Les Evêques  influents



Claude de Beauffremont


Collégiale St Martin de Tours
Collégiale St Martin de Tours

« S’il est triste pour un écrivain d’avoir à raconter des faits tels que ceux de la vie de Caracciole, il est consolant aussi d’avoir à parler de son successeur, pontife attaché d’esprit et de cœur à la religion catholique, rempli de zèle pour détruire l’hérésie et faire revivre la foi languissante et persécutée.

 

Ce prélat n’épargna ni soins ni, travaux pour arrêter les progrès de l’erreur, il lui porta des coups mortels, et après s’être longtemps débattue, elle succomba enfin. La catholicité reprit le dessus, et son éclat répandit une lumière plus éclatante que jamais » écrit en 1783, Courtalon-Delaistres, Curé de Sainte-Savine.

 

         Claude de Beauffremont, d’une des plus illustres familles du royaume, était fils de Claude de Beauffremont, seigneur de Scey-sur-Saône, gouverneur de Franche-Comté, et d’Anne ou Antoinette de Vienne, dame de Listenois et d’Arc en Barrois.

 

         Il fut d’abord trésorier de la collégiale de Saint-Martin de Tours, abbé d’Acey et de Balernes, et ensuite de Longüi, ordre de Citeaux.

 

         Dès que le siège épiscopal de Troyes eut été déclaré vacant par l’apostasie de Caracciole, M. de Beauffremont, préconisé à Rome, envoya ses bulles à Troyes pour les faire notifier au chapitre, par Nicole de Villemaur, licencié ès lois.

 

Quelque temps après, il vint à Troyes et fut sacré dans la cathédrale par l’évêque de Negrepont, assisté des évêques de Langres et de Poitiers, en présence de M. de Barbezieux, lieutenant-général de Champagne et d’un grand nombre de personnes.

 

         Il se fit ensuite introniser suivant les cérémonies ordinaires. Soit politesse, soit humilité, il ne voulait pas souffrir d’être porté par les barons de la crosse. Mais toute l’assemblée l’exhorta à se conformer aux usages. Il y avait alors une difficulté de savoir qui devait fournir la chaire, l’évêque, le chapitre ou l’abbesse. Il fut décidé que c’était le chapitre, et, en attendant, M. Mergey, qui a raconté cette anecdote, dit qu’il emprunta une chaise de malade. L’évêque fut porté par les barons de Poussey et de Méry, et par les députés des barons d’Anglure et de Saint-Just. Tout le peuple témoigna, dans une conjoncture, une satisfaction  infinie de voir qu’après un évêque apostat, celui-ci allait faire reprendre à la religion catholique son ancienne splendeur.

 

Ce pontife avait un air de dignité répandu dans toute sa personne : il estimait les gens de lettres et honorait de sa confiance les personnes vertueuses. Mais sa piété et son zèle le firent distinguer encore davantage.

 

Dès le commencement de son épiscopat, il tint un synode pour connaître ses curés et prendre les moyens de remédier aux maux que son prédécesseur avait causés dans le diocèse. 

 

« Pasteur selon le cœur de Dieu, il cherchait les brebis égarées et faisait tous ses efforts pour les ramener au bercail ». Tantôt il annonçait en public la parole de Dieu et appuyait sur la vérité et la sainteté de la religion catholique, tantôt il visitait ses ouailles en particulier, ou pour les empêcher de tomber dans les pièges de l’hérésie, ou pour les confirmer dans la foi. Une charité apostolique éclairait son esprit, dirigeait son cœur et l’animait dans toutes ses démarches. Mais, les troubles des Huguenots et les guerres civiles et de religion mirent souvent des obstacles à l’ardeur de son zèle. Le mal avait jeté de trop profondes racines, le fanatisme était porté à un tel degré que rien ne pouvait en arrêter les fureurs.

 

         Cependant, M. de Beauffremont tint, en 1580, un synode, où il fit de nouveaux statuts qu’il publia en latin, et un autre le 9 mai 1584. Il en fit l’ouverture par une procession générale, où les châsses des églises de Saint-Pierre, de Saint-Etienne et de Saint-Loup furent portées. Tous les corps de la ville s’y trouvèrent et toutes les boutiques furent fermées jusqu’à midi, ce qui ne s’était pas fait depuis longtemps.

 

         Cependant, les troubles de la ligue continuaient en France. Henri III, qui s’était d’abord déclaré imprudemment le chef de cette fameuse confédération, ne put en arrêter le progrès, et en fut la victime malheureuse. A la mort de ce monarque, le duc de Mayenne, qui prit la qualité de lieutenant-général de l’état et couronne de France, fit publier une déclaration qu’il envoya dans les meilleures villes du royaume, pour faire réitérer le serment de l’union, et obliger les curés d’en adresser les procès-verbaux au conseil de l’union.

 

Tandis qu’Henri IV travaillait à conquérir son royaume, les ligueurs de Troyes ne négligeaient rien pour se fortifier contre les royalistes et pour exécuter les ordres du duc de Mayenne. Le chapitre de la cathédrale, après avoir signé la ligue, somma son évêque, qui était alors absent, de donner également sa signature et de revenir dans sa ville épiscopale. M. de Beauffremont, pontife toujours fidèle à son roi, ne fit ni l’un ni l’autre, et en conséquence le conseil de la ligue fit saisir ses revenus, déclara le siège vacant et demanda au duc un prélat qui entra dans ses vues.

 

Le prince alors nomma à l’évêché de Troyes François Perricard, qui, depuis, se qualifia « nommé évêque de Troyes » dans une quittance qu’il donna le 4 avril 1594, à Edme Berthelin, receveur-général des finances de Champagne pour une somme de 600 écus, suivant  une ordonnance expédiée à son profit par le duc de Mayenne.

 

Pendant cette usurpation de l’autorité épiscopale, le chapitre renouvelait de temps en temps ses serments d’union contre Henri IV, par délibérations capitulaires des 11 avril et 22 juillet 1590. Ce n’était que sermons, messes solennelles et processions générales pour entretenir le peuple dans ses sentiments et l’engager, par ses actes de dévotion, « à ne recevoir un roi hérétique en ce royaume… pour invoquer la grâce de Dieu à ce qu’il lui plût d’afficher Mgr le duc de Mayenne… et avoir victoire contre l’hérétique Biarnois (la ligue méprisante donnait ce nom au grand Henri IV) et ses associés ».

 

Enfin, après avoir rempli les devoirs de son ministère et confirmé la doctrine évangélique par ses exemples et par ses discours, M. de Beauffremont mourut le 24 septembre 1593, âgé de 64 ans, dans la terre se Scey-sur-Saône, après 30 ans d’épiscopat. Son corps ne put être transféré à Troyes, à cause des désordres des guerres civiles.

 


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