La vie à Troyes



Les fossés de la fortification


Troyes, ville fortifiée, est protégée par une ligne continue de fossés  profonds.

 

Le cours d’eau appelé ru des Cailles est ouvert dans les premières années du XII° siècle, pour servir de fossé à la nouvelle enceinte construite pour protéger les faubourgs qui se sont développés autour de la ville gallo-romaine.

 

C’est environ un siècle plus tard que sont creusés, un peu plus à l’est, de nouveaux fossés, représentés par le cours d’eau qui entoure une partie de la ville, entre le déversoir du Gouffre et l’usine de Brûlé. Ils existent en avril 1239, comme le montre le texte d’une charte publiée par l’abbé Lalore, qui les qualifie de « nouveaux fossés », et les divers auteurs les datent soit de l’année 1220, soit de 1229-1230. Ils sont alimentés par le sous-bief du moulin de la Pielle, par une partie de celui du moulin Jaillard (canal de la Rioteuse), et par le vannage du Gouffre.

 

A l’examen d’un ancien plan de Troyes, on remarque que le canal de la Rioteuse et le sous-bief de la Pielle convergent vers le même point des fossés, et que ce point est fort rapproché de l’endroit où la Fontaine de la Vacherie quitte la rue de Gournay, qu’elle longeait jusqu’alors, pour obliquer vers le nord-est, dans la direction de Saint-Jacques.

 

La plus ancienne rivière est désignée par plusieurs noms : en 1289 « la rivière qui vient du moulin du Pré de Saint-Pierre », en 1463 « la rivière qui va à Saint-Jacques », un peu plus tard, et jusqu’au milieu du XVII° siècle, « la rivière de la Grande-Planche, dite aussi Rivière de Gournay ». Elle porte plus tard le nom de « Rioteuse », d’abord réservé au canal qui descend de Jaillard aux fossés et à l’arcade des remparts qui lui sert d’issue, et s’étendait aussi à un pont de bois placé sur le canal de la Grande-Planche, le long des mêmes fossés. Elle prend son origine dans le fossé de la ville, à peu près en face du débouché du canal de la Rioteuse, de là elle rejoint la Fontaine de la Vacherie près du pont de la rue de Gournay, puis, se confondant avec ce cours d’eau, va abreuver les fossés du prieuré Saint-Jacques. Dans la seconde partie de son cours, elle traverse les prés des Ecrevolles, fait mouvoir le moulin de Maître André, et regagne le bras principal de la Seine, entre Pont-Sainte-Marie et Lavau, au-dessus des moulins de Lavau.

 

Pendant la plus grande partie du XIII° siècle, les habitants, s’ils les possèdent, ne sont mis en possession que fort tard des fossés qui entourent leur ville. Le comte Thibault IV leur concède, en 1231, la pêche des fossés, qui lui appartiennent, puisqu’ils sont nommés fossés du comte.

 

En 1238, l’Hôtel-Dieu-le-Comte obtient le désistement de Oudet Melette et de sa femme, de toutes les prétentions à la propriété qu’ils avaient sur la rivière de Seine depuis les moulins de Croncels jusqu’aux fossés du Comte moyennant 40 sous.

 

A la fin du XIII° siècle, l’enceinte de la ville est formée surtout par des fossés et des constructions en bois, palissades ou planches. L’eau court autour de la ville, de la porte de Croncels à la porte de Saint-Jacques et de celle-ci jusque vers la porte de Preize.

 

Dans l’autre direction, la ville a, pour se protéger, une double enceinte de fossés, l’une dite les Fossés, contournant la ville près des habitations, et l’autre nommée les Faux-Fossés. Ces derniers s’étendent jusqu’à la rue des Bas-Clos, comme le prouve une inscription enregistrée à l’Hôtel-de-Ville et trouvée en 1573 sur une pierre où l’on lisait : « Ici sont les faux-fossés de la ville de Troyes ».

 

L’enceinte s’ouvre donc près du canal des Trévois et sur la route de Bourgogne, à la hauteur du gué du faubourg de Croncels. Elle se continue à travers les marais de la Vienne, par les faux-fossés de Saint-Nicolas, puis par ceux des faux-fossés Patris, gagnant la route de Paris ou rue de la Cité de Saint-Martin, en avant de la rue Derne, et descendant jusqu’aux marais de la Prée ou de Preize, où elle se perd.

