La Révolution



Assassinat de Claude Huez


 Le 2 avril 1724, naît à Troyes Claude Huez, fils d'un conseiller au bailliage.

Il devient le 20 juillet 1786 maire de cette ville et lieutenant criminel, par ordonnance de Louis XVI. 

En 1789, le maire Claude Huez, l’intendance, l’église avec monseigneur de Baral, s’efforcent de remédier à toutes les misères, et principalement à la disette.

Le maire conseille de faire du pain avec un mélange froment-riz.

Il établit un “ Bureau de Charité “, et ouvre une souscription parmi les citoyens aisés, ce qui permet de distribuer 1 sol et 6 deniers aux plus déshérités.

L’après midi du mercredi 9 septembre 1789, il y a au Palais de justice une audience du Tribunal de police présidé par le maire, en tant que doyen des conseillers du bailliage, afin de juger François Besançon. Ce commerçant est accusé d’avoir vendu de la farine de riz empoisonnée. Le Tribunal décide de brûler les farines avariées.

 

A la sortie de l’audience, Claude Huez est insulté par une foule considérable, en colère, qui le considère comme complice de l’empoisonneur et clame "A bas le maire, à mort le maire ".

Un homme, vêtu d’une veste grise et portant tablier de peau, le tire par le bas de sa robe, et le renverse dans l’escalier. Sa robe et sa perruque sont arrachées, il est littéralement lynché, à coups de pieds, de poings, de sabots.

Ce ne sont que des cris de haine, des injures, proférés par une meute qui a faim et ne sait plus trop ce qu’elle fait. Il y a là au moins une quarantaine de femmes qui excitent les assassins au lieu de les calmer.

Le maire est tout en sang, et, malgré son long martyre, il a la force de dire, en regardant ses bourreaux : " Pardonnez leur, pardonnez leur ! ".

Des hommes l’attachent à une corde, et le corps est traîné à travers la rue du Bois, la rue du Coq, la rue des Buchettes, la Grande Rue, jusqu’au Pont de la Salle. 

Au passage du cortège, des gens crachent sur Claude Huez, l’invectivent, d’autres se signent et récitent une prière. Il est livré à tous les excès d’une férocité sauvage.

En vain, l’abbé Béguinet, jeune vicaire de Saint-Aventin, s’écrie : " Laissez-moi au moins la satisfaction de sauver son âme ". Le prêtre est frappé et repoussé. 

Il n’est pas encore mort qu’une femme hirsute, avec des cris de folle se jette sur le maire, le frappe d’un panier, lui foule la figure avec ses pieds, et, fait horrible à raconter, lui crève à plusieurs reprises les yeux avec une paire de ciseaux.

Des gosses courent alentour, lui jettent des pierres, certains vont même jusqu’à lui arracher des cheveux, ...

Des chiens errants lèchent le sang des blessures qui tombe sur le sol, ...

Le costume du supplicié part de plus en plus en lambeaux, sa peau s’arrache sur les pavés, le corps devient une grande plaie sanguinolente où s’agglomèrent les crottes de chevaux...

Arrivés au Pont de la Salle, les émeutiers jettent le corps dans le ru Cordé, puis certains proposent avec ironie de reconduire le Maire à la Mairie. Il retirent le cadavre de l’eau et le traînent à nouveau par la rue de la Cité et la rue Moyenne, le souillant dans les ruisseaux des rues de tous les quartiers.

 

Enfin, lassée et semblant satisfaite, la meute composée d’hommes, de femmes et d’enfants, abandonnent Claude Huez vers sept heures, devant la maison commune.

Le corps est transporté au petit cimetière Saint-Jean, tout à côté, par de braves gens, membres du comité, qui se trouvaient sur place.

Il est maintenant dans l'église Saint-Jean, à gauche en entrant.

Ainsi périt victime de passions insensées un homme sage, honnête, dévoué, dont la mort fut regardée, même à l’époque de la Terreur, comme l’un des premiers crimes de la Révolution.

" … Dans le même temps, ses assassins s’en vont piller la maison du Maire et celles des responsables de l’ordre, pendant près de quatre heures. Les portes, les fenêtres, les glaces sont brisées, les tapisseries déchirées, les meubles jetés par les fenêtres, les lits de plumes sont éventrés et les plumes dispersées par le vent font penser à une chute de neige, les balcons sont arrachés ... Une douzaine d’hommes complètement ivres sortent de la maison du notaire. Ils emportent 600 bouteilles de vin ! Des femmes emmènent l’argenterie de Claude Huez dans une nappe.. ".

Le calme ne revient véritablement qu’à deux heures du matin.

Pourquoi ni les Dragons d’Artois, ni la Garde Nationale de la mairie ne sont intervenus l’après-midi, contre ces gens déchaînés ?

Les insurgés, en se séparant crient qu’ils ont encore 27 maisons à piller, à brûler, et 27 têtes à couper !

Le soir même de ce triste jour, plusieurs émeutiers sont abattus pendant le pillage des maisons, plus de 60 arrestations ont lieu et des contrôles instaurés aux portes de Troyes. Malgré tout, la colère n‘est pas apaisée, et certains ayant promis de revenir en annonçant d’autres vengeances, une partie du clergé et de la bourgeoisie quitte la ville pour quelques jours.

Le jeudi 3 décembre, a lieu à la cathédrale un service solennel à la mémoire du malheureux Claude Huez.

Toute la ville est là, les dignitaires, les bourgeois, les militaires, et même quelques uns qui ont contribué à sa mort !

Le 2 mars 1868, le Conseil municipal donne le nom de Claude Huez à la rue derrière la mairie.

 

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