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Emile Gavelle


Le nom d’Emile Gavelle ne résonne pas dans notre ville comme il le mériterait, malgré ses travaux qui ont percé à jour les secrets de l’Ecole Troyenne.

 

         Emile Gavelle naît le 10 avril 1873. Il fait ses études au Lycée de Lille de 1883 à 1891 où il est Bachelier es Lettres. Il fait un premier voyage en Hollande, et est l’élève du peintre Pharaon De Winter et du sculpteur Albert Darcq à l’Ecole des Beaux Arts de Lille. En 1893, il est licencié en droit et élève libre à l’Ecole des Beaux Arts de Paris, dans l’atelier de Bonnat (peintre, graveur et collectionneur d'art).

 

         De 1887 à 1893, il passe ses vacances sur la terre de Changy, en plaine de Foolz, propriété de son beau-grand-père, M. Henri de Lagrené, ancien inspecteur général des Ponts et Chaussées. Autour de ce domaine, près de Jully-sur-Sarce, il découvre la sculpture champenoise et en commence immédiatement l’étude.

 

         Elève de l’Ecole du Louvre, complétant ses cours par l’observation directe, il découvre tout-à-coup l’Ecole Troyenne devant le retable de Rumilly-les-Vaudes. C’est pour lui, comme un « coup de foudre ».

 

         Dès lors, une question le lancine : « Quel en est l’auteur ? ».

 

         Il chercha dans les ouvrages d’Arbois de Jubainville, Albert Babeau, Louis Le Clert, Pigeotte, Alphonse Roserot, Le Brun d’Albanne, Lalore, Nioré… tous ces érudits n’en disaient rien.

 

         C’est en 1896, alors que Gavelle a 23 ans, que son travail sur le retable de Rumilly « incite 2 savants parisiens » à sonder eux aussi les mystères de l’Ecole Troyenne. Ces derniers quittent la ville de Troyes pour fouiller les églises de campagne. En 1900, MM. Raymond Koechlin et Marquet de Vasselot, dressent leur monumental travail « La Sculpture à Troyes au XVI° siècle ».

 

         Gavelle continue ses recherches, sans désemparer, mais assez difficilement, car les sculptures des églises ont été bousculées à la Révolution, les unes mutilées, les autres détruites et presque toutes dispersées.

 

         Ses connaissances artistiques aident Emile Gavelle dans son travail. Il découvre avec M. Boutillier du Retail une pièce magistrale : le Christ de Feuges « cloué sur sa croix de bois dans l’humble église romane qu’il emplit de sa poignante agonie ». Puis il poursuit ses recherches avec M. Pierre Piétresson de Saint-Aubin. Il a vu l’analogie entre le tombeau de Chaource, la Sainte-Marthe de la Madeleine et la Passion de Rumilly. Il ajoute à ce groupe le Saint-Jean et la Vierge de bois de Saint-André. Saint-Roch avec l’ange, de la chapelle Saint-Gilles entrent dans la famille où le Christ de Feuges était admis.

 

         M. Gavelle met en relief l’influence incontestable des « gravures » allemandes sur l’inspiration de nos artistes : ainsi, un « Ecce Homo » du retable de Lirey est copié sur la « Petite Passion » de Dürer, une gravure de Martin Schöngauer a été reproduite fidèlement par le sculpteur du jubé de Villemaur, qui a utilisé aussi, pour d’autres panneaux, plusieurs estampes de la « Vie de la Vierge » de Dürer, dont « la Visitation » a été imitée, en même temps, à Virey-sous-Bar et dans le célèbre groupe de Saint-Jean de Troyes. M. Gavelle voit l’origine des plis cassés et compliqués à l’allemande, qui apparaissent dans certains ateliers champenois au début du XVI° siècle. Mais nos ateliers ont su garder leur originalité.

 

         MM. Raymond Koechlin et Marquet de Vasselot n’ont pu seulement étager que 3 générations d’artistes : Le maître de Sainte-Marthe, Jacques Juliot et Dominique. C’est ici qu’apparait la portée des travaux de Gavelle.

 

         Il a d’abord vu l’analogie entre le tombeau de Chaource, la Sainte-Marthe de la Madeleine et la Passion de Rumilly. Il a ajouté à ce groupe le Saint-Jean et la Vierge de bois de Saint-André.

 

         Bientôt le Saint-Roch avec l’ange, de la Chapelle Saint-Gilles entraient dans la famille où le Christ de Feuges était admis d’entrée.

 

         De plus, M. Emile Gavelle rattache l’atelier de Sainte-Marthe à un atelier d’un dessin semblable, qui a fourni de fort bons vitraux troyens. Ainsi le voisinage du Maître aux Figures Tristes se meuble considérablement.

 

         Mais qui était-il ? Ce Phidias champenois resterait-il inconnu comme le génial architecte de Saint-Urbain ? Eliminant un à un les imagiers cités dans les documents, l’auteur du « Maître de la Sainte-Marthe » ne trouve plus sur la route déblayée que le fameux Jacques Bachot (il a travaillé à la Belle Croix de Troyes, voir ce chapitre). Celui dont on ne sait rien, sinon que tous les autres n’ont pas été le Maître aux Figures tristes. Le 7 octobre 1985, la ville de  Troyes le reconnait comme ce Maître et dénomme le « Chemin des Vassaules » pour lui donner le nom de rue « Jacques Bachot ».

 

         Grâce à Emile Gavelle, Nicolas Halins et Nicolas le Flamand (1470-1541) ne font plus qu’un seul et même personnage.

 

         Peu de temps avant sa disparition, Emile Gavelle annonçait, à l’aide d’une écriture fort tourmentée en raison de sa vue qui se brouillait, qu’il remettait la main à ses travaux pour fournir de nouvelles indications.

 

         Il en envisageait une réédition sous le titre : « Quelques Maîtres sculpteurs de la première Renaissance à Troyes ». L’introduction portait sur l’humanisme troyen entre 1500 et 1550. Puis les rubriques suivantes : « Les styles à Troyes pendant la même période. La vie des ateliers. Les influences flamandes. Il rassemblait des notices sur : I) Le Maître aux figures tristes, II) Nicolas Halins dit le Flamand, III) Le Maître aux Etoffes souples, IV) Le Maître aux Mains longues, V) Le Maître du Jubé de Villemaur.

 

         L’auteur déclarait que beaucoup d’idées exprimées par Koechlin et Vasselot y étaient « rectifiées ».

 

         Le travail a été achevé, mais la publication complète n’en a jamais encore été envisagée.

 

         Pour terminer ce chapitre, reprenons ce que M. Pierre Piétresson de Saint-Aubin, né à Bar-sur-Seine, écrivait en 1927 dans son ouvrage « La sculpture troyenne au XVI° siècle » : « Nous ne pouvons qu’engager nos lecteurs à se délasser de l’austérité de ces études en allant se recueillir devant ces témoins d’un admirable passé, et, peut-être, à se consoler, en méditant la belle légende d’un vitrail << Gens de bien inconnus ont fait mettre cette verrière. Ne leurs chault d’y nommer les noms, mais Dieu les sait >>, d’ignorer le nom du « Maître aux figures tristes » ».


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