Les Loisirs

La vie à Troyes



Fête musicale à Troyes


 

Au XIX° siècle, les fêtes importantes étaient nombreuses à Troyes.

 

         Vous trouverez ci-dessous, un résumé de la fête musicale des 1er, 2 et 3 juin 1851.

 

         « Dès la veille, le chemin de fer nous amenait les sociétés Belges, les Orphéonistes Lillois, et les sociétés chantantes de Paris qui devaient prendre part au concours de ce festival. Notre ville, d’ordinaire si calme, prenait un aspect joyeux et animé. Les uniformes des musiciens de la Garde Nationale, ceux des Hussards du 8° régiment, donnaient à tous ces groupes qui erraient çà et là, un air de fête et d’originalité.

 

Le dimanche 1er juin devait être consacré au concours entre les diverses sociétés de chant. Les musiques de garde nationale devaient aussi, de leur côté, entrer en lice. A 11h du matin, la vaste place de l’Embarcadère était couverte d’une foule immense. C’était là que devait se former le cortège, avant d’entrer en ville. Quand tout fut prêt, on se mit en marche : les musiques de la Garde Nationale s’avançaient les premières, suivant le numéro d’ordre du concours, désigné par la voix du sort. Les sociétés de chant marchaient aussi par ordre de numéro. Chaque société était précédée de sa bannière. Au centre du cortège étaient placées les autorités musicales, accompagnant le Comité central de l’Association des artistes musiciens, et le Comité de Troyes, qui devaient être les juges du concours. Les Comités étaient immédiatement précédés de la musique du 8° régiment de Hussards, dont on admirait la belle tenue. Le cortège entra en ville par la porte de Paris, et se dirigea vers la place de la Préfecture. Les habitants et les étrangers, accourus de tous côtés, étaient à la fois surpris et charmés de cette espèce de manifestation artistique, calme et solennelle. Arrivé place de la Préfecture, le cortège se sépara en 2. Les sociétés chorales entrent dans la Halle aux Blés, transformée en une vaste et belle salle de concert. Les musiques de Garde nationale se dirigent vers les Charmilles, où doit avoir lieu leur concours.

 

         Le concours pour le chant eut lieu devant un jury présidé par M. le baron Taylor, président du Comité central de l’association des artistes musiciens. La musique du 8° Hussards fait entendre un morceau exécuté avec une rare perfection. Le concours est ouvert.

 

         L’Ecole normale de Troyes entre la première en lice. 24 élèves-maîtres exécutent la « Chasse de Saint-Hubert ». Viennent ensuite 30 élèves du collège de Troyes. Leur morceau de concours est « « Après le Travail, le Plaisir ». Un chœur à 3 voix est exécuté par les élèves des écoles communales de la ville de Troyes. 24 enfants formaient ce groupe.

 

         L’Orphéon de Sens, l’Orphéon de Nemours, l’Orphéon de Troyes, formaient la troisième division. Le jury décerne le 1er prix à la société de l’Orphéon de Troyes. Ce sont ensuite les « Enfants de Paris », l’Orphéon du conservatoire et les Orphéonistes Lillois, qui ravissent juges et auditeurs. La salle entière applaudit avec enthousiasme « Les Vendangeurs » et « Le combat naval », et le jury, à l’unanimité décerne le premier prix aux Orphéonistes Lillois. Le second prix revient aux « Enfants de Paris » et l’Orphéon du conservatoire vient en 3° ligne.

 

         La société belge des « Chanteurs de Gand » était composée de 40 membres. La « Société chorale des Chœurs » fut parfaite et impressionna profondément l’auditoire. L’admiration fut au comble quand on entendit avec une grande perfection, un solo de ténor accompagné par un chœur à bouche fermée. Pendant la durée du concours, l’excellente musique du 8° Hussards avait exécuté plusieurs morceaux qui lui avaient valu de chaleureux applaudissements. A la fin de la séance, le jury, pour donner à ce corps de musique si remarquable un témoignage de haute estime, lui décerne une médaille en or de 1er prix. Les applaudissements de plus en plus vifs ratifient cette décision.

 

Le jury se dirigea ensuite vers Les Charmilles où avait lieu le concours des musiques de garde nationale. Elles formaient 2 divisions : musiques d’infanterie et musiques de fanfares. Le 1er prix fut décerné à la musique de la Garde nationale de Troyes, et le second, pour la musique de la Garde nationale de Bar-sur-Seine. Un 3° prix, non mentionné, fut décerné à la musique de Montereau. La musique de la Garde nationale de Villenauxe, les musiques de Piney, de Pougy, de Vauchassis, se partagèrent des mentions.

 

         Le concours terminé, le cortège de musiques de Garde nationale se forma de nouveau, rentra en ville par la porte Saint-Jacques, et traversa le Quartier-Bas. Tous les habitants de Troyes eurent ainsi leur part musicale de cette première partie de la fête.

