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Pargues  : la charte de 1209 et ses conséquences


Pargues
Pargues

A l’origine de l’histoire écrite de Pargues figurent des chartes dont le contenu intéresse le village de Pargues : telles les chartes de 1117, 1137, 1177, 1178, 1202, 1209, 1210, 1222, 1257, 1297.

 

L’une d’elles, celle de mai 1209, donne le nom de 9 habitants dont les noms sont latinisés : Galanz, Guido, Gilbertus, Petrus de Poileset, Constancius, Herbertus, Charmechoz, Gilbertus, Teobaudus, Beroldus.

 

La plus intéressante dans sa réalité et ses conséquences est la charte de mars 1209. C’est une pièce double, en ce sens qu’ayant même texte et même date, émanant l’une de l’Abbé de Montiéramey, transmettant des droits aux Comtes de Champagne moyennant certaines charges, l’autre de la Comtesse de Champagne Blanche de Navarre (régente du comté de Champagne et du royaume de Navarre depuis la mort de son époux Thibaud III, comte de Champagne en 1201, et jusqu’à la majorité de son fils en 1222), portant acceptation desdites charges aux conditions énoncées. Les 2 sont en texte latin de l’époque.

 

En voici la teneur :

 

But : - Pariage ou association des 2 seigneurs permettant de faire dans la « ville de Pargues de nombreuses réformes et d’extraordinaires améliorations ».

 

Moyen : - Pargues est créée « ville franche ».

 

Conditions : - Partage par moitié des redevances en argent et avoine payables chaque année à la Saint Remy, du produit des bois et ventes, minage (droit que les seigneurs levaient sur chaque mine – boisseau - de grain pour le mesurage) et corvées (travail collectif gratuit dû au seigneur), avec égalité de droits dans ces questions.

 

Obligations : - Le Comte de Champagne se charge de la défense et de la protection de la ville et de la grange, de tous les frais d’érection des forteresses et ouvrages à construire, avec l’aide des habitants.

 

Toute cession de ses droits comporte l’annulation des avantages concédés, mais non des charges.

 

Réserves : - Au profit de l’Abbé des droits fonciers de l’église avec les grosses et menues dîmes (ancien impôt sur les récoltes, prélevé par l’Eglise), de tous les fours, de la garenne, de la maison du Prieur avec ses granges et pourpris (enceinte ou enclos), de la grange de Barrisel avec ses dépendances. Les habitants du prieuré relèveront uniquement de l’Abbé. Les dommages causés par leurs bestiaux et volailles seront passibles de restitution et non d’amendes.

 

Modalité : - Tous les habitants de Pargues ou d’autres « villes » qui auront cultivé des terres du finage conduiront toutes les gerbes à la ville et ne les déchargeront qu’en présence des frères servants de Montiéramey qui prélèveront 2 gerbes sur 12, l’une pour l’impôt foncier, l’autre pour la dîme.

 

Chaque partie installera ses officiers (procureurs) qui seront à égalité de droits, livreront les terres, rendront la justice, fixeront les amendes, en percevront le montant, le tout en plein accord.

 

Aucun religieux ne pourra avoir maison, grange, autre demeure dans la ville ni sur le finage que les moines de Montiéramey.

 

Les habitants de Pargues auront droit d’usage dans tous les bois dans lesquels les habitants de Chaource ont les leurs. Un scribe est installé. Un marché aura lieu le jour de la lune et les Comtes donneront tout sauf-conduit voulu, à l’aller et au retour, à ceux qui voudront s’y rendre. Tout étranger pourra devenir habitant de Pargues après un an et un jour de séjour, s’il n’a pas été réclamé durant ce temps, par son seigneur.

 

Conséquences : - La situation n’est pas brillante et l’insécurité règne, due à la situation géographique de la ville et aux temps troublés. On appréciera, en cette occasion, l’esprit réformateur des Comtes de Champagne. Grâce à leur influence, à l’abri des murailles, un minimum de sécurité va exister, grâce à quoi un minimum de progrès sera possible. Le marché va favoriser les échanges et le bien-être. C’est l’époque où les Foires de Champagne sont en voie de devenir célèbre.

 

Par leurs procureurs, les 2 seigneurs vont affirmer davantage leur autorité. Le scribe, ancêtre des notaires va présider aux actes administratifs : les droits seigneuriaux en seront mieux assis et l’ordre dans les transactions va régner. On aperçoit, en puissance, la possibilité d’une organisation communale plus parfaite qui se complètera dans la suite avec ses syndicats, procureurs fiscaux, prévôts. Jusque là, l’autorité des 2 seigneurs va tendre à l’absolutisme, plus tard seulement, l’autorité royale pourra la contrebalancer.

 

Les abbés de Montiéramey, en évinçant tout autre ordre religieux, s’assurent pour eux seuls le bénéfice des dîmes. Ils nommeront les prieurs et percevront d’importants revenus en échange de charges professionnelles minimes.

 

Ainsi, cette charte de 1209 apparait comme étant le monument historique le plus important de l’histoire locale, elle restera le statut de base qui régira les habitants pendant 6 siècles. Il ne faudra pas moins que la Révolution pour consacrer celles de ces modifications qui furent des progrès et pour chambarder le reste.

 

8 siècles après, l’année 2020 laisse encore en suspens « de nombreuses réformes et d’extraordinaires améliorations ». Chaque époque apporte et emporte avec elle, une somme innombrable de progrès acquis et un total innombrable de progrès à faire.


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