Aubois très célèbres



Albert, Irénée Caquot


En 1981, année de son centenaire, un hommage solennel a été rendu à l’ingénieur Albert Caquot, qui a débuté à Troyes, une brillante carrière.

 

Il a été considéré comme « le plus grand des ingénieurs français vivants », pendant un demi-siècle.

 

De 1905 à 1912, il est ingénieur des ponts et chaussées dans l’Aube, à Troyes, et se fait remarquer par les mesures d’assainissement importantes qu’il développe, et qui sauvent de nombreuses vies humaines. Ses travaux protègent aussi la ville de la grande crue de la Seine de 1910 (voir ce chapitre).

 

Vu ce que le jeune ingénieur a réalisé à Troyes, l’équité imposait à notre ville de lui marquer sa gratitude en un hommage persistant.

 

Le Conseil municipal de Troyes lui a consacré une de ses rues. Cette artère se situe aux confins de Troyes et de la Chapelle-Saint-Luc, en face la cité administrative des Vassaules. La Petite Vienne, devenue la Noue-Robert, salue le panneau portant le nom du savant ingénieur. En effet, c’est à ces endroits qu’il a suivi, en 1910, la ruée des eaux contre le talus du chemin de fer. Le ruisseau, grossi outre mesure, s’engouffrait alors dans le couloir en ébranlant les murs de pierre.

 

Ce célèbre Champenois est né à Vouziers le 1er avril 1881.

 

Son intelligence éveillée lui permet de franchir avec succès les étapes secondaires. A 18 ans, il entre à l’Ecole Polytechnique, puis il se spécialise à l’Ecole des Ponts-et-Chaussées.

 

Il a 24 ans, en 1905, quand il arrive à Troyes, son premier poste.

 

Il se montre actif, curieux et résolu. Sa profession le passionne, et il s’y donne tout entier. Alors que le Conseil municipal du maire M. Mony se débat devant l’alternative d’un réseau d’égouts qu’on prétendait à peu près impossible à construire à Troyes, ville à la surface désespérément unie, Albert Caquot offre ses services. Tout feu tout flamme il promet une première étude démonstrative qu’il ne tarde pas à produire. Il assure la possibilité d’un bon fonctionnement, même avec une très faible pente. Le début doit commencer par l’assainissement de sa périphérie. Les fossés et canaux d’écoulement doivent être nettoyés avec vigilance, car il est indispensable qu’ils remplissent leur rôle. « Que l’on se remette vite au faucardement ». 2 collecteurs sont à envisager pour la ville elle-même. L’un viendra de Sainte-Savine, passera par Croncels et suivra le boulevard du 14 Juillet, puis il longera la rive gauche du canal. L’autre occupera la rive droite. Il desservira le Quartier-Bas en partant du faubourg Saint-Jacques. Il traversera la Seine, canalisée près des Moulins Brûlés, descendra des Tauxelles et rejoindra le collecteur de la rive gauche, près du ru Bécon, à La Chapelle-Saint-Luc. Alors, les 2 collecteurs, qui auront reçu les collecteurs intermédiaires, n’en formeront plus qu’un seul qui aboutira à l’usine d’épuration. Le 18 décembre 1907, le Conseil Mony approuve le projet, pensant qu’enfin « il en serait fini de Troyes vivant sous le régime insalubre de ses puits contaminés et de ses cours d’eau transformés en égouts à ciel ouvert, où la typhoïde y  règne à l’état endémique ».  

 

Ensuite, Albert Caquot assiste aux inondations catastrophiques de 1910-1911. Ce fut pour lui une rude école. Il ne perdit pas une leçon de ce que lui enseignaient les eaux envahissantes. Les 26-27 août 1908, l’ingénieur souhaite réunir les propriétaires du long des digues en Assemblée générale, pour renommer le Syndicat.

 

