La vie à Troyes



Le paupérisme au XIX° siècle



Les institutions créées par la charité locale sont nombreuses et variées.

 

         Bureau de bienfaisance : C’est le bureau de charité de chaque paroisse qui fait le recensement, apprécie les besoins des pauvres, reçoit leurs demandes et les transmet au bureau de bienfaisance. Les décisions de ce bureau sont immédiatement notifiées à la sœur de charité de chaque paroisse, qui veille à leur exécution. Les dames de charité sont chargées de secourir les « pauvres honteux », non inscrits sur les rôles, au moyen des ressources que le bureau met à leur disposition. Les médecins du bureau de bienfaisance donnent à domicile et sur la demande des sœurs, des soins médicaux aux indigents qui, pour un, motif valable, ne peuvent se rendre à l’Hôtel-Dieu. Les médicaments sont fournis gratuitement aux pauvres, aux frais du bureau.

 

         Société de Saint-Vincent de Paul : « son but n’est pas seulement de secourir la misère ; il est, avant tout, de la faire cesser », l’effort tendant à « moraliser » le pauvre, en le secourant.

 

         Sociétés de charité de dames : il existe dans presque toutes les paroisses, sous la présidence du curé, une société de charité composée de dames.

 

         Secours temporaires aux ouvriers cotonniers sans travail : l’immense mouvement de sympathie qu’ont éveillé sur tous les points de France et jusqu’à l’étranger les souffrances de nos ouvriers cotonniers, depuis la guerre civile qui déchire les Etats-Unis, n’a pas laissé Troyes en dehors de son action bienfaisante. De nombreuses souscriptions, dont celles de l’Etat ont eu lieu, qui ont permis au bureau de bienfaisance de distribuer en 1863, du pain, de la viande, du riz, des légumes, des bons de fourneau, des vêtements, des aides au loyer…  

 

         Salle d’asile : c’est la base de l’éducation populaire : celle qui reçoit le jeune enfant de 2 à 6 ans, pendant le travail de la mère, et qui lui donne ce que ce travail lui retire, l’éducation et les soins maternels. Il y a à Troyes, 4 salles publiques et gratuites et 1 salle privée. Le comité local pour surveiller et diriger les salles d’asile, est composé de 24 dames patronnesses. 

 

         Ecoles communales : à cette époque, on se demande si l’instruction primaire est un bien, si elle doit être obligatoire, si elle doit être gratuite… En France, l’instruction n’est pas obligatoire. Elle n’est pas non plus absolument gratuite, mais elle l’est légalement pour l’enfant du pauvre, en vertu de la loi de mars 1850. Il y a à Troyes 15 écoles communales entièrement gratuites.7 écoles sont confiées à 6 instituteurs et à 1 institutrice laïques. 11 frères des écoles chrétiennes dirigent 4 écoles de garçons, 3 écoles de filles sont tenues par 5 sœurs de charité, et 1 par 2 dames ursulines.  Moins de filles que de garçons fréquentent les écoles primaires.

 

         Ouvroirs : ce sont des établissements destinés à donner aux jeunes filles une éducation professionnelle gratuite. Elles ont à Troyes un caractère privé, ne recevant aucune subvention ni de l’Etat, ni du département, ni de la commune. Il y en 4 : 3 dirigés par les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, et 1, l’ouvroir Sainte-Anne, par les sœurs du Bon-Pasteur. Les jeunes filles y sont admises entre 8 et 12 ans, pour y rester jusqu’à 21 ans, moyennant une rétribution qui varie suivant la position des parents. Elles y sont logées, nourries, vêtues, instruites et élevées, sans que leur famille ou leurs bienfaiteurs aient à supporter une charge que celle une fois fixée pour toute la durée du séjour dans la maison. L’ouvroir Sainte-Anne n’a pas de pensionnaires, il reçoit tous les jours des jeunes filles qui viennent y apprendre les travaux de couture, de repassage…  

 

