Les Epidémies



Les écrouelles


Dans mon chapitre sur « Les puits à Troyes », j’ai écrit : « Au X° siècle, boire l’eau douteuse de nos puits fait contracter la maladie de la pierre aux enfants, tandis que les adultes se plaignent des écrouelles ainsi que des goitres, ces difformités qu’on apercevait si fréquemment dans notre ville, et cela durait encore au XVIII° siècle ».

 

         Mais quel était ce véritable fléau dont eurent à subir nos ancêtres ?

 

Je pense que nous devons nous rendre compte de ce que c’était !

 

         Ce sujet a d’ailleurs intéressé un de mes correspondants, Daniel Droixhe, Professeur émérite des Universités de Bruxelles et de Liège, Membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, Membre titulaire de la Société française d'histoire de la médecine, Secrétaire de la Société wallonne d'étude du 18e siècle, qui compte plus de 100 publications.

 

Les écrouelleux, comme les galeux ou les vénériens, souffrent d’une maladie dont les premiers symptômes sont externes, cutanés, et peuvent faire l’objet d’une intervention directe, en appliquant des pommades, ou en amputant si cela s’avère nécessaire.

 

        En mars 1765, Martin Dupuy de La Porcherie, agrégé au Collège de médecine de La Rochelle, publie dans le « Journal de médecine », un rapport qu’il a été chargé de dresser, « en l’absence du médecin », concernant les maladies régnant dans les hôpitaux, « asiles des malheureuses victimes du libertinage ».

 

Il présente une dizaine d’observations portant sur des enfants ou des jeunes filles atteintes d’écrouelles, qu’il définit soigneusement comme « des tumeurs dures, squirrheuses, souvent indolentes, quelquefois plus ou moins douloureuses, suppurées ou non suppurées ».

 

Comme les squirrhes et cancers, elles affectent « les glandes du cou, de la gorge, des aisselles, des mamelles et d’autres parties du corps, mais en raison d’un acide particulier qui imprègne la lymphe en la rendant visqueuse et lente et qui peut devenir  âcre et corrosif ».

 

         Dans ce cas, il faut faire appel au médecin, car, en un mot, les écrouelles sont si malignes qu’elles semblent tenir davantage de la nature du cancer.

 

Qui étaient ces malades ?

 

D’abord, elles se présentaient si exténuées, si maigres, pour la plupart, qu’elles n’avaient que la peau sur les os.

 

Elisabeth S. âgée de 16 ans, Marie-Anne S. âgée de 14 ans, Madeleine, âgée de 9 ans, Fleurance M., plus jeune encore, toutes souffrent d’une tumeur ou de glandes ulcérées autour du cou ou sous le menton. Madeleine B., cache une tumeur avec ulcère sur la phalange du pouce droit, de même grosseur, avec une particularité énorme pour un enfant de cet âge : il y avait, outre cela, carie de cet os, près de son articulation.

 

Le meilleur remède était alors l’extrait de cigüe, déjà utilisé en 400 avant Jésus-Christ !

 

On recueillait la plante à la fin du mois de mai et dans les premiers jours de juin, quand la plante est la plus abondante. Cet extrait était en application, souvent pendant plus de 6 mois, sans qu’aucun sujet ne se soit plaint du plus léger accident.

 

Il faut aussi savoir que les écrouelleux étaient très contagieux.

 

La situation sociale de certains écrouelleux devait favoriser chez eux le développement de la maladie.

 

Les écrouelles, souvent indolentes, formées insensiblement dans les glandes du cou, de la gorge, des aisselles, des mamelles, pouvaient donc donner lieu à une tumeur dure et indolente.

 

Cette maladie s’accompagnait fréquemment d’ophtalmie (Infection grave de l'œil), qui est de nature à devenir très pénible et difficile à soigner.

 

Certains ont les deux yeux affligés de cataracte, pendant des années.

 

Grâce à la cigüe, certains furent complètement guéris, comme par enchantement.

 

Si bien que la cigüe se trouva progressivement reléguée au rang de remède anti-écrouelleux.

 

Les mémoires de  la Société Royale de Médecine confirment qu’a été plusieurs fois employé avec succès l’extrait de cigüe contre les écrouelles.

 


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