Archéologie



La " Butte " d'Isle-Aumont


            Vous ne trouverez ci-dessous, qu’un tout petit résumé du travail immense, de celui qui pendant 55 ans, a fait connaître au monde entier « Isle-Aumont ».

 

                       Je dédie ce chapitre au petit groupe de passionnés qui ont suivi tous les travaux de leur ami Jean Scapula (voir ce chapitre), et pendant tant d’années ont entretenu sa mémoire en faisant visiter l’église, puisque la mairie ne s’en préoccupait pas. Un grand merci à la dévouée Mme Marie-Claire Gichard et à ses amis.

 

                       M. Jean Scapula, en 1943, abandonne les fouilles productrices et révélatrices de Clérey et Gyé-sur-Seine, et prospecte à Isle-Aumont, berceau de sa famille maternelle où, en 1937, il avait, en se référant à la découverte faite en 1847 d’un cimetière des premiers âges, commencé des recherches dans une carrière du hameau de Roche, et extrait des ustensiles domestiques de la fin de la période néolithique (époque de la  nouvelle-pierre polie, période la plus récente de la Préhistoire) et du début de l’âge du bronze (première période de la Protohistoire, appelée aussi âge des Métaux).

 

                       Il en déduisit que l’espace compris entre l’Hozain et la Mogne, formant butte, devait être lui aussi, à cette époque primitive, un lieu habité.

 

                       Il savait, par les livres, qu’un château-fort de l’époque féodale y avait existé, qu’un prieuré y avait été construit sur l’emplacement d’une abbaye du VI° siècle. Il en acquit la preuve par la découverte des caves, la trace de fondations, et la récupération d’objets variés et de vases.

 

                       La butte, haute d’une dizaine de mètres, large de 100 à 120 mètres, vers le VI° siècle, s’appelait « Insula oppidum » et devait être un refuge déjà ancien.

 

                       Jean Scapula s’y livra à des sondages méthodiques. Il tira sarcophages, pots, vases, ustensiles, armes, bijoux, bouts de poteaux, cendres… datant d’au moins 3.000 ans, et que l’on retrouve au Musée de Troyes.

 

                       La stratigraphie lui fit découvrir plusieurs niveaux archéologiques des temps préhistoriques, d’époque gallo-romaine et du moyen-âge. Il a identifié des huttes rondes de la période hallstatienne (entre 1200 et 500 avant J-C.) de l’an 700, grâce aux vases en terre cuite et en bronze, aux pointes de flèches, aux fibules, aux anneaux, aux rouelles (rondelles de fer ou d'acier qu'on ajoutait à certaines armures, pour couvrir les articulations de l'épaule, du coude et du genou), aux monnaies en potin au sanglier ou au taureau (monnaies gauloises).

 

                       Les Romains, saisis par la majesté du lieu, y ont établi un luxueux monument, sans doute un Temple en l’honneur de Mercure (dieu du commerce dans la mythologie romaine), dont on retrouve des fragments de plaques de marbre aux couleurs variées, des cubes de mosaïque, des tuiles rondes à rebord…

 

                       Le cataclysme des invasions a fait pour un temps le désert sur la butte : le christianisme s’y est implanté au VI° siècle et un moine y a fondé en 375, le plus ancien monastère de la Gaule.

 

                       Autour se sont groupées des maisons rudimentaires, à demi-souterraines, une chapelle a fait place au temple et les hommes ont ouvert un cimetière pour leurs morts. M. Scapula a relevé plus de 600 sépultures, dont les plus anciennes sont du V° siècle.

 

                       Les morts étaient inhumés dans des cercueils en bois sans clous ou dans des sarcophages faits de matériaux provenant des ruines gallo-romaines. Ceux du VI° au VIII° sont plus beaux et très variés. Une belle collection, est alignée dans l’église. Ils renfermaient, à côté des squelettes, des parures de vêtements, des bijoux, des ustensiles de toilette, des couteaux, des poignards, tous remarquables par leur qualité et leur ornementation.

 

                       Au X° siècle, les Normands ravagèrent le monastère, et les habitants abandonnèrent les lieux, tout en continuant à y enterrer leurs défunts, sans ordre, en pleine terre, ou dans des cercueils de planches.

 

                       La vie y repris sous la féodalité. Le comte de Champagne Hugues 1er (voir ce chapitre) établit sur la butte une maison-forte avec une tour de guet et y fonda un prieuré.

 

                       Les serfs y accolèrent leurs cabanes où, dans les caves, M. Scapula trouva épars des ustensiles de ménage : lampes à graisse en terre cuite, outils de tisserand en cornes de cerf, clefs, haches…

 

                       Au XII° siècle, un puissant château féodal avec donjon et chapelle, remplaça la maison-forte. On accédait aux caves et souterrains par un escalier de pierre du temps de Saint Louis (1214-1270).

 

                       M. Scapula a reconstitué l’emplacement du donjon et de ses contreforts, les bâtiments principaux et annexes, le prieuré, le logement du prieur et des clercs, la prison, le cellier, la salle capitulaire, le cloître, le puits, le cimetière et trouvé de beaux robinets, des bronzes et des vases funéraires en terre cuite, contenant encore charbons et cendres, exhumés de la tombe d’un moine.

 

                       De cet ensemble, militaire et religieux, il ne restait plus au XVI° siècle que « mothe (place forte) et pourprins (enceinte) » et le puits des moines.

 

                       Grâce au témoignage de Jean Scapula sur cette butte, on peut fixer, ce qui est très rare, les 5 périodes successives de l’existence humaine à Isle-Aumont.

 


 

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