Religion


Ordres religieux


Bons-Hommes, Trinitaires ou Mathurins


Bons-hommes
Bons-hommes

La communauté des Trinitaires ou Mathurins, est d’abord connue sous le vocable de prieuré de Saint-Jacques, dans le faubourg qui porte toujours son nom aujourd’hui. Ce prieuré conventuel de l’ordre de Saint Benoît est créé en 910. Il est réuni à la Trinité de la Rédemption des Captifs, et son supérieur est nommé par le général des Mathurins. C'est la plus ancienne institution officielle de l'Église catholique romaine consacrée au service de la rédemption sans armes à la main.

 

Du temps de notre comte, Henri le Libéral (1151-1181), gendre du roi Louis VII (1137-1180), ils sont en 1168, dans la forêt d‘Aumont.     

 

En 1198, des Champenois participent aux combats sur le sol de la Palestine, pour la délivrance du Saint-Sépulcre, dont les 2 fils de la comtesse Marie de Champagne, Henri II et Thibaud III. Les batailles sont meurtrières et laissent de nombreux combattants prisonniers et souvent malades.

 

C’est alors qu’apparaissent 2 hommes exceptionnels qui proposent aux autorités religieuses la création d’un ordre pour « le rachat des captifs tombés aux mains des infidèles » : saint Félix de Valois (neveu de notre comte Thibaud II),  et saint Jean de Matha. Ce dernier avait eu une vision : celle d’un cerf blanc, venant se désaltérer, muni d’une croix rouge et bleue, semblable à celle déjà entrevue à une fontaine lors d’une apparition antérieure au cours de laquelle  l’ange du seigneur, porté par un nuage, avait à ses pieds dans une posture de suppliant, 2 esclaves chargés de chaînes, l’un maure, l’autre chrétien. « Les vêtements de l’ange étaient blancs comme la neige, il portait sur la poitrine une croix aux 2 couleurs, rouge et azur ». Elle deviendra l’emblème de l’ordre des Trinitaires.

 

Cet ordre prend le nom de la sainte Trinité, « parce que Dieu lui-même en avait provoqué la fondation par des visions miraculeuses ». 

 

Les premières règles de l’ordre sont approuvées par le Pape Innocent III (1198-1216), ancien condisciple de Jean de Matha à l’université de Paris, en novembre 1198. L’ordre a pour mission le rachat des prisonniers tombés aux mains des corsaires maures et les soins à donner aux malades.

 

Le triple but exigé des religieux est abnégation, obéissance, désintéressement, de là 3 vœux de pauvreté, chasteté, obéissance.

 

Protégés par Philippe Auguste (1182-1223), les Trinitaires viennent s’installer à Paris en 1209, près d’une chapelle placée sous le vocable de saint Mathurin, d’où ils prennent alors le nom de Mathurins.

 

Les Trinitaires sont des chanoines suivant la règle de saint Augustin. A leur tête, il y a un directeur général, désigné sous le nom de Ministre et plusieurs supérieurs provinciaux soumis au Ministre, mais ayant eux-mêmes, sous leur autorité, des supérieurs locaux pour chaque maison de l’ordre.

 

Les ressources sont divisées en 3 parties : la rédemption des captifs, le soulagement des pauvres, l’entretien des religieux, d’où les prescriptions touchant la nourriture, le vêtement et les voyages. D’après ce dernier point, on les appelait les « frères aux ânes », parce qu’il leur était défendu (tout au moins au début), de voyager à cheval.

 

Pour entrer dans l’ordre, il fallait avoir 20 ans révolus. Les couleurs de leurs habits étaient le blanc de la soutane (représentant le Père Eternel), le bleu (personnifiant le fils de Dieu dans sa Passion) et le rouge (pour le Saint-Esprit qui embrase les cœurs). Ainsi tout rappelant la Trinité, ils en prirent le nom.

 

         En 1213, un premier couvent est créé dans l’Aube, à Neuville-sur-Seine. Les Trinitaires se transporteront ensuite à Courteron, sur le site de la Gloire-Dieu, entre 1234 et 1240.

