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Château de Saint-Mesmin




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Dans la France d’Ancien régime, il y avait dans chaque paroisse un ou plusieurs châteaux. Il ne faut pas se méprendre sur ce terme de château, lié à la qualité seigneuriale, en général noble, de son propriétaire, aux droits féodaux qui y étaient attachés, beaucoup plus qu’au caractère architectural de la construction.

Seuls quelques- uns de ces châteaux étaient de ces nobles bâtisses de pierre, de grandes et majestueuses dimensions, auxquelles l’homme du XX° siècle réserve le terme de château. 

Anciennement Broli ou Brolium (nom courant qui signifie bois = Breuil), le village de Saint-Mesmin doit son nom au diacre Sanctus Memorius qui y est mort martyr (voir ce Saint) en 451.

 

Le premier seigneur connu de Saint-Mesmin est Dudon de Saint-Mesmin, en 1145. Seigneur de Fontaine (aujourd’hui Fontaine-les-Grès), il l’était aussi de Chennegy, qui lui venait de sa mère, de la puissante maison des Fournier.

Ces seigneuries passèrent à ses descendants. Parmi tous les chevaliers de Saint-Mesmin, il y a Henri de Saint-Mesmin, dit encore de Chennegy, qui, en juin et juillet 1218, s’apprêtait à partir pour la croisade. C’était le fils puiné de Dudon et d’Alix de Marcilly : il est resté dans l’Histoire, pour ses aumônes successives à la commanderie du Temple de Payns.

 

 

Les fondations du château ne disparurent qu’au XIX° siècle. De grands fossés l’entouraient, et on y accédait par un pont-levis. Il était construit sur pilotis (pieux), en pierre de taille, mais la façade principale (sculptée) était de bois, comme les étages. Au premier, une galerie extérieure. Le rez-de-chaussée était distribué en une grande salle et une cuisine « pavée de pierres avec fourneau ». On remarquait des cheminées aux armes d’Eustache Luillier et de Marie Cœur, qui durent reconstruire le château dès qu’ils en furent seuls propriétaires, au début du XVI° siècle. Il y avait, fermés de murailles : un potager, une cave et cellier, un fournil, un poulailler, un « toit à porcs », des granges, des écuries, une remise pour le carrosse, des fossés d’eau vive, alimentés par la Seine, un colombier en forme de tour ronde, couvert de tuiles avec lanterne au milieu, et aussi d’autres bâtiments, un jardin avec des carrés de légumes, des arbres fruitiers nains de différentes espèces… La principale dépendance était le moulin sur la Seine.  De dimensions modestes, le château de Saint-Mesmin ne devait manquer ni de caractère, ni d’élégance.

 

 

Le château de Saint-Mesmin n’apparaît vraiment dans l’Histoire qu’en 1361. C’est par un acte exceptionnel, une précieuse lettre des foires de Champagne. Du château de Saint-Mesmin, il est dit que c’est une maison forte entourée de fossés, pourvue d’un colombier et d’une cave.

Le propriétaire suivant fut Gui Le Flamand, un de ces changeurs d’origine étrangère à la Champagne, Juifs, Cahorsins ou Lombards, qui venaient faire fortune aux foires en pratiquant le change des monnaies, change hautement rémunérateur en tous temps et en tous lieux, mais de façon plus particulière aux Foires de Champagne, où, les marchands venus de toutes les contrées de l’Europe  étaient obligés de faire appel aux services des changeurs pour régler en espèces sonnantes et trébuchantes, les marchés fort importants qu’ils concluaient sur la place.

Au XIV° siècle, les Foires de Champagne étaient certes bien déchues, mais il restait encore à Troyes de nombreux changeurs, et Gui Le Flamand réussit à faire fortune. Il devint même un des principaux notables de Troyes. Il était conseiller de ville en 1358 et encore en 1367. Le Flamand (en fait Gui du Poule, dit Le Flamand) n’était à l’origine qu’un surnom. Il demeurait à Troyes, au cœur même du Bourg Neuf, dans la rue de ce nom (aujourd’hui, du Palais de Justice), et était toujours qualifié de « changeur et bourgeois de Troyes », en 1373. Il ne peut être considéré « noble », n’étant pas un « gentilhomme », ne vivant pas du métier des armes. Gui Le Flamand n’ayant pas d’enfants, Saint-Mesmin passa en d’autres mains.

Au début du XV° siècle, Saint-Mesmin appartenait à Pierre de la Garmoise. Son fils François, mourut sans enfants en 1450, et Saint-Mesmin passa à sa sœur Catherine, mariée à Jacquinot Phelippe, bourgeois de Troyes, puis à leur fils Jacques Phelippe. Ce dernier étant mort sans enfant, Saint-Mesmin passa aux Luillier (les enfants de Catherine qui s’était mariée avec Arnaud Luillier trésorier de Carcassonne), jusqu’à la fin du XVII° siècle.

Ce fut l’âge d’or du château. Présidents des Comptes, les Luillier étaient une de ces grandes dynastie de « hauts fonctionnaires », qui ont, dans une large mesure, gouverné le royaume au nom du roi, et « fait la France de l’Ancien régime ». En 1608, une fille, Charlotte, entra religieuse au couvent de Foissy. Les Luillier étaient très attachés à Saint-Mesmin. Plusieurs de leurs cadets, devenus Chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, s’appelaient Luillier Saint-Mesmin, ou plutôt, Saint-Mesmin tout court. L’un d’eux, compagnon du grand maître Valette Parisot, fut un des chevaliers qui, lors du fameux Grand siège de 1565, réussirent, par leur courage, à sauver Malte. Par eux, le nom de la seigneurie champenoise de Saint-Mesmin s’est illustré sous la bannière rouge à la croix blanche de la Religion de Malte et dans la Méditerranée. Les Luillier avaient d’autres possessions en Champagne. Au XVI° siècle, ils possédaient Villebertin (château de Maisons Blanches). Ayant perdu leurs grandes charges, les Luillier du XVII° siècle résidaient à Saint-Mesmin. En 1646, le domaine passe au frère cadet de Charles II, Pierre Luillier, seigneur de Courlange, qui décède en 1649. Son fils Charles III lui succède, mais décède en 1652, sans enfants, et sa sœur Edmée Claude reste seule propriétaire de la seigneurie de Saint-Mesmin.  

 

 

Jusqu’à la Révolution, les propriétaires de Saint-Mesmin représentent assez bien l’évolution de la société : petite noblesse de chevaliers jusqu’au milieu du XIV° siècle, hauts fonctionnaires royaux de XV° au XVII°, noblesse de cour au XVIII°. C’est aussi vrai pour le XIX° siècle, quand Saint-Mesmin appartint à une bourgeoisie nouvelle, issue de la Révolution, d’aubergistes enrichis par le négoce et surtout l’achat de biens nationaux.     

 

 

 

 

 

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