Jus Jusqu'en 1785, l’église de Brienne-la-Vieille ne comprenait qu’un seul croisillon de transept, celui du Nord. C’est cette unique chapelle qui, vers 1760, fut dédiée à Saint Nicolas, le patron des gens des flots.
L’autel, de style Louis XVI, ne porte pas de date. De fabrication locale, artisanale, en bois où le chêne constitue l’ossature, il est enduit et recouvert en peintures de couleurs polychromes.
Le retable présente en son centre un bas-relief : Saint Nicolas figure en évêque ayant à ses pieds les 3 petits enfants, à sa gauche le palais synodal de Myre, à droite une mer déchaînée sur laquelle voguent 2 barques, à l’avant de l’une, un homme hurle.
La tradition voudrait que cet homme soit le symbole du brelleur qui placé à l’avant de la première brelle d’un train de flottage crie : « Ohé le flot ! Ohé le flot !... le flot ». (le brelleur était l'ouvrier qui mettait le bois en brelle. Brelle : certaine quantité de bois équarris bois liés ensemble dont on formait les trains de bois flotté),
Autrefois, par privilège, seuls les mariniers (voir ce chapitre) avaient le droit d’occuper les bancs de cette chapelle. Poursuivant cette coutume, seuls, les hommes occupent encore ces bancs lors des cérémonies.
A l’époque des mariniers, la chapelle communiquait directement avec la nef par l’arcade qui a été obstruée en 1689 pour l’édification de l’autel de Saint-Joseph.
Dans la chapelle se trouvait le bâton de la confrérie, une grande bannière ornée à l’image du saint et 2 autres petites bannières, l’une aux insignes du Commerce des Bois de Paris (une croix dominant un sceau octogonal), l’autre affectée aux voituriers qui approvisionnaient le port.
L’emplacement de ces 3 bannières apparaît encore, les supports scellés dans le mur sont restés à leur place.
En 1914-1918, la grande bannière existait, mais elle n’était plus jamais déplacée de son support. Le temps écoulé et l’humidité intérieure de l’église eurent raison de la résistance des tissus soyeux qui constituaient ces ornements. Seul le bâton de confrérie portant Saint Nicolas est encore présent.
Au-dessus du retable de l’autel était placé un grand tableau de Saint Nicolas. Il est fixé maintenant sur le mur du croisillon face à l’autel.
En 1960, fut entrepris un grand nettoyage des murs et des objets mobiliers de l’église. On essaya sur un angle de nettoyer cette peinture à l’huile sur toile. Le décrassage cessa, on faisait apparaître une autre peinture qui avait précédé Saint-Nicolas. C’est sans doute une intervention des mariniers qui, pour honorer leur patron, ont réutilisé une toile ornant l’église.
La confrérie du flottage des bois tenait une grande place à l’église du village. Des processions se déroulaient sur les ports, des bénédictions de radeaux étaient organisées, comme le précise la tradition orale.
Cette coutume a persisté jusque vers la fin du XIX° siècle.
La fête de la Saint Nicolas était célébrée avec une solennité exceptionnelle. Les mariniers, même les plus incrédules, se faisaient un devoir d’assister aux offices. Aux vêpres, M. le Curé proclamait le nom de ceux qui avaient souscrit tant ou tant de livres de cire, pour les cierges du bâton de la confrérie de Saint-Nicolas.
La veille de la fête, les enfants de chœur portant une croix épiscopale en bois, toute garnie de rubans de couleur violette, fournis par chacun des mariniers (ces rubans étaient prêtés et précieusement conservés) allaient de maison en maison quêter de l’argent. Ils commençaient par le garde-port, puis les 2 meuniers, le maître-flotteur et surtout chez tous les mariniers. Ils chantaient une vieille prose latine empruntée à un ancien processionnel troyen relatant les principaux miracles de Saint Nicolas. Grâce aux sommes recueillies les mariniers se réunissaient le dimanche pour banqueter joyeusement le « Saint Nicolas ».
De nos jours, le banquet existe toujours, il est devenu celui des pompiers. La quête est pratiquée par les sapeurs qui viennent offrir leurs vœux et leur calendrier.
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