 

En 1259, sept de ces religieux, connus sous le nom de Bons-Hommes, Trinitaires ou Mathurins, ordre créé pour qu'ils vivent en ermites dans de petites cabanes en une vie très mortifiée, viennent établir leur maison à l’entrée du faubourg de Preize, à un emplacement occupé anciennement par les Cordeliers.

 

Le comte Thibaud V (1253-1270), gendre du roi Saint Louis (1226-1269) les dote de biens : prébende sur l’église de Saint-Etienne, vignes à Buxeuil... Il leur donne des bois dépendant de la forêt d’Ile Aumont, qu’ils défrichent et y établissent une grange connue sous le nom de Trinité ou des Bons-Hommes, et ils ont le droit de prendre dans la forêt, le bois nécessaire, tant pour le chauffage de leur maison, que pour la construction et la réparation de leurs bâtiments situés tant à Troyes qu’à leur grange.

 

En 1261, l’évêque de Troyes, Nicolas de Brie (1233-1269) autorise les Trinitaires à recevoir des offrandes. Thibaud V concède aux Bons-Hommes un droit de pêche dans les fossés de la ville.

 

Le troisième prieuré est à Bar-sur-Seine, en 1303.

 

Dans leur église, située hors des fortifications, les tisserands de toiles de Troyes ont leur confrérie.

 

Lors de la guerre engendrée par la Ligue, le couvent est détruit en 1590, pour la défense de Troyes, contre les troupes d’Henri IV (1572-1610).

 

Les chanoines sollicitent alors le maire et les échevins pour s’installer dans l’hôpital du Saint-Esprit, mais cela leur est refusé le 9 mai. Cependant, ils obtiennent un logement à l’hôpital de la Trinité (Hôtel de Mauroy). Ils sont autorisés d’en percevoir les revenus, à condition « d’en acquitter les fondations et les charges », c’est-à-dire de pourvoir à l’instruction des enfants recueillis à l’hôtel de l’Aigle, autre appellation de cet hôtel. En 1593, les Trinitaires disent que l’air qu’ils respirent dans cette demeure est contagieux. Ils sont autorisés d’en sortir en 1594 pour se retirer au prieuré Saint-Jacques, de l’ordre de Cluny, sous réserve de l’accord du pape Clément VIII (1592-1605), qui leur est donné en novembre 1594. Ils en auront la jouissance jusqu’à la Révolution.

 

En 1735, l’état de vétusté des bâtiments (très humides, un plafond bas menaçant ruine), incite le prieur à solliciter du Général de l’ordre, l’autorisation de les reconstruire. Mais pour cela, il faut attendre l’acte capitulaire de 1775. L’architecte choisi est celui de la Princesse de Monaco, pour qui il construisit un hôtel particulier. Le nouvel édifice, d’une longueur de 24 mètres « sera construit en pierre de Savonnière et craie. Les voûtes devront être recouvertes d’ardoises, et il y aura la place de 5 stalles pour les chanoines, de chaque côté de la nef ». Les bâtiments sont bénis par l'évêque de Troyes, Claude-Mathias-Joseph de Barral (1761-1790), ministre de cette maison, le 30 mars 1783.

 

Comme toutes les Maisons religieuses, le couvent des chanoines réguliers de l’Ordre de la Sainte-Trinité pour la Rédemption des captifs, situé au faubourg Saint-Jacques, est vendu à la Révolution. Les bâtiments sont adjugés pour 50.000 livres. Le clocher est rapidement sacrifié et démoli. Les 3 cloches avaient été transportées à la Monnaie de Paris et le mobilier dispersé en 1791.

