Les Evêques influents

Religion



Jacques-Louis-David de Seguin-des-Hons


Ce Prélat fut un de ceux qui fut le plus sage, le plus regretté dans le diocèse de Troyes. Fils de messire Jacques-Louis de Seguin-des-Hons, capitaine au régiment, Jacques-Louis-David nait le 30 octobre 1760 à 6 h du matin à Castres, dans un midi riche en gallicans de marque. Il est baptisé le 31 octobre. Il va au collège de Sainte Barbe, puis à 22 ans, entre dans les ordres. Quatre ans plus tard, il est licencié en théologie à la Sorbonne, et on lui confère la prêtrise en 1786. Vicaire général de l'évêque d'Agen en 1789, il émigre en Espagne et y vit dans l’intimité de Mgr de la Tour du Pin, à l’abbaye de Montserrat. A son retour, il occupe la petite cure de Cadix, dans le Tarn, puis celle, beaucoup plus importante, de Saint Pons, dans l'Hérault. Il y demeure jusqu'en 1819 et devient vicaire général de Mgr Fournier, évêque de Montpellier. Il passe ensuite à l'archevêché d'Albi, toujours avec le titre de vicaire général, et y demeure jusqu'en 1825. Il devient alors évêque de Troyes, les 4 et 17 mars 1826 en remplacement de Mgr De Boulogne. Il reçoit la consécration épiscopale l'année suivante des mains de Mgr De Frayssinous, en l'église de la Sorbonne.

Il installe le Petit Séminaire en 1831 dans l’ancien domaine des Antonins, puis des Ursulines, à Saint-Martin-ès-Vignes. Il crée en 1833 l’œuvre des « Messes post Obitum », pour les prêtres défunts. En 1837,  rétablit les « Conférences ecclésiastiques » instaurées  en 1650, par Mgr Malier : réunion des prêtres d’un même doyenné, où ils étudient les questions de théologie dogmatique, morale, pastorale, la liturgie ou l’histoire. Il fut un modèle de bonté et de zèle pastoral pendant tout son épiscopat. Avec cet évêque, l’occasion se présentait de se conformer aux règles formulées par Pie V, en 1568, en vertu desquelles le bréviaire romain devait être adopté par toutes les Eglises en pouvant se prévaloir d’un usage de 200 ans au moins. C’était le cas du bréviaire troyen de 1770 et, néanmoins, Mgr de Séguin des Hons se contente, en 1828, de le rééditer, tout en lui apportant des changements. De même fait-il imprimer, en 1829, des « Heures latines », sorte de paroissien latin-français à l’usage des fidèles, et, en 1835, un « Graduel », un « Antiphonaire » et un « Psautier », sans se préoccuper autrement de l’usage romain.

Dans son éloge funèbre à « l’Illustrissime et Révérendissime père en Dieu, Jacques-Louis-David de Seguin-des-Hons », l’abbé Roisard, Chanoine, Vicaire général capitulaire dit : «… notre illustre Pontife était la douceur évangélique, qui se révélait sur son visage, entourée des vertus qui sont ses compagnes nécessaires… Tous ceux qui l’ont connu, célébré, ne l’ont-ils pas proclamé << le plus aimable de tous les Saints >> ? Comme pour saint Grégoire-le-Grand, nous pouvons dire que << son attentive politesse égalait son inépuisable charité >>… Vous étiez sûrs d’être accueillis avec intérêt, avec amitié. Sa plus douce jouissance était de vous voir, de savoir par lui-même l’état de vos paroisses, vos peines, vos consolations, vos craintes, vos espérances… Notre bien-aimé prélat, au temps de la terrible épreuve de l’apostasie, fuyant de ville en ville, mendiant le pain de l’indigence, bégayant un idiome nouveau, achetant au prix des peines, des fatigues et des privations de l’exil, le droit de rester fidèle à l’Eglise… L’Espagne fut la contrée qui lui donna un abri contre l’orage, et où il alla attendre des jours meilleurs. Quels bons souvenirs il conservait de ces bons Catalans si pauvres, et pourtant si hospitaliers ! Comme il aimait à nous peindre leur foi vive, leur piété simple, leurs cérémonies dramatiques comme dans notre moyen-âge… Notre Pontife quitte les lieux qui lui sont chers, Montpellier, Albi, où il fut le conseiller, l’âme du conseil de plusieurs évêques, et d’où il emporte les regrets et l’affection de tous ceux qui l’ont connu… Le caractère principal de son administration était la patience. Il ne voulait pas provoquer les mesures, il aimait attendre que les circonstances semblassent les indiquer, et alors il était habile à en profiter… Il savait bien pénétrer les hommes… D’un esprit juste et prompt, il saisissait au premier coup d’œil la portée d’une affaire, et toutefois il voulait y réfléchir, et ne se hâtait jamais de se prononcer. Il aimait à la discuter. Découvrant le côté faible des meilleures choses, il prévoyait toutes les difficultés et les objections que pouvaient soulever les décisions les plus sages… Notre Pontife trouvait sa force dans sa patience, il n’était pas timide, mais  prudent. Il n’était pas faible, mais charitable et doux. Il n’a jamais été le jouet des événements ni des hommes, mais une sagesse supérieure à nos faibles et courtes vues l’a constamment dirigé dans sa marche… Il a vu quelquefois les hommes s’agiter, se remuer au-dessous de lui : il a conservé le calme de son  noble caractère, et, sans commotion, sans scandale, il n’a voulu tout obtenir que par la patience… A tous ceux qui sont revêtus de l’autorité il disait : tenez-vous dans les bornes du pouvoir qui vous a été confié, demeurez dans vos limites propres, ne les franchissez jamais, et là, exercez l’autorité qui vous appartient, dans toute l’étendue, dans toute la latitude de la charité… De là le bonheur de ses relations avec la puissance publique, avec l’administration provinciale, de là surtout son profond respect pour le saint Siège, et son inviolable soumission à l’autorité et aux moindres décisions du successeur de Pierre… Comme sa voix était insinuante ! Comme elle parlait au cœur ! Quelle délicatesse ! Quel à-propos ! Quelle consolation ne répandit-elle pas !... Rappelons sa construction du petit séminaire, l’entretien des frères des écoles chrétiennes avec le concours du conseil municipal, les secours pour les prêtres infirmes, la fondation régulière des sœurs de la Providence de Troyes, la Conférence de saint Vincent-de-Paul, le commencement de l’œuvre des sœurs gardes-malades d’Arcis-sur-Aube, d’autres établissements religieux à Brienne, à Bar-sur-Aube, les Incurables, les ouvroirs des sœurs, et combien d’autres œuvres utiles, charitables, pieuses, fondées, établies, encouragées, soutenues par son autorité et ses dons ! Et que dire de ses aumônes ? Toutes les misères avaient un égal droit à l’épanchement de ses dons. Les vieillards infirmes, la veuve indigente et chargée de famille, le pauvre voyageur, l’exilé privé des ressources de la patrie, et combien encore chaque jour, les uns ou les autres, et plus souvent tous ensemble, participaient à ses aumônes !... »

Atteint d’un mal implacable, avec de grandes souffrances, il s’éteint le 31 août 1842.        

Le 16 mai 1828, il s’était fait ouvrir le tombeau de sainte Maure et avait trouvé les reliques, avec les sceaux et les inscriptions sur d’antiques parchemins.

Le Musée de Troyes possède son buste, ainsi que le tableau en haut de ce chapitre.

 

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