Religieux et saints de l'Aube



Sainte Emeline


La Bienheureuse Emeline naît au XII° siècle (peut-être en 1115), dans le diocèse de Troyes.

Nous devons au moine B. Gossuin de Clairvaux l’histoire de sa vie.

La B. Emeline vit en qualité de sœur converse dans la grange de Perthe Sèche qui appartient à Boulancourt, abbaye de l’ancien diocèse de Troyes.

Dès le XII° siècle, les propriétés des abbayes cisterciennes sont divisées en certains groupes, qui ont pour centre un établissement ou un bâtiment destiné à l’exploitation agricole, et que l’on appelle grange. La plupart des granges cisterciennes exploitées au XII° s. par des frères convers et des sœurs converses, sont de petites abbayes ayant leur chapelle, leur dortoir et leur réfectoire. Sauf exception, on ne peut y célébrer la messe. Tous les frères et toutes les sœurs doivent se rendre à l’abbaye chaque dimanche, et c’est là aussi qu’ils sont enterrés. C’est pour cela que les granges cisterciennes, d’après un statut de 1152, ne doivent pas être à plus d’une journée de marche de l’abbaye.

Emeline est une religieuse d’une mortification extraordinaire. Sa vie est dure et toute de pénitence, « ses actions sont d’une sainte ». Elle jeûne régulièrement 3 fois la semaine, sans rien prendre, elle s’abstient entièrement de pain tout le temps de l’Avent et du carême. Elle a à même sur la chair un dur cilice. Hiver comme été, ses pieds ne portent jamais de chaussures. Une seule  tunique lui suffit par-dessus un simple vêtement d’étoffe grossière et un mauvais manteau. Elle porte une ceinture de fer armée de gros clous, elle la serre tellement, qu’à force le fer finit par disparaître entièrement sous la chair.

Toujours en prières ou en travail, même en filant, elle s’occupe encore  à méditer les psaumes. « La médisance et les mauvais discours sont toujours l’objet de sa haine ».

Lorsque son nom et sa réputation se répandent dans la province qu’elle habite, on lui fait des cadeaux de mets et de liqueurs, mais elle n’y goûte jamais.

D’une forêt voisine, les corbeaux et les corneilles la troublent souvent dans sa prière par leurs cris et leurs coassements répétés. Elle leur commande de s’en aller plus loin et de la laisser servir Dieu en paix.

Elle a reçu le don de prophétie. Quand des moines ou des frères convers se livrent au vice ou à la vanité, désirant faire le mal, ou même le faisant, paraissent devant elle, aussitôt elle les reprend sévèrement et les adjure d’être plus scrupuleux et de ne pas faire « siéger le démon dans leur âme ».

Les seigneurs et les moines qui demeurent dans son voisinage la consultent sur l’issue de leurs guerres et de leurs expéditions, s’ils y auront du bonheur ou du malheur, et elle leur donne réponse. Ainsi prédit-elle à un seigneur illustre, Simon de Beaufort, qui part pour une expédition, qu’il y perdra un de ses membres les plus chers.  En effet, il y perd un œil !

Elle décède vers 1178, et selon les règlements de son ordre, son corps est transporté à Boulancourt, où elle reçoit la sépulture dans la chapelle des religieux.

Où elle habita on voit une grange de l’abbaye de Boulancourt, appelée Perthe Sèche. Elle est enterrée dans l’église de l’abbaye et, jour et nuit, une lampe brûle sur son tombeau.

De son vivant, mais surtout après sa mort, la B. Emeline est l’objet de la vénération publique.

C’est sans doute la cause pour expliquer qu’à partir du XII° s., et pendant tout le XIII° s., un très grand nombre de femmes, qui font des donations à l’abbaye, portent le nom d’Emeline.

Dès 1182, on entrevoit un signe du culte rendu à notre Bienheureuse. Simon de Broyes (fils de Simon de Beaufort), donne à l’abbaye de Boulancourt « 20 sous de cens » pour l’entretien d’une lampe.

En 1185, Manassès II de Pougy, évêque de Troyes fait la même donation pour le luminaire d’une lampe qui brûlera devant les restes mortels de sœur Emeline.

Hugues II, comte de Rethel et Félicité de Broyes (fille de Simon), en 1210, fondent une autre lampe pour la chapelle des religieuses à côté de l’abbaye.

Le B. Gossuin atteste, à la fin de la vie de la Bienheureuse, qu’il a vu cette lampe brûlant jour et nuit.

Pendant la durée du moyen-âge, le culte de la B. Emeline ne périt pas. En 1534, l’abbé Picard de Hampigny fait restaurer à grands frais le tombeau autel dédié à la B. Emeline dans l’église de l’abbaye.

Rechercher sur le site :

Sur le bandeau du  bas de chaque page, vous cliquez sur "Plan du site", qui est la table des matières, et vous choisissez le chapitre qui vous intéresse. 

Cliquez sur "Nouveaux chapitres"  vous accédez aux dernières pages mises en ligne.