Le 13 avril 1910, M. A. Caquot, ingénieur, remet à M. le Maire un très important rapport intitulé « Projet de défense de la Ville de Troyes contre les inondations ». Il dit en préambule : « Il faut, à tout prix, éviter le retour de semblables catastrophes qui atteignent une population particulièrement intéressante : celle d’ouvriers laborieux qui ont construit souvent de leurs mains une petite habitation et ont aménagé un jardin ». A la séance extraordinaire du conseil du 30 avril, le Maire annonce que le Syndicat des digues et canaux s’est occupé de rechercher les moyens de préserver la ville de Troyes des inondations, avec le projet de M. Caquot : « Le système de défense de la ville de Troyes est insuffisant... Il faut que cela cesse et que nous aboutissions à un système rationnel de défense, dont voici  un résumé : 1) Limiter à 70 m3 par seconde le débit d’eau qui passe dans la ville, 2) Créer une vanne de 8 m sur 2 m près du déversoir de Saint-Julien et renforcer les digues de tête, 3) Renforcer la digue de Foicy pour que la Bâtarde puisse écouler 289 m3 à la seconde, l’eau montant à 4 m 50 à l’échelle du pont de Foicy, 4) Construire, en arrière une digue large de 10 m en crête portant une chaussée de route et joignant Saint-Julien à Pont-Hubert, 5) Construire entre les 2 digues d’un canal de décharge ayant une section de 50 m² au-dessous du sol naturel et traversant les deux routes nationales de Saint-Jacques et de Pont-Hubert par deux ponts de 25 mètres d’ouverture, 6)  Elargir le canal du Labourat, renforcer et prolonger la digue de ce canal, 7) Renforcer la digue de Fouchy avec une largeur en couronne de 6 m jusqu’au pont de chemin de fer de Châlons, et de 4 m au-delà, 8) Construire une contre-digue pour diriger sans remous les eaux sous le grand pont du chemin de fer à Fouchy. L’ensemble de ces travaux se monte à 900.000 francs. »

 

Le jeune Caquot resta 7 ans dans notre ville, il en partit à 31 ans, en 1912. Il avait conquis de haute lutte l’estime et la considération des dirigeants municipaux. Victor Lesaché, 1er Adjoint au Maire, ayant une longue expérience des affaires, rompu à tous les débats, « qui ne s’en laissait jamais conter », le tenait en haute estime, il était arrivé à ne jurer que par lui.

 

Albert Caquot, sur les questions techniques les plus controversées, au prix de longues observations sur le terrain, apportait des solutions solides. Il en imposait à tous et sa fulgurante carrière ne surprit personne de ceux qui l’avaient approché. Caquot leur disait en substance : « Quand on croit tout savoir sur une matière à travailler, on a encore beaucoup de choses à apprendre, la connaissance ne s’arrête pas. Il faut toujours aller plus loin ». Aussi, la règle à calculer ne le quittait pas. Il entassa des colonnes de chiffres qu’il comparaît entre elles, pour en tirer encore d’autres. C’étaient les chiffres qui gouvernaient sa vie.

 

En 1912, Albert Caquot quitte les Ponts-et-Chaussées. Une société privée, qui apprécie ses qualités, le sollicite, avec des arguments irrésistibles.

 

Ce qu’il faut surtout retenir d’Albert Caquot, c’est sa conception vraiment titanesque, restée pratiquement ignorée du public.

 

Au cours de ses recherches, qu’il n’a jamais cessé de poursuivre, même en son grand âge, Albert Caquot avait trouvé chez un autre ingénieur une grande compréhension. Tous deux n’avaient pas tardé à travailler ensemble. C’était Jean Kérisel, qui jouissait de l’entière confiance du maître. Ils associèrent leurs noms dans plusieurs travaux scientifiques, présentés à l’Académie des Sciences. On ne saurait s’étonner alors que l’unique fille de M. Caquot soit devenue Mme Suzanne Kérisel.

 

Aussi, quand Albert Caquot, justement célèbre, comblé d’honneurs, haut dignitaire de la Légion d’Honneur, ferma les yeux en 1976, à l’âge de 95 ans, Jean Kérisel considéra comme un devoir de relater la vie ardente et laborieuse de son beau-père.

 

Caquot s’est distingué dans la construction des ponts élancés et des barrages de retenue des eaux. On lui doit notamment, le magnifique pont de la rue La Fayette, qui assure le passage, au-dessus du réseau ferré, des voies de chemin de fer, débouchant de la Gare de l’Est, des ponts de longue portée, en les étoffant d’un matériau inerte, comme le ciment, qui par lui devenait extensible, le pont de la Caille en Haute-Savoie, qui donne le vertige et celui de Glasgow, en Angleterre… Il a réalisé des barrages soumis à des pressions, sinon jamais atteintes, du moins impressionnantes, comme le barrage du Santon, le plus élevé d’Europe, à cette époque. On lui doit la grande écluse de Donzère-Mondragon et l’usine marémotrice de la Rance…. On estime qu’il a construit plus de 300 de ces ouvrages dont quelques uns apparaissent fabuleux, et dont plusieurs ont été des records du monde,

 

Caquot n’a cessé d’écrire dans les revues spécialisées, des mémoires de haute technicité. Il invente pendant la guerre de 18914, la « saucisse Caquot », qui, permit de mieux connaître les mouvements de l’ennemi. Il travaille également à perfectionner des avions.   

 

Albert Caquot est croix de guerre 1914-1918, membre de l'Académie des Sciences (1934-1976), grand croix de la Légion d'honneur (1951) et titulaire de nombreuses décorations étrangères, notamment DSO et ordre de Saint-Michel et Saint-Georges britanniques et Distinguished Service Medal des Etats-Unis. 

 

1 timbre français lui a été consacré.


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