 

         Le soir, à 8 heures, la société de l’Orphéon de Troyes se rendit sur la place de l’Embarcadère, et exécuta plusieurs chœurs, alternant avec la musique du 8° Hussards, qui, là encore, nous prodiguait ses trésors d’harmonie. A 9 h, un feu d’artifice fut tiré sur le quai, vis-à-vis de la place de l’Embarcadère. L’artillerie faisait de continuelles décharges de ses pièces pendant le tir du feu d’artifice. Un morceau  d’harmonie militaire termina la soirée.

 

         Le second jour, la fête fut à la fois plus populaire et religieuse. A 11 h du matin, une foule empressée envahit la cathédrale. L’office fut ouvert par un morceau exécuté par la musique du 8° Hussards. Puis, 500 voix nous firent entendre une messe écrite tout spécialement pour les Orphéonistes. A l’Offertoire, le bel orgue de notre cathédrale fut apprécié.

 

         A 2 h de l’après-midi, les principales autorités de la ville et du département étaient réunies avec le jury des concours pour la distribution des prix distribués la veille. La présidence de cette cérémonie avait été déférée, par les autorités de la ville, à M. le baron Taylor, président et fondateur de l’association des Artistes Musiciens de France. Avant de procéder à la distribution des récompenses, M. le baron Taylor prononça une allocution : « … Nous sommes heureux de distribuer ces couronnes dans une ville qui est, à juste titre aussi glorieuse de ses aïeux que fière maintenant de ses enfants, car elle compte avec orgueil le poète Thibaut, comte de Champagne, le peintre Mignard et le sculpteur Girardon. Elle complète aujourd’hui sa gloire dans les lettres et les beaux-arts par la sympathie qu’elle vient d’accorder à la musique. Honneur aux autorités de ce département, qui ont organisé cette fête ! Honneur au peuple qui a su comprendre les autorités, et qui, par l’ordre le plus parfait, la bienveillance et la plus cordiale réception envers les étrangers, a fait de cette solennité, une fête de famille, que Dieu, par l’éclat de son soleil, a voulu bénir ! … de votre ville, célèbre au  moyen-âge, vous avez fait pour nous, une nouvelle Athènes ! ».

 

         A 3 h, le concert spirituel nous ramenait à la cathédrale. L’assistance était encore plus nombreuse que le matin. L’orchestre était adossé au chœur (rempli de membres du clergé), au milieu de la nef principale. Il y eut un magnifique concert d’orgue. Un orchestre conduisait les chœurs. L’auditoire était captivé. Monseigneur Cœur fit les honneurs de sa cathédrale aux étrangers et artistes. En sortant de la cathédrale, la société des chœurs de Gand et les orphéonistes  Lillois allèrent à l’Hôtel de Ville, puis à la Préfecture, pour remercier les autorités de l’accueil qui leur avait été fait.

 

Le soir, les sociétés de chant, les musiques de Garde nationale, la musique du 8° Hussards fraternisèrent sur la place du théâtre, puis une promenade aux flambeaux fut improvisée pour conduire au chemin de fer les sociétés de chant et les musiques de garde nationale qui allaient quitter notre ville.

 

         Quand vint le soir du troisième jour, chacun se dirigea avec empressement vers la Halle aux blés, pour assister au concert qui devait couronner la fête. Il devint bientôt impossible d’y trouver une place. L’exécution fut excellente, artistes et amateurs de Paris, artistes et amateurs de province, ont reçu des applaudissements prolongés. La partie vocale du concert a été applaudie avec enthousiasme. La partie instrumentale solo ne l’a cédé en rien à la partie vocale.

 

         La fête finie, chacun n’avait plus qu’à se féliciter des succès obtenus.

 

         M. le Maire publia le lendemain de la fête une proclamation à ses concitoyens, habitants de Troyes : «… j’ai à vous transmettre les témoignages de gratitude de vos hôtes pour votre cordiale réception. Pendant 3 jours vous avez dignement soutenu la vieille réputation de l’hospitalité troyenneM. le baron Taylor emportera de notre ville des impressions qui ne seront pas sans résultats pour l’avenir… Pas un acte, pas un mot ne sont à retrancher de cette page de notre histoire, soyez-en fiers… nous prouverons que nous pouvons toujours allier l’ordre et la liberté.     

 

                                                        Le Maire de Troyes,

 

                                                          Fernand Lamotte

 

         Troyes, le 4 juin 1851  

 

          En 1907, notre département comptait 56 formations affiliées à la Fédération musicale de l'Aube qui adhérait elle-même à la Fédération musicale de France. Sur ces 56 formations, 10 avaient leur siège à Troyes.        

 

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