La révolution française



Troubles de la Révolution à Troyes


 

La nouvelle de la prise de la Bastille, connue à Troyes dès le 15 juillet, entraîne des troubles à partir du 18 juillet, (voir chapitre « Début de la Révolution »).

 

            Mais le principal trait de la Révolution dans l’Aube, c’est assurément la Grande Peur, pour des brigands, de la réaction du roi et des nobles face à une situation sociale et économique qu’ils ne maîtrisent pas.

 

            Elle explose le 24 juillet à partir de Maizières-la-Grande-paroisse, et se diffuse dans tout le sud de la Champagne méridionale pour ne s’apaiser, malgré les interventions du pouvoir royal, qu’à la fin du mois d’août.

 

            La Grande Peur disparue, reste néanmoins le problème très aigu des mauvaises récoltes et du manque d’approvisionnement des marchés, qui entraîne la population à se soulever contre la municipalité de Troyes et s’organiser en Garde nationale. Mais cette dernière ne put empêcher la foule en colère de massacrer le maire de Troyes, Claude Huez, le 9 septembre 1789 (voir ce chapitre).

 

            18 juillet 1789 : il y a des incidents sur le marché. Les paysans refusent d’acquitter les droits d’entrée et réclament, comme à Paris, leur suppression. La foule leur donne raison. Beaucoup de personnes se battent pour avoir un peu de nourriture pour leur famille.

 

            Des compagnies de volontaires se forment pour maintenir l’ordre, et prennent le nom de Garde nationale troyenne.

 

            19 juillet 1789 : ce dimanche, une foule ameutée de 8.000 personnes, armées de pierres et de bâtons, assiègent l’Hôtel de Ville, où le blé est entreposé, et l’attaquent avec des pierres et des bâtons. Le maire et les échevins, d’accord avec le commandant consentent à faire distribuer le pain à 2 sous 6 deniers la livre, et libèrent les prisonniers. Un émeutier est banni à perpétuité et un autre emprisonné. Le maire donne l’ordre de fermer les cabarets le soir, car les hommes s’y excitent, et défend les attroupements sur la voie publique.

 

            20 juillet 1789 : Le lundi matin, le tumulte continue, les ouvriers forcent les fabricants à fermer les boutiques et les ateliers. Ce lundi après-midi, une bande recrutée à Pont-Sainte-Marie, armée de fléaux, de pelles, de fourches, conduite par le menuisier Jobert, entre à Troyes et se dirige vers l’Hôtel de Ville. La garde urbaine, formée samedi, rétablit l’ordre, et Jobert est condamné à mort le 23 juillet. Deux autres insurgés sont condamnés à perpétuité et marqués à l’épaule au fer rouge.

 

            Le calme, à peine rétabli en ville, l’agitation gagne la campagne. Des faux bruits furent répandus, on racontait que 500 brigands sortis de Paris dévastaient les campagnes. Dès que cette nouvelle parvint à Romilly, on sonna le tocsin et l’on mit la garde sur pied. Le tocsin, entendu dans les villages voisins, fut répété de clocher en clocher. Il rassembla les habitants de Maizières-la-Grande-Paroisse, d’Origny et des alentours au nombre de 3.000, qui battirent la campagne jusqu’à la lisière des bois.

 

            Mais avant de se reconnaître et de se réunir, les troupes de villageois armés se prenaient mutuellement pour des bandes de brigands et s’effrayaient les unes les autres.

 

            L’alarme renait le 28, sur les confins de la forêt d’Aumont. On prétend qu’un troupeau de vaches, poursuivi dans les bois par des gardes-chasse, en fut la cause. Le vicaire d’Auxon entendit les cris de ces derniers, il courut à Saint-Phal annoncer l’approche des brigands, et revenu dans sa paroisse, il fit sonner le tocsin. La panique gagna toutes les communes, des habitants, saisis de frayeur, jetaient dans les puits leurs habits, leur linge, leurs meubles les plus précieux. Des courriers allaient semant la terreur de village en village. Partout le tocsin sonnait. Dans la journée, un homme d’Aumont arrive à Troyes au galop de son cheval, il annonce que les brigands sont à 2 lieues de distance, et qu’ils ont brûlé le village de Saint-Jean-de-Bonneval. Les habitants des faubourgs Sainte-Savine et Croncels perdent la tête. Ils chargent une partie de leurs meubles sur des voitures, et se précipitent vers Troyes avec leurs enfants et leurs bestiaux. Au bruit de l’approche des brigands, l’abbesse et les 11 religieuses de Notre-Dame-des-Prés s’enfuient de leur cloître jusqu’à Troyes, où elles arrivent « crottées jusqu’aux genoux ». Les habitants de la ville, gagnés par la contagion de la peur, fermèrent les portes, ils ne laissèrent passer que par les guichets. A l’une d’elles, Saint-Georges, commandant militaire pour le roi, informé par un homme arrivant de Saint-Jean-de-Bonneval qu’aucun incendie n’avait eu lieu, essaya de rassurer les habitants des faubourgs. Cependant, un grand nombre d’entre eux persista à vouloir passer la nuit en ville, et ce n’est que le lendemain qu’ils rentrèrent dans leur domicile, ainsi que les religieuses de Notre-Dame-des-Prés. Le commandant ordonna à 12 dragons à cheval de se porter aux lieux où les dangers étaient signalés, des détachements de milice bourgeoise  se mirent aussi en campagne, mais ils revinrent bientôt en chantant et en riant de l’absurdité de la panique. Le bailliage défendit de sonner le tocsin sans cause légitime et pour ordonner « aux habitants des campagnes qui avaient quitté leurs demeures d’y retourner incontinent ».

 

            8 novembre 1789 : La ville étant divisée par l’émotion causée par le procès des assassins du maire Claude Huez, la Municipalité fait proclamer la loi martiale et procéder à la bénédiction du drapeau rouge, au redéploiement des forces de sécurité à l’échelle nationale et à l’exemple troyen du redéploiement police-gendarmerie.

 

            16 novembre 1789 : Necker, ministre de la Maison du Roi, maintien à Troyes 800 hommes, suite à l’assassinat du maire Claude Huez.

 

            A la Révolution, lorsque l’ordre fut donné d’enlever les croix, les cloches, tous les signes extérieurs de religion, la résistance prendra souvent la forme de véritables émeutes : Les femmes d’Herbisse, à coups de pierre et sous la menace de leurs fourches, mettent en fuite les ouvriers venus pour enlever l’une des deux cloches : il fallut envoyer les hussards qui, sabre au clair, protégèrent l’opération ; à Landreville, les femmes ayant envahi l’église pour empêcher l’enlèvement des cloches déjà descendues, l’une d’elles interpelle les hésitantes restées dehors : « Entrez donc ! Où êtes-vous donc avec vos s…. quenouilles ? ». Une autre s’assied sur la plus proche cloche : « Elle a sonné pour ma naissance, elle sonnera pour ma mort. Si on l’enlève, elle passera sur mon corps ».

 


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