 

En 1319, Philippe V le Long (1316-1322) donne aux Frères prêcheurs (Jacobins) un fossé placé près de la rivière de Seine, entre leur jardin, celui du seigneur de Jully et les habitations des tanneurs, et jetant ses eaux dans la Vienne.

 

Derrière ces fossés s’élèvent des remparts en terre garnis de palis et de planches, derrière lesquels les Troyens et les défenseurs de la ville se mettent à l’abri contre les projectiles lancés par les assaillants.

 

En 1373, un mandement royal « ordonne au bailli de Troyes de faire contraindre les manants et habitants de la ville et de la prévôté de Troyes, à quatre lieues à la ronde, à venir faire et parfaire les fossés de la ville. Les travailleurs reçoivent le pain de la ville. C’est du " pain fétis ". Cette charge pèse longtemps sur les habitants de la banlieue. Elle est acquittée soit en nature, soit en argent, mais le plus souvent, elle est convertie en taille.

 

En septembre 1402, la cour des Grands Jours se réunit à Troyes, et prend un arrêt : «… dedans les héritages des frères de la Trinité, situé près de la porte de la Comporté, les fossés et faux-fossés devers ladite porte ont été faits et assis… que quand l’on commença à fortifier la ville de Troyes pour cause de guerre, l’on fit faire faux-fossés et dos d’âne derrière la tour, et vers le lieu de Clémence, la bonde qui était d’ancienneté, par laquelle ladite rivière de Seine venait desdits fossés et par eux à la Trinité, fut refaite et quand on y fit murs de cours qu’elle y avait auparavant… ».

 

En 1408, les fossés sont comblés et des jardins les recouvrent

 

L’eau de Seine, depuis l’écluse de Croncels jusqu’à celle de la Fleur-de-Lys, près de la porte de Preize, coule dans cette partie en passant au-dessous du Beffroy. Des écluses, placées en divers endroits, élèvent les eaux en cas de besoin. Ces fossés, d’une profondeur de 20 à 25 mètres, ont une ouverture d’environ 40 mètres.

 

Quelques années plus tard, les faux-fossés (Saint-Nicolas et Patris), jugés inutiles à la défense de la ville, sont mis en location.

 

Vers 1420, la Vienne « se jette, par trois fossés (ou ruisseaux), dans les fossés de la ville, à l’endroit de la Tour Boileau, et les eaux coulent dans la direction de la porte de Croncels et passent ainsi, partie sous l’arche Maury et partie sur le vieux coulis. En raison du niveau à donner à l’eau, la Vienne est ramenée directement sur le canal de Croncels ou des Trévois, et on lui donne cours au moyen d’un conduit souterrain ou mouffle. Puis de là, l’eau se jette dans les fossés de la ville, à peu près en face de la rue des Bons-Enfants »

 

En 1427, on agrandit les fossés de Croncels.

 

En 1511, les fortifications sont augmentées. On donne plus de force aux remparts, on y établit des canonnières, on approfondit les fossés, depuis les arches de la Planche-Clément jusqu’à la porte de Saint-Jacques.

 

Les préoccupations de la politique et de la guerre motivent l’activité déployée aux travaux de fortifications. En 1523, le produit d’un nouvel impôt, levé sur les maisons, est appliqué à ces dépenses et l’on travaille au boulevard, placé entre le coulis de la Planche-Clément et le pont de Rioteuse. On donne plus de profondeur aux fossés depuis la porte de Comporté jusqu’à celle de Saint-Antoine.

 

Sous les mandats des maires Guillaume le Mercier (1542-1543) et Nicolas Riglet (1544-1545), la ville est mise dans un état de défense qui ne s’est encore jamais vu... les fossés sont élargis.       

 

En 1860, après la canalisation des Viennes est créé le Jardin de la Vallée Suisse. Sa conception est pratique, car elle permettait de conserver une portion du fossé des fortifications.

 

Puis, à l’emplacement des anciens remparts et fossés, se trouvent la série des boulevards que bordent 4 beaux squares bien entretenus par le service des espaces verts de la Ville.

 


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