Les crimes



Martyre du Conseiller général de Romilly


Les évadés
Les évadés

Le 27 mai 1953, a été évoqué devant les Assises de l’Ariège, le martyre de Jacques Grumbach, conseiller général du canton de Romilly, rédacteur au journal « Le Populaire », frère du cinéaste Jean-Pierre Melville (né Jean-Pierre Grumbach, pseudonyme en hommage à l'écrivain américain Herman Melville), et qui fut tué par un passeur, en novembre 1942, alors qu’il tentait de gagner Alger par l’Espagne, pour fuir le nazisme.

 

         Jacques Grumbach était un familier, très estimé de la population romillonne, qui ne connaissait pas très bien à l’époque, les circonstances de la mort du conseiller général.

 

         Désireux de quitter la France avec l’intention de se rendre à Londres via Alger, Jacques Grumbach se rendit à Toulouse où il contacta une organisation clandestine et s’ouvrit de son projet. L’affaire fut conclue.

 

         Avec 5 compagnons inconnus, il allait pouvoir d’abord gagner l’Espagne. Le prix fixé pour chacun d’eux était de 35.000 frs.

 

         Le départ eut lieu à Ussel où le groupe fut pris en charge par 2 passeurs qui connaissaient tous les sentiers de montagne.

 

         Peu entraînés, les fugitifs suivaient péniblement. M. Grumbach, corpulent et cardiaque, vit ses forces diminuer rapidement. Comble de malchance, il se fractura une cheville.

 

         Quand l’un des 2 passeurs déclara : « nous sommes à peine à mi-chemin de la frontière », Jacques Grumbach était déjà à bout de forces. Bientôt, il dut s’arrêter. Impossible d’aller plus loin. Il fut abandonné sur place.

 

         A ce moment, 1 des 2 guides rebroussa chemin, sa mission s’arrêtant à cet endroit.

 

         Le soir venu, le groupe bivouaqua en compagnie du passeur chargé de le conduire au terme du voyage.

 

         Le lendemain matin, avant de reprendre la route, ce dernier s’absenta pour, déclara-t-il, tenter de retrouver M. Grumbach. Il revint 3 heures plus tard, mais seul. « Je n’ai vu personne », dit-il.

 

         A la frontière les hommes se séparèrent.

 

         Plus personne n’entendit parler du passeur ni du conseiller général de Romilly.

 

         En septembre 1950, dans une forêt d’une haute cime ariègeoise, à deux mille six cents mètres d’altitude, les gendarmes retrouvaient des ossements humains sur un rocher du versant ouest du Pic de Bouc.

 

         L’examen de ces restes permit d’établir qu’il s’agissait d’un homme qui avait été assassiné, le crâne étant percé d’une balle à la nuque. D’autre part, une de ses chevilles portait les traces d’une fracture. En outre, le médecin légiste décela la marque d’une opération de la mastoïdite.

 

         Or, Jacques Grumbach avait eu la cheville fracturée au cours du trajet, et, dans sa jeunesse, avait été opéré d’une mastoïdite.

 

         Jean-Pierre Melville, son frère, et Germain Rincent, député de l’Aube et ami de Jacques Grumbach, se rendirent sur place, et crurent, en examinant ces restes, reconnaître la victime.

 

         Une enquête commença et un suspect attira l’attention. D’origine espagnole, cet homme qui s’appelait Cab, avait été l’un des 2 passeurs. Ecroué à Foix pour vol d’animaux et contrebande, il purgeait une peine de prison.

 

         Interrogé, il avoua avoir vu M. Grumbach complètement épuisé, et l’avoir abattu d’une balle dans la tête, prétendant qu’il avait reçu l’ordre de ses chefs de supprimer les trainards qui mettaient en danger la vie des autres fugitifs. C’est pour ne laisser aucune trace qu’il s’était emparé de l’argent, 7.000 frs et des papiers du mort. Il avait, toujours selon ses dires, remis le tout à ses chefs. Sauf toutefois la montre dérobée au poignet de Jacques Grumbach.

 

         A l’audience, Cab a expliqué : « J’ai trouvé M. Grumbach dans la neige, il était couché et ne parlait plus. J’ai essayé de le relever, sans résultat. Alors, j’ai exécuté les ordres, j’ai tiré. Vu son état, il n’y avait pas d’autre solution ».

 

         Lorsque les réfugiés arrivèrent à Andorre, Cab, avant de les quitter, leur assura qu’il avait rencontré un guide, quand il était retourné à la recherche de M. Grumbach, et que celui-ci avait déclaré avoir vu un homme revenant vers Ussel. Cet inconnu ne pouvait être que le conseiller général de Romilly… Ainsi, les fugitifs furent rassurés.

 

         Après un réquisitoire sévère, Maître Marty s’est levé pour défendre Cab. Il a exhorté les jurés à ne pas considérer son client comme un meurtrier, vu les circonstances dans lesquelles il acheva le malheureux. Il a assuré aussi que Cab avait été bien utile à la France et réfuté les arguments selon lesquels le passeur aurait tué par cupidité, 10 ans plus tôt : « M. Grumbach était au bout, à l’extrême limite de ses forces, il n’y avait plus rien à faire. Cab a exécuté les consignes. En agissant ainsi, il a peut-être sauvé les autres ».

 

         Tels furent les derniers mots de Me Marty, qui sut convaincre les jurés, puisque la Cour revint avec un verdict d’acquittement.

 

         La famille, partie civile a été déboutée.     

 


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