La vie à Troyes



Gaz de Troyes


Le gaz naturel est connu depuis l'Antiquité. Ce n’est qu’à partir de 1820 que l'idée d'un éclairage au gaz apparait en France. Le gaz utilisé était obtenu par distillation de la houille et servait à éclairer les rues puis les logements.

 

En 2018, le gaz, l’essence, le gasoil, le fuel voient leurs prix beaucoup augmenter et par conséquence, c’est la grogne des utilisateurs.

 

Il faut savoir que cela existait déjà en 1880, il y a 140 ans !

 

Les recettes annuelles de la compagnie du gaz de Troyes, qui étaient de 80.000 francs en 1860, atteignaient en 1880 près de 400.000 francs, la consommation ayant quintuplé en 20 ans.

 

Cette progression rapide, due à la prospérité industrielle et commerciale de la ville de Troyes, eut été plus rapide encore, si les conventions faites entre la ville et la compagnie eussent été exécutées comme elles devaient l’être : la stricte exécution de  ces conventions eût depuis longtemps amené une diminution notable du prix du gaz, éminemment favorable à l’extension de la consommation.

 

L’industrie moyenne et la petite industrie avaient depuis quelques années à leur disposition des moteurs à gaz perfectionnés, qui laissaient loin derrière eux l’ancien moteur Lenoir. En 1860 la presse avait salué avec enthousiasme l'avènement du moteur d'Étienne Lenoir. De faible encombrement, facile à installer dans les immeubles où le gaz était distribué à tous les étages, il offrait plus de sécurité que la machine à vapeur, et il fut rapidement adopté par des petites industries et favorisa le développement de l'artisanat à domicile.

 

N’y avait-il pas intérêt de premier ordre pour la ville de Troyes, à voir appliquer au gaz un tarif raisonnable qui permette à tous l’emploi des nouveaux moteurs ? Le plus petit atelier pourrait alors être pourvu d’une machine à gaz, la    machine à coudre mise en mouvement par les pieds,  au grand détriment de la santé de l’ouvrière, pourrait partout être conduite au moteur.

 

Pour la mairie, la force motrice à la portée de tous, voilà l’idéal vers lequel le gaz bon marché devait nous acheminer.

 

Le 5 août 1880, l’administration municipale de Troyes demande que la Compagnie du Gaz revoie l’exécution intégrale de son traité, et convoque à une réunion importante le mercredi 11 août à 8 h du soir dans la grande salle de l’Hôtel de Ville.

 

Tous les consommateurs de gaz sont invités à se réunir, en se constituant en syndicat pour la défense de leurs intérêts. Le syndicat aura pour but d’appuyer l’Administration municipale dans ses réclamations. Le syndicat pourra prendre des mesures pour réclamer, dans les conditions les plus économiques, la restitution, des sommes indûment perçues par la Compagnie, et cela, en faveur de ses adhérents seulement !

 

L’invitation à cette réunion se termine par : « Nous pensons que vous apprécierez les avantages de l’œuvre à laquelle nous vous prions de participer, et que vous voudrez bien assister à la réunion générale des consommateurs de gaz ».

 

La force motrice à la portée de tous, voilà l’idéal vers lequel le gaz à bon marché devait s’acheminer. Cette réduction du prix du gaz, la compagnie la devait, et il semblait impossible que les juges compétents ne la contraignent pas à l’exécution de ses engagements.

 

Les initiateurs de cette réunion indiquent les sujets qui seront débattus :

 

Abaissement du prix du gaz par application des articles 12, 14 et 34 du traité,

 

Pouvoir éclairant du chauffage,

 

Contrôle du pouvoir éclairant.

 

La Commission de la Société industrielle pense que la ville de Troyes aurait pu demander la révision des tarifs au bout de 5 ans, à plus forte raison peut-elle la réclamer au  bout de 18 ans. Dans le cas actuel, la Compagnie a joui d’une tranquillité de 18 ans, et elle en a largement profité.

 

         La Commission de la Société industrielle conclut que l’Administration municipale a le droit de demander la révision des 2 tarifs, éclairage municipal et éclairage particulier.

 

En résumé, la Commission de la Société industrielle conclut :

 

-     L’article 34 peut et doit être appliqué sans délai.

 

-   La révision par experts doit s’appliquer aux tarifs de l’éclairage public et particulier.

 

-    Examen fait des différentes conditions appliquées aux villes les plus favorisées, dont la ville de Troyes a le droit de réclamer le traitement, la Commission pense que le prix fixé par les experts, pour l’éclairage particulier, ne dépassera pas 20 centimes le mètre cube.

 

A l’unanimité, la Commission de la Société Industrielle conclut que la ville de Troyes peut réclamer à la Compagnie la fourniture d’un gaz beaucoup plus riche que celui actuellement fourni à la ville de Paris, et que la Compagnie Lyonnaise n’a aucun moyen valable de se soustraire à cette obligation.

 

Contrôle du pouvoir éclairant du gaz : le maire de Troyes, M.  Arthur-Camille Pierret (1875-1881), ayant réclamé une mission à remplir par M. Alphand Ingénieur en chef de la Ville de Paris compétent au plus haut degré, les essais ont démontré les déficits de pouvoir éclairant, de 14 à 26 %. D’après le traité, chaque bec devait débiter 150 litres à l’heure, mais en réalité ne brûlaient que, suivant les lanternes : 48, 60, 66 et 90 litres à l’heure. Ces chiffres parurent accablants pour la Compagnie.

 

La Commission de la Société Industrielle, à l’unanimité conclut que : « L’Administration municipale ayant le droit d’exiger, de la Compagnie du gaz de Troyes, un gaz dont le pouvoir éclairant soit conforme aux stipulations du traité, le matériel du cabinet d’essais, et les essais doivent être organisés en conséquence.

 

Par son tarif exagéré, la Compagnie Lyonnaise prélève indûment chaque année, sur la Ville de Troyes, un véritable impôt qui peut aller de 100 à 150.000 francs et même dépasser cette somme.

 

Pour le développement de l’Industrie Troyenne, la petite industrie surtout, si intéressante à tant de titres, il y aurait là une barrière presque infranchissable, il faut que  cette barrière s’abaisse.

 

La Société Industrielle fait une œuvre honnête et saine en aidant, dans la mesure de ses forces, à ce mouvement d’émancipation d’une population surchargée par un monopole abusif ».

 

La Ville de Troyes obtint satisfaction !

 

Dans ma jeunesse, il y avait un bec de gaz accroché à l’angle de notre maison (Quai des Comtes de Champagne - Rue Hennequin), et je l’ai vu personnellement être allumé et éteint par un employé.

 


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