La vie à Troyes



La Poste à Troyes


 En 1359, en raison de l’invasion des troupes d’Edouard III d’Angleterre, les routes sont peu sûres. Les messagers et les bourgeois, qui se chargent de la ville, n’entreprennent pas de longs voyages : Auxerre, Châlons-sur-Marne, Melun et Sens. En 1464, Louis XI entretient une correspondance très abondante avec

« ses chers et bien aimés habitants de sa bonne ville de Troyes », dans laquelle il les informe de ses faits et gestes durant la guerre, les assure de son amitié et de sa confiance, leur recommande bonne garde et bon espoir, les remercie avec effusion de leurs loyaux services… Jamais la France n’eut un roi aussi « épistolacier ». On s’explique qu’il soit devenu l’inventeur de la poste aux lettres (les postes telles que les a organisées Louis XI, sont réservées au service du roi. Ce n’est que sous Louis XIII que l’on permet aux courriers royaux de se charger des lettres des particuliers). En 1483 est installé dans ses fonctions le premier messager juré de la ville, tenu de prêter serment au bailli. En 1495, un chevaucheur, qualifié de « poste à l’écurie du Roi », est officiellement désigné. Il est logé à l’hôtel de la Piolée. Il n’a qu’un cheval. Lorsqu’il est en route, la ville recourt à des sergents pour porter le courrier du roi. Le conseil communal confie ses propres dépêches à des messagers spéciaux, qui se chargent également des lettres des particuliers pour compléter une rémunération insuffisante. En 1499, la municipalité continue de faire appel aux sergents du roi, pour porter les lettres sur les grandes distances. En 1550, le lieutenant du gouverneur de Champagne établit un courrier entre Troyes et Chaumont. Dans ses relations postales avec Paris, le conseil communal utilise de plus en plus fréquemment la « chasse marée », chargée d’approvisionner la ville en poissons, pêchés dans la Manche, transportés à Paris et acheminés sur Troyes, soit 90 lieues. En 1571, François Dumont, messager juré de Troyes, organise à ses frais un service de coche par route. En 1575, la première poste de voyageurs entre Paris et Troyes est créée. La poste s’implante et se structure, elle gagne en qualité, devient de plus en plus un service public. Le port d’une lettre pour Paris est fixé à 1 sou, les paquets sont taxés à raison d’un sou la livre. En 1600, les courriers pour Paris partent le mercredi, le vendredi et le dimanche. En 1640, le Conseil de ville de Troyes est confirmé dans ses droits à la nomination des messagers. En 1655, les messageries royales s’installent, grâce au troyen Jean Flogny qui, traitant directement avec le surintendant des Postes, s’engage à entretenir 25 chevaux de louage. Le bail est passé pour 4 ans, contre paiement de 100 livres tournois et remise de 2 douzaines d’andouillettes par an. Jean Flogny devient ainsi sous-fermier. En 1665, la Ferme Générale des Postes est créée, et en 1676, le principe du privilège du Fermier Général est établi. En 1678, le Conseil de la ville de Troyes renonce à ses propres messagers. En 1696, Vendeuvre est dotée d’un bureau. En 1703, le service de la poste est assuré par 7 bureaux : Troyes, Bar-sur-Aube, Méry, Vendeuvre et Villenauxe. Vers 1730, les Troyens bénéficient de nombreuses liaisons postales : Paris à Bâle par Troyes, tous les jours, Paris à Bar-sur-Aube par Troyes, les lundi, mercredi et vendredi, Paris à Bar-sur-Seine par Troyes, les lundi, mercredi et samedi, Paris à Arcis, les samedi, jeudi et dimanche. En 1775, la poste jouit officiellement du monopole de transport des correspondances. En 1776, le bureau du maître des postes à Troyes, Nicolas Camusat, est installé rue des Filles (Jaillant-Deschainets). En 1785, Henry Camusat (le fils), transfère le bureau, rue du Coq (Paillot de Montabert). En 1789, le département de l’Aube est desservi par 14 bureaux de poste : Troyes, Arcis, Bar-sur-Aube, Bar-sur-Seine, Brienne, Chaource, Clairvaux, Les Granges, Méry, Mussy, Nogent, Pont, Vendeuvre et Villenauxe. A Troyes, l’Administration et la municipalité s’efforcent sans cesse d’adapter les locaux postaux à l’évolution rapide du trafic et des techniques d’exploitation. En 1817, Pierre, Augustin Babeau est nommé Directeur comptable des postes. Il installe ses bureaux dans sa propre maison, 8, rue du Mortier d’or (14 rue des Quinze Vingt). A cette date est créé le service des mandats. En 1829 est mis en place le service des lettres recommandées, pour lutter contre les nombreuses disparitions de correspondances dont se plaint le public. Les lois des 3 et 10 juin ordonnent l’institution d’un service de distribution à domicile dans toutes les communes dépourvues de bureaux de poste. Le facteur de campagne est né, la distribution et le relevage s’effectuent 1 jour sur 2. Le service commencera le 1er avril 1830. Chaque facteur est titulaire de 2 tournées qu’il accomplit alternativement. Il parcourt quotidiennement de 25 à 35 kilomètres. Il travaille tous les jours, car le dimanche n’est pas chômé. Par la loi du 23 avril 1832 le service devient quotidien. Le téléphone n'était pas encore accessible à tous, et l'on écrivait beaucoup, souvent une simple carte postale avec quelques phrases donnant l'essentiel. Il y avait à Troyes, quotidiennement, une dizaine de levées du courrier et 6 distributions. La poste fonctionnait tous les jours y compris le dimanche et les jours de fête et les bureaux  étaient ouverts toute la journée. 

