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Attentat raté de Pont-sur-Seine 1961


          Ratage imprévu ?

 

Attentat bidon ?

 

La lumière n’a jamais vraiment été faite sur l’attentat organisé contre de Gaulle, le  vendredi 8 septembre 1961.

 

Au moment de l'attentat, Charles de Gaulle est président de la République française depuis près de trois ans. En Algérie, la guerre d’indépendance, lancée en 1954, oppose l'armée française aux combattants du FLN (Front de libération nationale) et du MNA (Mouvement national algérien).

 

Depuis le putsch des généraux le 23 avril 1961 et son échec, de Gaulle devient clairement l'homme à abattre, puisqu'il s'est engagé entièrement contre eux et contre l'Algérie française.

 

Deux mouvements français anti-indépendantistes, l’OAS (Organisation de l’armée secrète)  et le FAF (Front Algérie Française, mouvement pour le maintien de l’Algérie française) luttent contre les Algériens puis s'opposent à l'acceptation de l'indépendance de l'Algérie dans le camp français.

 

Le 8 septembre 1961, en fin d’après-midi, le Général de Gaulle part pour Colombey-les-deux-Eglises. Un convoi de 5 voitures, dont 3 DS noires quittent l’Elysée et foncent sur la RN 19. Vers 20 h 35, venant de Nogent-sur-Seine, elles dépassent Pont-sur-Seine, roulant à 110 km/h.

 

Un peu plus loin, la première DS, celle du Président et de son épouse, accompagnés du colonel Jean Teisseire, aide de camp, conduite par le chauffeur Francis Marroux, passe à la hauteur d’un tas de sable d’où jaillit une violente explosion, aussitôt suivie de flammes.

 

Il s'agit d'un engin chargé de 40 kg de plastic et de dynamite et d'un bidon de 20 litres d'huile, d'essence et de savon en paillettes. La puissance de la déflagration déporte la DS de l'autre côté de la route. Le liquide répand immédiatement un mur de flammes sur la chaussée. Les flammes « montaient jusqu'en haut des arbres et couraient sur toute la route », relate ultérieurement l'aide de camp. Dans cette situation, Francis Marroux accélère afin de se mettre à l'abri d'une possible rafale de mitraillette, tout en redressant la trajectoire du véhicule. Il ne s'arrête que quelques kilomètres plus loin afin que le président de la République et son épouse puissent changer de voiture et poursuivre leur trajet jusqu'à Colombey-les-Deux-Églises.

 

Le général de Gaulle vient d’être la cible d’un attentat. Un attentat raté, mais un attentat.

 

Cinq des six auteurs de l'attentat sont arrêtés dans les heures qui suivent, livrés par Martial de Villemandy, 30 ans, ancien speaker de Radio-Saïgon : Henry Manoury, qui se revendique comme organisateur de l'attentat,  Armand Belvisi, Bernard Barbance, Jean-Marc Rouvière, âgés de 24 à 34 ans. Des mois après, Dominique Cabane de la Prade, celui qui aurait appuyé sur le détonateur lors du passage du convoi présidentiel, passé en Belgique est arrêté en décembre 1961 et extradé en mars 1964. Tous travaillaient en région parisienne dans la vente et l'assurance des voitures, notamment d'occasion, et ont fait la guerre d’Algérie.

 

Le 28 août 1962, leur procès s'ouvre à la cour d’assises de l'Aube, à Troyes.

 

Prévu sur 4 jours, il se prolonge jusqu’au 9 septembre. C’est le premier procès troyen à connaître pareille médiatisation.

 

Sur les 6 activistes accusés de tentative d’assassinat, placés sous haute surveillance, il manque Dominique Cabane de la Prade. Les faits découverts au cours de l'enquête et exposés au cours des audiences démontrent que seul un dixième des quarante kilogrammes de plastic et de dynamite a explosé en raison de l'humidité accumulée au cours du dépôt à l'air libre d'une semaine à côté du tas de sable. Selon l'accusation, si la totalité des quarante kilos avait explosé, les flammes propagées par le liquide stocké dans un bidon auraient été beaucoup plus violentes.

 

Selon les avocats de la défense, à la tête desquels se trouvent Maître Jean-Louis Tixier-Vignancour (avocat et homme politique français, d'extrême droite) et notre excellent avocat troyen, mon collègue Maître Roger Honnet maire-adjoint, l'attentat est un simulacre d’assassinat organisé par le Ministère de l’Intérieur et les Services Secrets, dont Jacques Foccard et Alexandre Sanguinetti. Jacques Foccard, chargé de mission à l’Elysée, était secrétaire général de l'Élysée aux affaires africaines et malgaches de 1960 à 1974. Alexandre Sanguinetti, qui a côtoyé l'extrême droite française dans les années 1950 au Centre de liaison pour l'unité française, est Secrétaire général du Comité d'action des associations d'anciens combattants à partir de 1956, et il milite alors pour l'Algérie française, participant à la fondation du Service d'action civique (SAC).

 

Cet attentat aurait été imputé à l’OAS pour alerter Charles de Gaulle de la dangerosité de cette organisation. Cette thèse est cependant réfutée par les différentes personnes impliquées et elle est abandonnée.

 

Au cours de ce procès, Henry Manoury, qui a revendiqué la direction du groupe et l’organisation de l’attentat plaide : « Nous étions à l’OAS, mais nous ne voulions pas toucher à un seul cheveu du président de la République. C’est sa légende, sa renommée que nous voulions atteindre, en démontrant qu’il n’était pas invulnérable… Le général de Gaulle n’est qu’un homme politique néfaste à la France et aux Français d’Algérie… ».

 

Le procureur demanda la peine capitale pour un seul des accusés Henri Manoury. Le 9 septembre, les accusés écopent de peines allant de dix ans d’emprisonnement jusqu'à la réclusion criminelle à perpétuité.

 

Le 11 septembre 1961, dans son édito de l’Est-Eclair, André Bruley, sous sa signature de Bernard Eluy écrit : « Ce n’est pas sans inquiétude que l’on voit tant de généraux et d’officiers supérieurs agir au sein d’une organisation qui ne recule pas devant le terrorisme, qui ne répugne pas à l’assassinat politique ».

 

Un an plus tard, le 11 mars 1963, Jean Bastien-Thiry, était le dernier condamné à mort à avoir été fusillé en France, au fort d'Ivry. Ce lieutenant-colonel de l'Armée de l'air, avait été jugé pour avoir organisé et dirigé l'attentat du Petit-Clamart, le 22 août 1962, dans le but d'assassiner le général de Gaulle, président de la République.

 

Quelques jours après, une messe était dite à son intention en l’église de la Madeleine à Troyes, remplie de militaires actifs et de réserve, ou de simples Troyens partisans de l’Algérie Française, à laquelle j’assistais. J’ai vu pendant tout l’office, l’un de nos commissaires aux Renseignements Généraux, qui inscrivait sur un carnet le nom des présents !  

 


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