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Abbaye Notre-Dame des Prés  


Abbaye de Clairvaux
Abbaye de Clairvaux

Dernière parente de Clairvaux dont elle adopte la règle et la direction, l’un des rares monastères de femmes de notre diocèse, une petite colonie de pieuses troyennes se retire, entre Sainte-Savine et Saint-André, en juillet 1230, dans la métairie de Chicherey (au bas de l’actuelle rue des Dames), dans une grange que leur a donné Etienne de Cham-Guigon, pour y vivre dans la solitude et s’élever par la méditation et la contemplation, aux plus sublimes régions du mysticisme.

 

         Le chevalier Hugues de Saint-Maurice et Marguerite, son épouse, mus par la générosité de leur cœur, ajoutent à cette donation la cession de quelques terres, les unes propres à être cultivées, les autres à former des pâturages. Robert, alors évêque de Troyes (1223-1233), approuve l’établissement de ces vertueuses personnes qui se sont réfugiées dans ce lieu solitaire.

 

         Leur costume consistait en une robe blanche serrée d’une ceinture de corde, avec un scapulaire (vêtement fait de deux larges bandes d’étoffe couvrant les épaules, le dos et la poitrine) noir.

 

         Elles furent désignées d’abord sous le nom de « filles de Dieu ». L’endroit qu’on leur avait concédé relevait de la justice du chapitre de la cathédrale, et les chanoines s’opposèrent à l’installation des nouvelles religieuses. Mais, grâce à l’intervention de l’évêque en août 1231, ils finirent par accorder leur consentement, à condition que les religieuses n’obtiennent aucun privilège préjudiciable aux droits du chapitre. L’abbé de Saint-Martin et le prieur de Saint-Loup vidimèrent (certifièrent la copie de l’acte conforme) en 1233 la charte où Robert, évêque de Troyes, résume l’arrangement conclu entre le chapitre et les filles de Dieu qui furent incorporées en 1236 à l’Ordre de Citeaux.

 

         La communauté naissante, qui se composait alors de 25 religieuses avec sœur Agnès pour abbesse, fut érigée en abbaye sous le vocable de Notre-Dame des Prés et affiliée au monastère de Clairvaux (voir ce chapitre). Tels furent les commencements de l’abbaye de Notre-Dame des Prés ou du Pré-Notre-Dame, une des plus anciennes abbayes de femmes du diocèse de Troyes.

 

En 1236, les abbés de Clairvaux, de Larrivour et de Boulancourt (voir ces 2 chapitres) déclarèrent accepter que les bernardines de Notre-Dame-des-Prés fussent soumises à la juridiction de l’évêque de Troyes, en tout ce qui ne serait pas contraire à leur institut. En 1245, le pape Innocent IV, en résidence à Lyon, confirme par une bulle les privilèges et les possessions de l’abbaye.

 

En 1250, sous l’abbatiat de Sœur Marie, fut inhumée, dans la chapelle de Notre-Dame-des-Prés, la mère du pape Urbain IV, qui professait une grande estime pour les Cisterciens.

 

En 1264, les religieuses de Notre-Dame-des-Prés, ne trouvant plus leur monastère ni assez spacieux ni assez commode, entreprirent de l’augmenter. Elles implorèrent le secours du pape Urbain IV (1261-1264). Ce pontife s’empressa de venir à leur aide pour l’agrandissement de l’abbaye où reposaient les cendres de sa mère. Il envoya 5.000 florins. Le comte Thibaud V (1256-1270),  (voir ce chapitre), cher au pape troyen, ne pouvait être moins généreux : il lui fit, en avril 1270, diverses largesses et fonda également un anniversaire dont sa mort, quelques mois plus tard (décembre 1270), devait le faire bénéficier.

 

En 1273, Henri III (voir ce chapitre), comte de Champagne (1271-1274), touché de la piété et du dévouement des religieuses, leur accorda une rente annuelle de 12 livres, c’était sous l’abbatiat de sœur Pétronille.           De 1279 à 1570, les abbesses qui se succédèrent à Notre-Dame-des-Prés : Isabelle II en 1282, Eméline en 1300, Guillelme en 1364, Melinotte de Villacerf en 1430, Anne de Gambeloin en 1450, Christine en 1470, Sara de Lons en 1485, Christine de la Rue en 1518, Catherine Pitois en 1522, Barbe de Launois en 1548, Gilette de la Chaussée en 1556, n’ont guère laissé pour trace de leur administration, que des dossiers de procédure et des reconnaissances d’hypothèques relatifs à des redevances de l’abbaye envers le chapitre de Saint-Pierre. Mais les abbesses prêchaient plus par leurs exemples que par leurs discours. La plupart des religieuses, pauvres, humbles, chastes, savaient encore vivre durement et de peu. Heureusement pour elles, car un incendie qui détruisit presque entièrement l’abbaye, vers 1569, les réduisit à s’imposer des privations de toutes sortes.

 

L’abbesse Marie de la Chaussée, élue en 1598, s’efforça, autant il était en elle, de relever Notre-Dame-des-Prés de ses ruines, par la ferveur de son zèle, par une activité prodigieuse et par un dévouement sans bornes aux intérêts de son monastère. Elle fit creuser les fossés qu’alimente une dérivation de la vieille Vienne, en outre, elle ferma l’enceinte de murailles.

 

En 1655, quelques sœurs indisciplinées méconnurent l’autorité de l’abbesse. L’affaire parut si grave, qu’il fut décidé qu’on en référerait à la maison-mère. Pierre Henri, abbé de Clairvaux, se rendit tout de suite à Notre-Dame-des-Prés. « L’intervention du saint abbé changea le cœur des rebelles ».

 

Mais bientôt, Notre-Dame-des-Prés ne fut plus guère qu’une de ces pensions féminines où les scènes peu bruyantes d’une vie d’aisance et de quiétude se succédaient assez doucement. La difficulté des communications en hiver faisait seule de Notre-Dame-des-Prés un véritable ermitage. Pendant la belle saison, le monastère offrait des délices intimes qui, dans un cercle restreint, lui valaient un certain genre de renommée. Quelques pèlerins d’élite, quelques familles privilégiées, venaient y savourer les douceurs d’une hospitalité gracieuse, et surtout d’une exquise cuisine.

 

Les abbesses Marie de Chastellet en 1638, Anne Chrysante de Gondrin, fille d’Antoine Arnould de Pardaillan, marquis de Montespan, morte en 1687, Anne-Louise Martin de Laubardemont en 1697, Marie-Thérèse Arnoul en 1700, Marie-Jeanne de Courceulles du Rouvray, coadjutrice en 1722, Marie-Arnoul de Rochegude en 1761, Angélique-Victoire Saulger en 1778, Augustine de Rouhaut, sœur de Philippe de Rouhaut, abbé de Saint-Loup en 1789, prirent elles-mêmes une part active à ces relations quelque peu mondaines.

 

         Mais l’abbaye allait disparaitre. Il ne restait plus que 11 religieuses à la Révolution.

 

L’abbaye fut vendue à Pierre Bréon en 1791 pour 32.200 livres.

 

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