C'est notre histoire...



Le Cavalier Bernin à Troyes


Vous devez vous demander : pourquoi faire un chapitre sur cette personnalité, connue de toute l’Europe, mais qui n’est pas auboise ?

 

                       C’est pour les mots historiques qu’elle a dits sur Troyes, qui nous honorent, et que vous allez lire ci-dessous. De plus, il est instructif de voir comment il fallait beaucoup de temps pour relier Rome à Paris, en 1665.

 

                       Giovanni-Lorenzo-Bernini, dit le Cavalier Bernin, peintre, statuaire et architecte était appelé « le Cavalier », c’est-à-dire le Chevalier, parce qu’il était en fait chevalier de l’Ordre du Christ, naît à Naples le 7 décembre 1598.   Il manifeste très tôt des dons exceptionnels que ne tarde pas à remarquer le pape Paul V à qui l’enfant est présenté. A 14 ans, il sculpte le buste du cardinal Borghèse. Avant l’âge de 18 ans, il fait courir les foules qui s’empressent de trouver les œuvres du jeune prodige supérieures même à la statuaire antique. Favori des papes, il devient l’architecte de Saint-Pierre.

 

                       Il jouissait en Europe d’une réputation considérable que lui avaient value ses grands travaux : la construction de la colonnade et du baldaquin de Saint-Pierre de Rome, du palais Barberini, de la fontaine de la place Navone, et tant d’autres monuments fameux, sans parler d’une foule de statues. 

 

                       On le surnommait le second Michel-Ange.

 

                       La faveur que successivement lui avaient témoignée les papes Grégoire XV, Urbain VIII, Innocent X et Alexandre VII, devait infailliblement attirer sur lui les regards de Louis XIV, insatisfait des propositions des architectes français, soucieux alors de faire appel aux grands artistes pour les entreprises qu’il méditait. A ce moment là, le Grand Roi fait redessiner la façade orientale du Louvre. En 1664, il fait demander des plans à divers artistes et notamment à Bernin.

 

                       Après une correspondance assez longue, le Roi, poussé à cette résolution par le cardinal Antonio Barberini, évêque de Poitiers, grand aumônier de France, invite l’artiste à venir à Paris pour s’entretenir avec lui des projets que Bernin avait envoyés en janvier 1665.

 

                       Accompagné de son fils Paolo, de ses élèves Matthia de Rossi et Giulio Cartari, de son maître d’hôtel, de 3 familiers, d’un sieur Mancini et d’un fourrier, Bernin quitte Rome le 29 avril 1665.

 

                       Il ne vient en France qu’une seule fois, et nous connaissons son voyage, rédigé au jour le jour, dans le « Journal du Voyage de Bernin en France », par Paul Fréart, sieur de Chantelou, grand ami de Poussin, maître d’hôtel du Roi, que celui-ci avait désigné, en raison de son goût éclairé des arts et de sa connaissance de l’italien, pour servir de cicérone à Bernin.

 

                       Ce « Journal » prend le sculpteur à son arrivée en France et ne le quitte qu’après sa rentrée à Rome : «… parti de Rome le 29 avril 1865, il entre en France par Pont-de-Beauvoisin (Savoie), arrive à Lyon le 22 mai, s’embarque à Roanne le 24 sur la Loire qu’il descend jusqu’à Briare où un carrosse de Monsieur, frère du Roi, vint le prendre. Puis, par Chatillon-sur-Loing, Montargis, Fontainebleau, Essonnes, le cortège se dirige sur Paris. A Juvisy, le 2 juin, M. de Chantelou vient à sa rencontre. Le soir même, le grand artiste débarque à Paris, à l’Hôtel de Frontenac ».

 

                       Bernin se met avec ardeur au travail, corrigeant et refaisant sans cesse les plans du Louvre et, à partir du 24 Juin, il commence le buste du Roi qui est aujourd’hui à Versailles. Il sort peu, sinon pour aller voir les églises et les monuments, et reçoit seulement quelques admirateurs et courtisans. Il entre en relation avec les artistes renommés. Varin, Nanteuil, Bourdon, Mansart et notre compatriote Pierre Mignard (voir ce chapitre), le fréquentent.

 

                       Bien entendu, si quelqu’un était désigné pour prier le Bernin de venir visiter Troyes et pour lui en faire les honneurs, c’était assurément Mignard.

 

                       Mais, malgré les prévenances, les honneurs et les flatteries dont il fut comblé par Louis XIV et par tous, malgré le triomphe qu’il connut de voir avant son départ ses plans d’achèvement du Louvre adoptés et consacrés par la pose solennelle de la première pierre qui eut lieu le 14 octobre 1665, malgré la gloire méritée que lui valut le splendide buste du Roi, il fut tout heureux de repartir pour Rome. Cependant, il emportait, outre un don de 3.000 pistoles, un brevet de pension de 6.000 livres, son fils un brevet de 1.200 livres… Il s’en alla le 20 octobre 1665, et s’arrêta à Troyes.   

 

                       Dans ses « Ephémérides », année 1765, Grosley, énumérant longuement les œuvres de François Gentil et de Dominique Florentin écrit : « Le Cavalier Bernin, lors de son retour de Paris, les admira et passa 2 mois à Troyes, à les copier. Quoiqu’il ne fut pas grand louangeur, il ne put s’empêcher de dire : << Troyes est une petite Rome >>, élevant notre Gentil au-dessus du fameux Gougeon (Jean Goujon)  dans la plus grande partie des ouvrages duquel il trouvait une imitation trop sèche de l’antique ».

 

                       Ce n’est pas tout. Grosley dans le même ouvrage, après avoir raconté la vie du Maréchal de Choiseul, marquis de Praslin et de Chaource, mort en février 1620, ayant pris part à 53 sièges et à 47 batailles et reçu 22 blessures, fait le récit de la construction du tombeau élevé à la mémoire de Roger de Choiseul, son fils, tué en 1641 à la bataille de la Marfée, près de Sedan, à l’âge de 36 ans. Mme du Plessis de Guénégaud, sa sœur, voulant faire ériger ce monument dans le chœur de la cathédrale de Troyes, près de celui du Maréchal, qui s’y trouvait depuis 1630, offrit 8.000 livres au Chapitre pour en obtenir la permission. Ayant obtenu cet accord, elle s’adressa au Cavalier Bernin, qu’elle fit pressentir à cet effet par son cousin, Gilbert de Choiseul, évêque de Comminges, ancien abbé de Saint-Martin-ès-Aires de Troyes.

 

                       Or, le monument du Maréchal Choiseul de Praslin occupait dans le choeur, entre les stalles du chapitre et le passage ménagé pour la sortie des clercs une place déjà assez considérable. Le Cavalier Bernin exécuta à Rome le monument, sur un dessin qui est le même que celui du Maréchal de Praslin.

 

                       Courtalon-Delaistre (1735-1786, prêtre, historien, curé de Sainte-Savine) ayant attribué au grand artiste la statue de Choiseul rapporte que Bernin énonce sur Saint-Urbain : « qu’il en admira la beauté et dit qu’il n’avait vu que la Sainte-Chapelle de Paris qui en approchât ».

 

                      La statue de Roger de Choiseul, comme celle de son père, fut mutilée par les révolutionnaires. Elles sont conservées sous le cloître du Musée de Troyes.

 


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