Religieux et saints de l'Aube



Saint Parre


St Parre tenant sa tête (Eglise de St Parres les Vaudes)
St Parre

Saint Parre, le plus ancien et le plus attesté des saints et des martyrs du diocèse, mourut décapité pour n’avoir pas voulu renoncer à sa foi chrétienne.

 

On trouve sa trace dès 592 (martyrologe hiéronymien) : " Le martyr Patrocle de Troyes montre bien souvent qu'il était l'ami de Dieu, par une foule de miracles ".

 

Le premier historien qui ait parlé de saint Parre est Grégoire de Tours. Il nous raconte une anecdote savoureuse : "Près de Troyes, sur la tombe du martyr Patrocle, s’élevait un petit oratoire qui était desservi par un clerc. Or les gens du pays montraient peu de dévotion à l’égard du saint, parce que l’on ne connaissait pas l’histoire de sa passion. Un jour, un voyageur apporte le récit de la mort du martyr. Tout heureux, le clerc passe toute sa nuit à le recopier et le remet à son évêque. Mais celui-ci, flairant une supercherie, accuse son subordonné de l’avoir inventé et le fait fouetter ! Longtemps après, des soldats qui reviennent d’Italie, rapportent une histoire de Patrocle toute semblable à la première. L’évêque, dès lors, se laisse convaincre. On fait connaître cette histoire et le peuple manifeste désormais plus de dévotion, tant et si bien qu’il faut construire une basilique et que l’on célébra chaque année avec éclat, la fête du saint ".  

Nous savons donc qu’au VI° siècle, un culte est rendu à saint Parre, qu’une basilique (modeste sans doute), a été élevée en son honneur, qu’une histoire de son martyr existe déjà. L’existence d’un oratoire desservi par un clerc, d’un culte, même peu fervent, dénotent la survivance d’une tradition plus ancienne. Un texte du VIII° siècle indique : " il y avait dans la ville de Troyes un homme de grande noblesse du nom de Parre. Il avait sa demeure à environ 200 pas de la ville, que ses parents lui avaient laissée avec d’autres constructions. Il y vivait en servant le Dieu du ciel jour et nuit, et il aimait la loi catholique. Bien formé dans les lettres, prudent, priant à genoux des heures entières, si bien que chaque jour il ne se nourrissait qu’à la douzième heure. Il rendait ses devoirs au Seigneur avant le repas, par maintes oraisons et demandes. Tout ce qu’il tenait de la fortune de ses parents, il le donnait aux veuves et aux orphelins, car il aimait le Christ de tout son cœur. Et tous les chrétiens l’estimaient comme un distributeur des biens célestes. Le saint homme Parre demeurait dans la crainte de Dieu et la prière, chassait les démons, et le Seigneur manifestait par lui de nombreux prodiges, et tous le vénéraient comme un juste et digne ministre de Dieu à cause de son attitude religieuse, et de la beauté de son visage et de son aspect ".

 

L’empereur Aurélien, qui a décrété une persécution contre les chrétiens, passe à Troyes et le fait amener en sa présence. Il l’interroge sur sa religion et l’invite à sacrifier aux idoles. Parre refuse et affirme sa croyance au Dieu du ciel. Aurélien, furieux, le fait jeter en prison, lourdement enchaîné, pendant 3 jours. Traduit une seconde fois devant lui (ce serait le 21 janvier 275), il est sommé de sacrifier aux dieux païens : " rachète-toi ", lui lance Aurélien. Parre répond : " Le Seigneur rachètera la vie de ses serviteurs, il n’abandonnera pas ceux qui espèrent en lui. Oui, tu as le pouvoir de torturer mon corps, mais tu ne pourras faire aucun mal à mon âme, car tu n’en as pas le pouvoir, elle est en celui de Dieu seul qui l’a mise dans mon corps ".

Saint Parre est condamné à être décapité :" emmenez-le dans un lieu humide, là décapitez-le, pour que son corps ne repose pas dans la terre ferme ". Parre est emmené par les bourreaux sur les rives de la Seine. Alors, il prie Jésus pour que son corps ne repose pas dans cette terre humide. Les soldats le conduisent au bord de la Seine. Mais il ne veut pas que son corps disparaisse dans la boue des marais. A sa prière, Dieu le délivre de ses bourreaux et lui fait traverser le fleuve à pied sec. Grâce à une païenne qui le dénonce, les soldats le retrouvent en prière sur le Mont de Idoles : " l’un d’eux plus sanguinaire que les autres, lui trancha le chef de son coutelas, que soudain le martyr recueillit de ses mains et le porta jusqu’au tertre le plus haut de la montagne et s’abaissant à terre, rendit son âme à Dieu…".

Deux vieux mendiants, qui bénéficiaient des aumônes du saint homme pendant sa vie le recueillent et le gardent toute la nuit. L’archiprêtre Eusèbe prévenu célèbre les funérailles avec son diacre et enterre le martyr. La persécution passée, il fait élever sur son tombeau une petite chapelle et se fait lui-même enterrer auprès, selon la coutume dans l’Eglise de ce temps, où les chrétiens veulent être enterrés à côté de ceux qui les introduiraient en paradis.

Dans la France entière, seulement 2 communes portent le nom de notre saint : Saint-Parres-aux-Tertres et Saint-Parres-les-Vaudes.

En plus, il est le patron des églises de Fralignes, Onjon et Praslin. Sur le territoire de la Saulsotte existe encore une chapelle Saint Parre. Les paroisses de Lusigny et de Saint-Mards-en-Othe possèdent de ses reliques. Une statue en pierre du début du XVI° siècle, de l’Ecole Troyenne de sculpture avec quelques traces de polychromie, classée Monument historique, représente saint Parre debout, décapité. La tête du martyr repose sur le plat d’un livre qu’il tient de sa main gauche sur sa poitrine. L’église possède aussi une châsse du XVI° s., de bois sculpté, à la forme d’une petite église gothique, et un reliquaire en bois peint, du XVI° s. A Saint-Parres-les-Vaudes, un panneau de la chaire montre le saint tenant sa tête d’une main. A Fralignes, un vitrail du XIX° s. représente saint Parre revêtu d’une bure de moine.

 

       En 949, Robert de Vermandois, apprend que notre évêque Ansegise a usurpé les droits régaliens dans le comté de Troyes.

Il se présente devant la ville avec une armée pour la lui ravir. Le siège dure peu. Ansegise est obligé d’abandonner sa ville épiscopale. Il se retire en Saxe où il obtient des secours de l’empereur Othon. En 960, Othon envoie à Troyes son frère l’archevêque Brunon, pour demander au comte Robert le rétablissement d’Anségise sur son siège épiscopal, ce qui lui est accordé. Pour ses services, l’archevêque ne réclame que le corps de saint Parre : " l’évêque, qui était en grande dette, finit par céder à la demande pour ne pas paraître ingrat, d’autant plus que le demandeur attaché à ce seul présent, refusait tous les autres ". Les reliques furent emportées à Cologne, mais l’archevêque en fit don à la ville de Soest, dans une région récemment évangélisée et encore peu chrétienne. Cette ville ayant été délivrée en 1447 d’un siège par l’intervention de saint Parre, il en fut reconnu pour le patron particulier. Elles y furent l’objet d’un culte fervent.

          Depuis, des liens étroits se sont noués entre cette ville et Saint-Parre-aux-Tertres, qui se sont jumelées. 

 


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