Aubois très célèbres



Jean Passerat


Troyes possédait une rue des Planches, qui devint rue des Trapans, puis rue du Marché aux Trapans. Le mot trapan veut dire planche percée de trous, servant à faire égoutter les feuilles de papier lors de leur fabrication.

Depuis l’arrêté municipal du 2 mars 1868, elle s’appelle rue Passerat.

Jean Passerat naît à Troyes le 18 octobre 1534.

Rapidement orphelin, il est élevé par son oncle Thiénot, chanoine de la cathédrale, qui l‘envoie tous les jours au collège, sous la conduite du prêtre Laurent Acarie, issu d‘une ancienne famille troyenne alliée aux Hennequin, appelé Laquais de la Ligue, car il en est le courrier, servant avec empressement le parti.

Passerat, dégoûté de l’étude, s’enfuit à Bourges, où il travaille dans une mine de fer et une carrière de pierre.

Fatigué de ce dur labeur, il part pour le Sancerre où il cultive la vigne.

Sans cesse exposé à la pluie et au vent, il est une fois de plus lassé de cette occupation, et se met au service d’un moine de l’abbaye de Saint-Satur.

Enfin, il revient à Troyes et reprend le cours de ses humanités, qu’il achève dans un collège de Paris.

De retour dans sa ville natale, il rencontre le savant Lescot, seigneur de Clogny et de Clermont, conseiller au parlement, chanoine de Paris, habile professeur, qui voit immédiatement les rares qualités de son élève. Il s’établit alors entre eux deux, un amour qui les unit jusqu’à la mort.

Passerat reprend la chaire de Lescot, appelé à Paris pour donner des cours d’éloquence au collège du Plessis.

Il est nommé à la chaire d’éloquence du cardinal Lemoine, puis au collège Boncourt.

Une foule de personnages distingués, par leur naissance, par leur position sociale, ou par leurs talents, accourent à ses leçons. Ils admirent le juriste, mais surtout, sont charmés des grâces du littérateur, et de plus en plus frappés de la profondeur du grammairien.

Charles IX lui-même, Catherine de Médicis se plait elle aussi aux élégantes dissertations de Passerat, le plus brillant professeur d’éloquence de l’époque.

Pendant 3 ans, il étudie à Bourges le droit romain.

Il se fait un ami de d’Elbonne qui est de Florence et le suit dans cette ville, par amitié, mais aussi pour visiter l’immortelle patrie de Virgile et d’Horace.

Là, il s’entretient avec les poètes, les philosophes, les savants, et prend souvent la parole.

En 1564, il écrit un chant d’allégresse sur l’entrée de Charles IX à Troyes, ainsi que le compliment qu’il met dans la bouche de la jeune fille qui présente au roi un anneau et un cœur d’or:

  "En un anneau rond et d’or bien éprouvé,

  "Je vous offre le cœur de la ville troyenne…

  "Troyes j’ai bon espoir de te bâtir de murs…

  "Dessus je graverai d’une plume acérée

  "Des loyaux citoyens la constance assurée,

  "L’obéissance au roi, l’invincible vertu,

  "Qui pour ses souverains a toujours combattu.»

 

Il revient à Troyes vers 1566. C’est l’époque où les protestants veulent enlever le jeune Charles IX. Le prince de Condé se disposant à mettre le siège devant Epernay, les habitants, effrayés, députent Passerat, leur poète favori, et le littérateur réussit à désarmer le guerrier.

De retour à Paris en 1569, il entre comme ami et commensal chez Henri de Mesme, maître des requêtes et le Mécène de son temps. Ce savant magistrat fêtait les gens de lettres comme des hôtes venus du ciel, les admettait à sa table, tâchait de les retenir à force de caresses, et, s’ils résistaient à ses séductions, ne les laissait jamais repartir sans leur faire de magnifiques dons.

Passerat ouvre un cours particulier près de la porte Saint-Victor.

La foule, plus grande que jamais, accourt à ses doctes enseignements : les lettrés du royaume (messieurs de Rambouillet, Ronsard, Jean Baïf...), les conseillers, les présidents mêmes du parlement, l’Europe savante tout entière se fait un devoir de venir puiser dans ses leçons les règles et les modèles du bon goût. On dit de lui : "  que brille son jugement droit et sûr, ce discernement fin et délicat, ce Ronsard lui-même que la France regarde comme l’arbitre du goût, on retrouve chez lui la majestueuse sublimité d’Homère, la douceur de Virgile, l’éloquence foudroyante de Démosthène, les formes oratoires de Cicéron, le charme d’Hérodote, l’éloquente brièveté de Tacite, tous les genres les plus disparates du génie antique qui reviennent dans ses savants commentaires ".

Il est un des collaborateurs de la fameuse satire Ménippée, cette oeuvre impérissable qui a pour objet la tenue des États convoqués à Paris le 10 février 1593, ayant pour mission d’élire un roi et de connaître les prétentions de ceux qui briguent cette couronne, et qui " ne fut guère moins utile à Henri IV, que la bataille d’Ivry ". La Ménippée ramène les esprits les plus obstinés à Henri IV. Les vers de cet admirable pamphlet ont été composés par Passerat, et l’on dit qu’Henri IV doit son trône à ses rimes :

  "Or ai-je tant crié que mon humble prière

  "Est enfin parvenue à l’oreille des dieux ?

  "Ils nous ont renvoyé le soleil radieux. "

En 1572, il obtient la chaire d'éloquence et de poésie latine au Collège royal de France. Il passe les jours et souvent les nuits, sur les auteurs des beaux siècles de la Grèce et de Rome, et forme sur ces derniers, des recueils en forme de dictionnaires.

En 1597, une attaque de paralysie affecte la moitié du corps de Passerat, et le prive du seul oeil qui lui reste. Dans sa jeunesse, il a perdu l’autre, en jouant à la paume.

Il décède à Paris le 14 septembre 1602, après 5 années de souffrance, qui ne prirent rien sur sa gaîté.

 

 

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