En décembre 1842, un dénombrement portant sur une période de 2 semaines avait donné les résultats suivants : nombre de lettres arrivées à Troyes 6.614, parties 5.054, transit 4.998, total 16.666. L’acheminement de la correspondance s’accéléra ensuite par la mise en service des premières voies ferrées. Ces chiffres n’ont pas tardé à tripler, puis quintupler.

 

En 1844, les locaux de la poste troyenne sont devenus trop exigus pour recevoir le personnel et lui permettre de travailler dans des conditions normales. Le 12 avril, Ambroise Babeau vend la demeure familiale, appelée Hôtel de la Direction des Postes, et prend en location la maison de sa belle sœur, une grosse maison bourgeoise du XVI° siècle, « La Maison du Moïse », située rue des Lorgnes (rue Charbonnet). Cette rue voyait chaque soir les oisifs du quartier, s’installer sur des bancs établis le long des maisons. Ils y venaient apporter ou apprendre les nouvelles de la ville. D’où cette mystérieuse attirance qui survivait. Ce local, en raison de sa modeste apparence ne se paraît pas encore du titre d’hôtel. On se contentait de l’appeler « Bureau Principal des Postes ». Pourquoi « la Maison de Moïse » ? Parce que le libérateur d’Israël figurait, sous forme de statue, dans la niche Renaissance qui marque l’encoignure de la rue Charbonnet et de la rue Paillot de Montabert. A cette époque, les taxes postales sont encore proportionnelles à la distance parcourue entre le bureau expéditeur et le bureau destinataire. Elles sont la plupart du temps payées par le destinataire. En août 1848, le prix du transport des lettres devient enfin uniquement proportionnel au poids. Le 1er janvier 1849, les premiers timbres poste font leur apparition. Ils sont vendus par les boitiers, les entreposeurs de dépêches et les débitants de tabac. A partir de 1900, M. Lamblin-Armant, maire, cherche  un nouvel emplacement, car les locaux utilisés pour l’Hôtel des Postes ne sont plus adaptés aux besoins. Les réunions du conseil municipal se succèdent pour trouver un emplacement. En effet, la Ville devant fournir l’emplacement, il était juste qu’elle bénéficie de la priorité du choix. En 1909, le Conseil Municipal fixe son choix, unanimement, sur la place de la Préfecture. Mais, beaucoup de voix s’élèvent contre. Une autre proposition surgit : « Pourquoi ne pas utiliser la Bourse du Travail, ce local n’étant pas suffisamment employé ? ». Cri unanime des syndicalistes qui y sont déjà installés. En vain, impossible de trouver un accord. Paris fait alors son choix : les Postes s’installeront en plein centre ville, entre la rue Champaux et la rue Paillot de Montabert. Un journal quotidien (et éphémère), radical dissident, « L’Action troyenne », a joué de son influence pour éclabousser le Conseil modéré. Le maire M. Lamblin, qui refuse de démolir des maisons du vieux quartier Saint Jean pour construire le nouvel Hôtel des Postes (grand merci des amis du Vieux Troyes) profère alors ce mot quasi historique ; « Il n’est pas un citoyen de Troyes qui n’ait son idée personnelle sur l’emplacement de l’Hôtel des Postes ». Et, il ajoute : « Alors, tout ce que nous avons fait jusqu’ici ne servirait plus à rien ? ». Un conseiller émet alors ce paradoxe désabusé : « Plus on a d’idées et moins on avance ». Un projet prétendait « libérer » le marché couvert dont l’emplacement deviendrait alors disponible pour une plus noble tâche. Ce projet rejoint les autres dans une corbeille à papier, le maire s’écriant : « Cette place embellit la ville et les touristes s’y attardent. Elle apporte un peu d’air dans notre cité trop tassée. Non seulement il ne faut pas l’obstruer, mais au contraire, il faudrait l’agrandir », et ce fut l’avis de tous les conseillers. Enfin, en 1913, le maire offre l’emplacement libéré de la Grande Tannerie. Le Directeur de Postes donne alors son acceptation. C’est seulement, 27 ans après toutes ces discussions que l’Hôtel des Postes est inauguré le 11 septembre 1927. Ce n’était pas les idées qui manquaient. Une dizaine d’emplacements ont été proposés, causant l’embarras du choix. Le gros écueil a résidé dans le manque de continuité des assemblées municipales. Ce que l’une décidait, l’autre le démolissait, et on repartait à zéro ! Cet immeuble abritait la Recette Principale des Postes, les services téléphoniques et télégraphiques et la Direction des P.T.T. Mais, cette Grande Poste, installée rue Raymond Poincaré a cessé d’accueillir sa clientèle le 22 mai 1978. Elle n’aura reçu le public que pendant 51 ans. Elle est alors devenue la Vieille Poste ou la Poste au Téléphone. L’endroit choisi pour la nouvelle implantation s’imposait pour sa proximité avec la Poste au Téléphone, et parce que cet endroit se trouvait disponible dans une Ville qui n’en offrait pas d’autre. L’ancien bâtiment se réclamait d’un style décoratif apparenté au siècle précédent et affichait une prétention monumentale. Le nouveau se voulait avant tout fonctionnel.

 

 

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