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Jean -Thomas Bonnemain, un « Buceton des Lumières »


Heureusement que j’ai de bons amis, tel Robert Poisson brillant académicien « Buceton », historien et philosophe. Sans lui, comment aurais-je pu parler de cet aubois célèbre, mais totalement ignoré, bien qu’ayant sa rue à Bucey-en-Othe ?

En effet, Jean-Thomas Bonnemain est un homme dont la réputation n’a pas franchi les limites de la rue qui porte son nom !

« Régénération des colonies, ou moyens de restituer graduellement aux hommes leur état politique, et d’assurer la prospérité des nations ». Ce titre est tout un programme ! Il s’agit d’un ouvrage en avance sur son temps, écrit en 1790 et publié en 1792.

Antoine, Jean, Thomas Bonnemain voit le jour à Bucey-en-Othe, le 29 décembre 1756. Rares étaient à cet époque les enfants de paysans qui faisaient des études. Le jeune Buceton sera avocat, écrivain, député de l’Aube, membre de la Convention Nationale le 5 septembre1792, à la « pluralité des voix », sur 319 votants. Il devint juge au tribunal, puis administrateur du district, et commissaire près le canton de Troyes.

Humaniste avant d’être révolutionnaire, au Conseil des Cinq-cents où il siégea comme ancien conventionnel, du 4 brumaire an IV au 20 mai 1797, il compta parmi les plus modérés.  Il ne vota pas la mort de Louis XVI. Homme de modération, il se prononça pour « la réclusion pendant la guerre et la déportation à la paix ». Il vota l’appel au peuple et le sursis.

Artisan du 18 brumaire, il reçut du gouvernement de Bonaparte le titre de président du tribunal d'Arcis-sur-Aube et exerça ces fonctions jusqu'à sa mort, le 14 avril 1807.

C’était un homme très en avance sur son temps.

« Dans les colonies les gens libres ne font en général que le dixième de la population. De tout temps, ils ont fait des efforts pour briser leurs chaînes à force ouverte ou par le poison, on ne peut contester ces faits. Les nègres connaissent donc leur droit, leur force. Et aujourd’hui que la tyrannie est poursuivie jusque dans ses derniers retranchements, aujourd’hui que les peuples civilisés prennent l’attitude qui leur convient, aujourd’hui que vous, les colons, avez donné d’indiscrets exemples d’insurrection à vos esclaves, que vous avez remué dans leur coeur le germe de la liberté que la nature y a placée, le germe qui se développe rapidement, une fois que le vase qui le contient est échauffé, aujourd’hui qu’ils entendent dire à chaque instant que tous les hommes sont égaux, que la nature ne fait ni maîtres ni esclaves, qu’ils savent qu’une partie de leurs frères a été rendue libre par les quakers (mouvement religieux sans clergé ni rite, ni sacrements, fondé sur l’expérience directe de la lumière intérieure que chacun porte en soi), que pouvez-vous attendre de malheureux qui gémissent sous votre oppression ? Croyez vous que le fouet, le fer, la torture les retiendront ? Non, plus vous les traiterez inhumainement, plus vous accélèrerez leur insurrection, plus vous les aigrirez contre vous, plus vous aurez à redouter leur colère, leur vengeance. Nos maîtres, diront-ils, s’ils sont à nos yeux des colosses, c’est parce que notre tête est à leurs pieds. C’est alors que se relevant avec cette juste pensée ils briseront leurs chaînes, et, les foulant aux pieds avec le sentiment de l’indignation, ils crieront d’une commune voix : Nous sommes libres parce que nous le voulons ! O colons, réfléchissez-bien sur la conduite que vous avez à tenir. Sachez que l’esclavage conseille sans cesse la révolte, que la nature parle un langage bien plus haut que votre intérêt. Elle plane par-dessus toutes les combinaisons de la lâche politique. Cessez de croire que vos esclaves fléchiront éternellement le genou devant leurs tyrans, craignez qu’ils ne vous chargent des chaînes que vous leur faites traîner, ou tout du moins qu’ils abandonnent vos cultures pour ne vivre qu’à leur volonté. Colons, au nom de votre intérêt, de votre conservation, de celle de votre famille, ouvrez les yeux, je vous en conjure ! ».

Jean-Thomas Bonnemain est également l’auteur de ces ouvrages : « Instituts républicains, ou Développement analytique des facultés naturelles, civiles et politiques de l’homme », « Les Chemises rouges, ou Mémoires pour servir à l'histoire du règne des anarchistes », « Corps législatif, Conseil des Cinq-cents ».

A la séance du 30 floréal an V, Jean-Thomas Bonnemain a présenté un projet de résolution relatif au rapport de l'article 12 du décret du 25 avril 1791, qui ordonne la réunion de la commune de Saint-Aquilin à celle de Pacy (Eure).

 

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