         Œuvres de la protection de la jeunesse : elles sont instituées pour occuper les moments de loisir de l’ouvrier enfant, par des distractions « honnêtes, des enseignements et des exemples ». Leur devise : « moraliser un enfant, c’est plus que nourrir une famille de pauvres pendant 20 ans. Cet enfant, bien discipliné, deviendra un bon ouvrier, puis un bon père de famille. Il subviendra aux besoins de sa femme et de ses enfants auxquels il transmettra la tradition du bien et du travail pour qu’elle passe aux générations futures ». Pour les jeunes ouvrières, en 1858, le père Brisson fonde l’œuvre Saint-Jean, rue des Terrasses, avec le concours des dames de la société de Saint-François-de-Salles, 4 lieux de réunion séparés, établis dans des quartiers différents, et où sont reçues le dimanche, de 4 heures à 8 heures du soir, les jeunes filles de 12 à 22 ans. Le chant, des distractions diverses, quelques prières remplissent ces réunions. Aux Tauxelles, le père Brisson crée l’œuvre de Saint-Rémy, un foyer comprenant dortoirs, réfectoire et buanderie, pour accueillir les jeunes ouvrières (privées ou séparées de leurs parents) qui peuvent y habiter ou n’y venir que pour la détente, moyennant une rétribution qui ne dépasse pas le tiers de leur salaire, les deux tiers restants devant leur être laissés pour subvenir à leur entretien et faire la part de l’épargne. Un atelier de couture et de repassage  y est annexé pour recevoir les pensionnaires travaillant au dehors, lorsque le chômage les prive de leur travail habituel.

 

Hospice de Saint-Martin-ès-Aires et Petit Saint-Nicolas : ce sont 2 orphelinats. Le premier (100 lits) reçoit les orphelines filles et les enfants trouvés ou abandonnés filles, lorsqu’elles n’ont pu être mises en apprentissage ou placées en service. Le second (50 lits et 20 berceaux) reçoit les orphelins garçons et les enfants trouvés ou abandonnés garçons qui n’ont pu être placés. Les orphelins admis au Petit-Saint-Nicolas, doivent être mis en apprentissage à 15 ans. Avant ils sont occupés par des travaux qui les préparent à l’état de cordonnier ou de tailleur. Les orphelines de Saint-Martin-ès-Aires y restent jusqu’à 21 ans, et y exercent des travaux de couture et de repassage. Quant aux enfants trouvés ou abandonnés, ils sont placés soit en nourrice, soit en apprentissage, soit en service.

 

Cours d’adultes : ils sont dirigés par les frères des écoles chrétiennes, et ont lieu le soir. En plus, il y a 2 cours de langue allemande et anglaise professés à l’Hôtel de Ville par suite d’un legs de Jaillant-Deschainets.

 

Sociétés de secours mutuels : il y en a plusieurs à Troyes : la Société générale, fondée par les ouvriers typographes, qui a pour objet de secourir ses membres en cas de maladie, de leur assurer une pension de retraite en cas d’infirmité et de venir en aide à leurs veuves et à leurs orphelins. Il y a aussi la Société des Bonnetiers, celles des fleurs, des peauciers, des peintres, des cordonniers et des menuisiers.

 

Caisse d’épargne : fondée en 1821, c’est une des plus anciennes de France. La population ouvrière de Troyes n’entre que pour une partie relativement faible dans les économies apportées à la caisse d’épargne.

 

Hospice Saint-Nicolas : c’est aussiun asile de la vieillesse, pouvant recevoir 90 vieillards valides et 14 incurables (moitié entre les hommes et les femmes). Nul ne peut y être reçu avant l’âge de 70 ans.

 

Hôtel-Dieu : celui de Troyes contient 100 lits pour les malades civils et 50 pour les militaires. Pour y être admis, il faut être indigent.

 

Assistance médicale à domicile : ce service assure à l’indigent des soins médicaux et des remèdes gratuits à domicile, quand, pour une cause valable, il ne peut se rendre à l’Hôtel-Dieu.

 

Œuvre de la maternité : cette société, placée (décret de 1853) sous la présidence et la protection de l’Impératrice, est spécialement destinée à secourir les femmes indigentes en couches.

 

Autrefois, le paupérisme mettait en mouvement une armée de vagabonds. Les prisons de Troyes en détiennent 109 au mois de janvier 1750. C’est que la mendicité était souvent prétexte pour s’introduire dans les maisons et s’y livrer à toutes sortes d’actions délictueuse.

 

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