fils de Bouthilier de Chavigny et d’Elisabeth Bossuet (cousin du grand Bossuet), reçoit avec des marques d’estime et d’affection l’hommage du poète que protégeait l’oncle de son futur successeur, Jacques-Bénigme Bossuet.

Grâce à ses relations illustres, François Boutard s’acquiert une réputation dans le monde littéraire de son temps. Il ne se passe presque pas d’événements politiques ou religieux que sa muse ne chante dans des odes latines où l’on admire encore l’élégance du style et la subtilité des pensées.

Font appel à lui : le pape Innocent XII, Philippe V, les frères Pithou, le Dauphin, Louis XV, le pape Benoît XIII, le cardinal d’Estrées, le pape Clément XI, l’ambassadeur d’Espagne, Philippe duc d’Orléans, régent de France, le cardinal Dubois, le cardinal Louis-Antoine de Noailles, le duc d’Ormesson, le roi d’Espagne…

Il est nommé en 1710, pensionnaire vétéran de l’académie des Inscriptions et Belles Lettres. En plus, il est commandeur de l’ordre de Notre-Dame-du-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem.

Il décède le 9 mars 1729.

De toutes ses oeuvres lyriques, ce qui donne la plus haute idée de son talent, ce sont ses descriptions des résidences royales: Chantilly où se retira le Grand Condé, Meudon, où Louvois fit élever l'une des plus belles terrasses d'Europe, Fontainebleau, sans rival pour la magifiscence de ses bâtiments de quatre époques, Versailles, avec son air si imposant de grandeur et de majesté..." C'est là que le poète des Bourbons se montre tout à tour brillant, énergique, sublime...".

François Boutard mérite d’occuper un rang distingué parmi les latinistes modernes.

 

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