 

Après différents acquéreurs, les bâtiments achetés en 1884 pour une filature de laine, seront repris en 1891, par Monsieur Rebours « La chocolaterie de l’Est » et les produits seront vendus avec la devise des comtes de Champagne : « Passavant le Melior » (je suis allé en classe et fait du scoutisme avec ses petits fils pendant 20 ans et leurs parents étaient amis de mes parents). Les bâtiments seront détruits par le bombardement aérien, le matin du 14 juin 1940. Ainsi disparaîtront sous les décombres, les derniers souvenirs des Trinitaires à Troyes, et l’emplacement deviendra la place de l’Europe.      

 

Les habitants de Troyes sont témoins des actions des Trinitaires pour les captifs, durant les années 1660, 1720, 1730, avec des processions solennelles au cours desquelles figurent des prisonniers libérés. Pour donner un caractère plus dramatique à ces manifestations publiques, les captifs sont maintenus enchaînés et conduits par deux enfants « habillés en ange », comme sur le tableau de l’église Saint-Jean.

 

Le 19 avril 1720, une procession eut lieu à Troyes, avec 46 « esclaves » rachetés à Alger.

 

Ils sont accueillis à la cathédrale par l’évêque de Troyes, Jacques-Bénigme Bossuet (1716-1742), neveu et filleul du Grand Bossuet.

 

Le soir de leur arrivée, le maire M. Toussaint-Nicolas Gouault (1719-1724) leur envoie le « présent de ville doublé », soit 24 bouteilles de très bon vin, et le dimanche au soir « un mouton entier qui pesait tout vide qu’il était, 70 livres, et des poulets, poulardes, pigeonneaux, lapereaux, jambon, gâteaux… ».

 

En 1792, les religieux Mathurins refusent de prêter le serment imposé par le décret du 27 novembre 1791 (sur les 27 religieux, 15 sont restés fidèles, et sur les 59 ecclésiastiques, il y eut 38 refus). 

 

Le rachat des captifs était onéreux. Aussi, pour répondre aux besoins  des Trinitaires, ceux-ci obtenaient la permission de quêter. Il existe aux archives départementales de l’Aube un document daté du 18 janvier 1737, donnant permission aux Trinitaires de solliciter la charité publique.

 

La présence des Trinitaires au prieuré de la Gloire-Dieu remonte au XIII° siècle. Ce prieuré, ainsi que celui de Bar-sur-Seine, dépendait hiérarchiquement de celui de Troyes. Les bâtiments de la Gloire-Dieu furent vendus comme biens nationaux, à la Révolution, en 1791, et sont les seuls en 2016 à rappeler dans l’Aube le souvenir de l’ordre pour la Rédemption des prisonniers en Barbarie.

 

L’histoire de l’Ordre des Trinitaires à Bar-sur-Seine se confond avec celle de la Maison-Dieu ou hôpital Saint-Jean-Baptiste, fondée en juin 1210, par Milon IV Du Puiset, comte de Bar-sur-Seine. Ce denier avait aboli le servage en 1195. Il mourut à Damiette en juin 1219. Un de ses fils, Guillaume, Grand-maître de l’ordre du Temple, était mort avant, au même siège. Le prieuré de la Gloire-Dieu, ainsi que celui de Bar-sur-Seine, dépendait hiérarchiquement, de celui de Troyes. A la Révolution, les bâtiments furent vendus comme biens nationaux. A la Chapelle, dite l’église de la Maison-Dieu, l’on fabriqua du salpêtre pour la Nation, puis elle fut démolie et sur son emplacement fut édifiée au XX° siècle, l’église du nouvel hôpital.

 

Au temps de leur splendeur, les Trinitaires comptaient 250 maisons. En 1768, il n’en existait plus que 93.

 

Aujourd’hui, il n’y a plus de religieux à Troyes, mais cet ordre aide toujours les prisonniers et les captifs de toutes sortes. 600 religieux sont disséminés dans les pays suivants : Madagascar (où ils sont particulièrement dynamiques), Inde, Canada, Italie, Espagne, France (où il y a une douzaine de religieux en 2018), États-Unis, Mexique, Corée du sud, Porto-Rico, Colombie, Brésil, Pérou, Bolivie, Chili, Argentine, Pologne, Congo, Gabon et Autriche.

 

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