Le département



Le toquat, coiffe de la région troyenne


Le Toquat, Toca, Tocat, Toqua, Tocqua ou Toquet ?

 

         Quelle est l’orthographie usitée ?

 

         L’historien « archéologue de valeur » Théophile Habert écrit en 1845 le « toqua commun » ; pour Louis Ulbach dans son roman « La Fleuriotte » en 1881, c’est le « beau Toquat » (voir ce chapitre), comme Antoine Chalignes, auteur de la véritable histoire de Louise Fleuriot ou « Le beau-toquat », en 1852. Pierre-Agustin-Eusèbe-Girault-De-Saint-Fargeau, célèbre littérateur dit qu’en 1840, à Briel-sur-Barse, on dit « toka » et à Thennelière « tocqua »…

 

         Ce mot, à l’origine signifie simplement « coiffe de femme du peuple ».

 

         Ce n’est qu’après la Révolution Française qu’apparaît le « beau toquat ». Ce superlatif ne convient qu’à une coiffe qui sera nécessairement la coiffe des grandes circonstances, la coiffe de cérémonie, elle s’oppose donc au toquat commun.

 

         La Société des Amis des Musées de Troyes, acheta en 1960 du peintre troyen Henri Valton (1798-1878) un intéressant tableau « Coiffes » de 1837, peint avec une remarquable minutie et un évident souci d’exactitude. Il représente un colporteur, revêtu de la « blaude » (vêtement des paysans et des ouvriers) et vendant des châles à des femmes  de la région troyenne. La scène se passe sur la place d’un petit village dont on voit l’église en arrière-plan. Les femmes sont parées de beaux costumes traditionnels tels qu’on les portait à cette époque, et disposées astucieusement de façon à présenter la haute coiffe de dos, de face et de profil, les fragiles coiffes étant faites de mousseline brodée, de fine dentelle plissée et tuyautée et de larges rubans d’ottoman, de gros-grain ou de velours disposés de manière à former, en arrière, un grand nœud, et, en avant, 2 belles coques épanouies ou diagonales. Ce ruban, d’un ton soutenu, tranchait heureusement sur la blancheur de la dentelle. Le fragile et gracieux échafaudage reposait sur un rouleau de cheveux descendant assez bas sur la nuque et savamment combiné pour lui servir de support.

 

         Au Musée de Vauluisant (Musée Historique de Troyes et de la Champagne), on peut voir non loin du tableau de Valton, un vrai toquat, de modèle identique, le seul qui soit conservé dans le département de l’Aube.

 

         Sur le tableau de Valton, il se trouve un autre toquat, qui coiffe une femme que l’on aperçoit vers la droite, dans la pénombre. Il est composé d’une immense auréole, toute tuyautée qui était portée à Romilly-sur-Seine. Enfin, tout-à-fait à droite du tableau, apparait, sur la tête d’une femme plus âgée, une coiffe qui n’est qu’une sorte de demi-toquat.

 

         La malheureuse Louise Fleuriot, condamnée à mort en 1808 sous l’inculpation d’incendie volontaire, originaire de Lusigny, placée comme servante à la ferme de Courcelles (commune de Clérey) devait porter cette coiffe de son village. Elle dut faire sensation à Clérey et aux alentours, d’où le surnom de « Beau Toquat » donné à la jeune fille, surnom qui lui est resté.

 

         Le toquat était le digne couronnement d’une toilette traditionnelle fort gracieuse et seyante : robe ample, très froncée à la taille et comportant une fente permettant d’accéder à la « pouillère », sorte de poche dissimulée sous la jupe, manches longues et étroites, corsage ajusté, presqu’entièrement recouvert d’un fichu de dentelle blanche, ou encore d’un immense châle de voile de soie brodé de « larmes du diable », tel celui qui, au Musée de Vauluisant, accompagne le toquat. Le tablier qui se posait sur la jupe pouvait être plus ou moins richement décoré. Les pieds étaient chaussés de souliers découverts, sans talons, que Valton a figuré se détachant sur des bas blancs.

 

         Le toquat dit « coquille » se portait tous les jours de la semaine. On le rencontre fréquemment sur les dessins d’Eugène Ciceri (1813-1890), principalement sur les gravures du faubourg Saint-Jacques. Cet endroit s’explique par le fait que cette coiffe était principalement connue à Saint-Parres-aux-Tertres et Montaulin.

 

         Le toquat se trouve en abondance sur les gravures de Troyes. Il est de même conception que celui de Lusigny, mais il est plus ample et surtout plus haut.

 

         Le toquat n'a été porté avec certitude que dans 7 villes ou villages, « il n’aurait jamais été porté ailleurs dans notre département ». Ont été trouvés parmi les plus marquants, des toquats de Clérey, Montaulin, Lusigny-sur-Barse, Saint-Parres-aux-Tertres, Troyes, Verrières et Rouilly-Saint-Loup.

 

         Cette coiffe est devenue le symbole de notre province. Il n’en faut pour preuve que les multiples représentations que l’on rencontre soit dans les manifestations locales (groupe folklorique Jeune Champagne, créé par mon ami et ancien collègue maire-adjoint André Beury), soit sur des marques ou des labels commerciaux.

 

         A juste titre nous pouvons être fiers de cette publicité car le toquat est considéré comme l’une des « belles coiffes de France ».

 

         Le roman de Louis Ulbach et la pièce d’Amédée Aufauvre, ont popularisé l’histoire de Louise Fleuriot, et cette dernière a inspiré une chanson de 5 couplets et 2 refrains, les paroles étant de C. Moriat, et la musique de H. Olivier. Voici le 1er couplet :

 

         « Qu’il sera beau mon toquat dans le temple !

 

            Déjà chacun l’admire et le contemple.

 

            Oh le beau jour ! Je vais me marier,

 

            Pourtant j’ai peur, en moi j’entends crier

 

            La voix qui dit : Oh ma pauvre Louise,

 

            Ton beau toquat n’ira pas à l’église ».

 

         Et le dernier couplet :

 

         « Le Beau Toquat restera dans l’histoire

 

            Un fait acquis qu’on aura peine à croire.

 

            Son souvenir  éveillera toujours

 

            De noirs pensers, dans tous les alentours :

 

            Chacun dira, pensant au sombre drame :

 

            O pauvre enfant ! Paix soit faite à ton âme ».


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